Et si on parlait de la Compagnie Malienne de Textile (COMATEX, première usine textile du Mali inaugurée en 1968) qui était la fierté des Maliens et qui employait près de 1 300 personnes ? C’est ce que fait le ministre Harouna Niang dans cette tribune.
«J’ai déjà communiqué sur la Comatex.
J’échange régulièrement avec le syndicat de la société.
Je me suis même rendu à Ségou pour visiter l’entreprise et tenir une rencontre avec les travailleurs en présence des autorités locales.
J’ai donné une interview à la presse après la rencontre avec les travailleurs.
Il faut dire que je n’ai pas eu de chance en venant en ce moment précis au département. J’ai hérité de certaines sociétés en difficultés graves depuis des années.
Ces sociétés dont surtout la COMATEX sont en cessation de paiement.
La COMATEX n’arrive pas à payer les banques et ses fournisseurs.
Elle ne peut donc bénéficier d’aucune facilité pour pouvoir relancer ses activités.
Dans une situation pareille les actionnaires doivent recapitaliser la société pour rétablir les équilibres financiers et ramener la confiance des partenaires de leurs partenaires.
J’ai ainsi donc contacté l’actionnaire majoritaire qui est la société Chinoise COVEC (80% du capital social) qui a répondu qu’ils ne veulent plus continuer à investir dans la COMATEX car ils ne sont pas une entreprise textile mais une entreprise du bâtiment.
La nouvelle stratégie de leur société mère en Chine, c’est de se retirer de toutes les activités qui ne sont pas rentable et qui ne sont pas du ressort de leurs activités principales le BTP.
Ils n’étaient là dans le passé que pour des raisons politiques qui ne semblent plus valables maintenant.
Leur diagnostic est qu’il faut liquider l’actuelle société COMATEX dont les équipements sont obsolètes et construire une nouvelle usine plus moderne et plus compétitive.
Ils demandent que cette solution soit mise en œuvre avec de nouveaux partenaires stratégiques qui sont du métier.
Ils affirment avoir fait cette suggestion à la partie malienne depuis 2016 et n’avoir reçu aucune réponse positive.
Face à cette situation le département a préparé les termes de référence pour une étude diagnostic et de propositions d’options de relance en tenant compte de la compétition sur le marché national et régional.
Nous avons obtenu le financement de cette étude.
Parallèlement nous avons engagé des actions en accord avec les travailleurs pour mettre la société en redressement judiciaire.
Nous sommes également entrain de travailler avec le ministère des Finances pour éventuellement la mise en place d’un plan social pour les travailleurs afin d’anticiper au cas où la relance immédiate ne serait pas possible.
À cette étude indépendante que nous avons commandité s’ajoute un diagnostic rapide que nous avons demandé à une équipe dirigée par le CERFITEX de Ségou et comprenant tous les chefs d’ateliers de la Comatex.
Leur travail c’est de confirmer ou infirmer le diagnostic de l’actionnaire majoritaire Chinois et de proposer des solutions à court terme qui sont viables.
Compte tenu du désir de COVEC de se retirer de la société nous avons engagé sans attendre des actions de recherche de nouveaux partenaires stratégiques pour la société. Eux-mêmes nous ont suggéré une entreprise textile chinoise avec laquelle nous sommes en discussion.
Nous avons aussi des investisseurs espagnols grâce à notre ambassadeur en Espagne qui sont intéressés par la reprise de la Comatex.
Nous avons d’autres contacts qui sont en cours aussi.
Voilà la stratégie et les actions en cours à notre niveau pour sauver la Comatex. Une entreprise importante pour notre pays, pour la région de Ségou et pour près de 1 300 travailleurs maliens.
Le gouvernement de la transition qui hérite de cette situation difficile ne ménagera aucun effort pour réussir la mission.
Au delà de la Comatex notre ambition c’est de lancer une stratégie vigoureuse de transformation de nos produits de base pour ne plus exporter à moyen et long terme des matières premières brutes.
Nous voulons fortement encourager l’exportation de produits manufacturés ou semi-finis à la limite pour créer plus d’emplois, distribuer plus de revenus aux ruraux et élargir la classe moyenne qui est une condition nécessaire à notre développement et à l’émergence de notre économie».
Harouna Niang
Ministre du Commerce et de l’Industrie