Lors de l’émission « Malikura Taasira » (redevabilité du Mali nouveau) de l’ORTM, l’argentier du gouvernement est resté plutôt évasif, manquant de confiance dans ses réponses avec des papiers en mains, pour lire des réponses préparées…
A la question relative au contexte dans lequel le département de l’Economie et des Finances baigne et la santé économico-financière du pays, le ministre parle de difficultés réelles. «…La crise sociale a également perturbé fortement l’activité économique, donc les recettes et la croissance sans compter son impact sur le cadre de vie, le climat social, la résilience et la sérénité des populations. Quand nous avons pris nos marques, il y avait beaucoup de syndicats qui avaient des doléances certes justifiées, mais le contexte était tel qu’on a eu plus de 102 préavis de grève et il fallait vraiment gérer toutes ces questions. Les grèves jouent sur l’appareil de production », a indiqué le ministre Alousseini Sanou.
A propos des mesures phares prises pour faire face à la situation, el patron de l’Hôtel des finances fait une lecture plate, sans convaincre. Le secteur des transports, des hydrocarbures, des huileries, des savonneries, l’élevage, dira-t-il, bénéficient de l’appui financier de l’Etat. « Le gouvernement a été obligé de donner un prix aux producteurs jamais égalé, un prix de 280 F le kg, qui a été porté à 285 F lors de la journée de l’agriculture et enfin le gouvernement a également maintenu la subvention des intrants agricoles… On a été obligé de maintenir les subventions, qui ont coûté 16 milliards de francs CFA. Dans le cadre de la gestion des entreprises publiques et afin de minimiser tout risque budgétaire, le ministère de l’Economie et des finances a entrepris la restructuration de certaines entreprises. La COMATEX, nous avons présenté en conseil de ministre un dossier de relance de la COMATEX, qui devait se mettre en marche depuis quelques instants, l’Etat a décidé de payer 600 millions d’avance sur les reliquats de la dette sociale d’entreprise. Cela a connu quelques difficultés parce que les fonds mis à la disposition des travailleurs, avaient été saisis par des huissiers et le dossier est entrain d’être géré. Je pense que la relance de la COMATEX est une question de mois. … », a-t-il expliqué Non, sans oublier d’évoquer d’autres entreprises, comme EDM-SA et ses difficultés… « C’est un plan ambitieux qui concerne des investissements importants de l’ordre de 2 252 milliards de F CFA, parce qu’aujourd’hui, il faut arriver à faire changer la nature de la production d’énergie en intégrant le mix énergétique, c’est-à-dire utiliser plus le photovoltaïque et l’hydraulique à la place du thermique. Il faut rappeler que dans ces cas, on a veillé à ce qu’il y ait un contrat de performance entre les directions générales des ces sociétés et l’Etat…. », a-t-il détaillé sans convaincre aucun de ses deux confrères interlocuteurs.
A propos du développement rural et de la question des intrants agricoles, le ministre dira qu’il n y a pas d’inquiétude. « Il y a deux filières, d’abord la filière coton, qui produit plus de 700 mille tonnes et qui produit à peu près une grande quantité de 2 millions 100 mille tonnes de céréales. L’année passée, les intrants ont été livrés à temps. Le fait que la production de coton a pris plus de surface, cela a amené une réduction de la production céréalière de 300 mille tonnes au niveau de la zone cotonnière. Au niveau de la zone céréalière, les zones maïscoles, rizicoles comme l’Office du Niger et autres, nous avons eu une perte de production d’environ 1 million 700 mille. Ce qui est essentiellement dû à plusieurs facteurs. … »
A la question de savoir comment l’Etat malien parvient à faire face à toutes ces dépenses de l’Etat dans un contexte de crise, l’argentier du gouvernement manque là aussi de précision. « Il faut savoir qu’une économie, c’est le flux continue. Et quand il y a un flux continue, l’économie ne s’arrête pas et l’Etat récupère ses recettes fiscales, douanières et ça lui permet de faire tourner la machine économique. Quand nous venions aux affaires, nous étions à des recettes d’environ 48 milliards par mois. Au 31 décembre (2021 NDLR), nous avons atteint 60 milliards par mois. Des recettes fiscales, c’est la même chose. Mais c’est pour vous dire qu’on a essayé essentiellement d’optimiser toutes les poches de recettes. On a essayé de reformer et c’est là où dans les actions que le gouvernement a menées, il y a eu beaucoup de reforme. On a essayé d’informatiser », a-t-il révélé.
Quid de la dette intérieure et de la dette intérieure ? Le ministre Alhousseni Sanou verse alors dans des explications techniques avant quelques chiffres, non sans auto satisfecit. « …. En 2022, le Mali était en récession de moins 1,2 et en 2021, on fait une croissance de 3,1, malgré une diminution du déficit budgétaire. Ce qui est vraiment un progrès incroyable. Cela veut dire que vous devez dépenser à peu près 25% de votre budget dans la défense, augmenter les salaires de 204 milliards, faire des subventions sur les prix des denrées de premières nécessité. Dans le même temps, l’insécurité fait que vous ne maitrisez pas les 2/3 des frontières…. Pour l’instant, on était à peu près à 350 milliards de dette intérieure payée sur les prestataires en 2020. Nous sommes sortis à peu près à 278 milliards en 2021 et aujourd’hui, nous sommes à 290 milliards sur la dette intérieure fournisseur, le 30 avril. C’est pour vous dire qu’on a réduit fortement, parce qu’on a fait beaucoup de dépenses qu’on a pu payer aussi. Donc, il y a une maitrise parfaite de la dépense, des dettes intérieures prestataires. Maintenant, la dette intérieure sur les titres d’Etat, nous avons quelques difficultés qui ne sont pas liées à un manque de ressource. L’Etat dispose de ressources suffisantes pour payer, mais malheureusement, l’une des conséquences des sanctions est que nous ne disposons pas des soldes de notre compte à la Banque centrale, compte sur le quel normalement le payement doit se faire. Ce qui fait que nous avons des arriérés de payement sur la dette intérieure marché. La même chose, mêmes les banques maliennes, qui avaient souscrit à des émissions de titre d’autres pays comme Sénégal, la Côte d’Ivoire, ces Etats et cette banque ont remboursé, mais les fonds restent à la Banque centrale, qui n’a pas livré aux banques. C’est pour dire que, ce n’est pas l’Etat du Mali, mais un état de fait »., a-t-il expliqué. Avant de se féliciter de la situation des fonctionnaires. « Nous avons vu comment les fonctionnaires ont été avec nous en suspendant tous les mouvements de grève. Je les rassure que les salaires seront toujours payés et l’Etat a les moyens, des ressources suffisantes, des ressorts solides et suffisants pour continuer de payer les fonctionnaires ».
Pour la réduction du train de vie de l’Etat, le ministère Sanou annonce que l’Etat a réalisé des économie de 101 milliards de F CFA en 2021 et ces ressources supplémentaires ont été affectées aux secteurs importants.
Il n’a pas manqué de rassurer par rapport à l’approvisionnement du paysen produits de grande consommation, non sans redouter les difficultés par rapport aux hydrocarbures. « Les carburants aussi se font rares avec la crise ukrainienne parce que la mer qui est entre ses deux pays est la mer de passage des produits notamment le blé. Mais nous, nous avons pris des dispositions comme on est sous embargo ».
Des assurances aux populations ? Le ministre détenteur de la bourse du pays estime le Mali est un pays, qui est extrêmement riche et qu’il y a pas de crainte, si l’on développe les projets porteurs en chantiers comme le barrage de Taoussa. « Nous sommes entrain de travailler sur le barrage de Taoussa, qui va irriguer 2 millions d’hectares et l’Office en irrigue que 1 million. Il va produire de l’électricité de plus de 5 fois la capacité de Manantali et de Sélingué réunis. C’est pour vous dire que ce pays a un potentiel immense et nous sommes engagés à tout mettre en œuvre pour que ce potentiel puisse être utilisé au bénéfice de la population malienne »…
Abréhima GNISSAMA