Seul le Ghana peut se vanter d’un palmarès aussi riche. Mais ce voisin plutôt discret
de la Côte d’Ivoire est trop introverti pour prendre ombrage de la place stratégique
de Ouattara qui a deux leviers pour être accepté par ses pairs. Le premier est
réel : l’âge du président ivoirien dans une culture où le sceptre dépend du nombre
d’hivernages vécus. Le second c’est le statut de locomotive d’un pays qui représente
à lui seul près de la moitié des richesses de l’Uemoa.
Ce statut a été entamé par le long conflit qui déchira la Côte d’Ivoire pendant dix
ans. Mais il peut revenir. C’est, en tout cas, le souhait de ses partenaires comme de
ses voisins. Et ce doit aussi être un objectif stratégique du successeur de Laurent
Gbagbo dont la Côte d’Ivoire en crise a appris, à ses dépens, qu’elle est importante
mais plus indispensable aux pays dont on disait, il y a un peu plus d’une décennie,
qu’ils seraient asphyxiés sans Abidjan.
La troisième dimension de Ouattara est normalement ce qu’attend de lui une
jeunesse africaine fatiguée des contre performances et du surplace. Les
circonstances de son arrivée au pouvoir ainsi que les valeurs qui lui sont prêtées
sont les vecteurs de cette espérance.
Celle du nouveau leadership africain sincèrement acquis à la démocratie, aux
droits de l’homme, à la juste redistribution de ressources gérées avec efficience.
Cet Ado là sera forcément au dessus de la mêlée, loin des règlements de compte,
entièrement dévoué à la Côte d’Ivoire, toute la Côte d’Ivoire et conscient que toute la
sous-région le regarde gagner contre les cassandres ou sombrer comme bien de ses
pairs.
Adam Thiam
Le Républicain Mali 26/01/2012