Sur le plan culturel, il peut être aujourd’hui considéré comme l’un des ambassadeurs émérites de la musique « bwa » du Mali. A le voir sur scène et à l’entendre chanter sur des notes rares d’une guitare acoustique qu’il fait accompagner volontiers d’un balafon et d’une calebasse, tout bon mélomane ne mettra pas plus d’une seconde pour saluer son talent. Et, pourtant, en plus du cercle des initiés de la filière musicale au Mali, tout devrait être mis en œuvre pour mieux implanter cet artiste et ses œuvres dans l’imaginaire populaire des maliens. Il chante certes en « bobo » et ne cache pas sa volonté de faire la promotion de la culture de cette ethnie à cheval entre le Mali et le Burkina Faso, mais l’artiste est parvenu à une fusion exceptionnellement réussie entre les musiques « Bobo » et « Bamana ». Avec pratiquement une guitare, une calebasse et un balafon, Julien Dembélé dans sa pratique artistique n’a rien à envier à ceux qui aligneraient du matériel qui ne peut pas contenir dans un camion de 30 tonnes. Si rien ne prédestinait Julien Dembélé à s’offrir le luxe de s’ouvrir la voie des grandes scènes du monde, force est de reconnaître qu’il est quand même né dans une famille de griots de Mandiakuy, dans le « Bwatun » ou pays « bobo ».
En bon fils d’un griot qui vit de son art avec sacerdoce, Julien Dembélé n’a pas la possibilité de dire à qu’elle époque de sa vie, il s’est mis à jouer d’un instrument. Mais, il reste convaincu que son père a joué un rôle éminemment important dans son initiation à bas âge à la maîtrise des instruments. « Dès mon plus jeune âge, j’ai commencé l’apprentissage des instruments traditionnels tels que le balafon, le tam-tam et le n’goni auprès de mon père », a-t-il indiqué. Selon lui, c’est à huit ans qu’il a acquis sa première guitare qu’il apprend à maitriser en autodidacte. Et, c’est plus tard qu’il va apprendra le piano. A un certain moment de son existence, Mandiakuy et environs, dans le cercle de Tominian, ne suffisaient plus à l’artiste pour exposer son talent et son savoir faire.
De son Mandiakuy natal, il déparque à Bamako et se consacre à la musique à travers plusieurs orchestres, notamment celui de feu Dounanké Koïta, le prince de la musique « bwa » et l’orchestre du District de Bamako. Aujourd’hui à la tête de son propre groupe, Julien Dembélé a mis sur le marché mondial, en 2010, son premier album intitulé « Saraka ». La qualité de cette œuvre l’a conduit en 2011 à tenir plusieurs dates dans une tournée au Pays-Bas, où il a eu l’opportunité d’être une belle attraction du « Afrikafestival Hertme ». A la dernière édition du Festival sur le Niger, dans sa région d’origine qu’est Ségou, il a impressionné plus d’un par son approche musicale sur la scène Biton. Si tout marche comme prévu, d’ici fin 2012, Julien Dembélé qui chante en « Bambara » et en « Bobo » les histoires du Mali, les traditions et usages, en n’oubliant pas le développement actuel du pays, compte mettre un deuxième opus sur le marché.
Assane Koné
Le républicain Mali 31/05/2012