Echostar / Aly Keita, à la conquête du monde avec un balafon

Certains le préfèrent malien ;  d’autres, ivoirien, mais tout porte à croire qu’il est ivoirien d’origine malienne.

Qu’il soit au Mali au bord du Djoliba ou en Côte d’Ivoire au bord de la lagune Ebrié, ou ailleurs dans le monde, Aly Keita fait tonner le balafon à l’honneur de l’Afrique. Né au Mali en 1969, de parents issus d’une grande lignée de griots bobo originaires de Konsonkuy, Aly Keita a pratiquement grandi à Abidjan. Mais, avant de déposer ses valises au bord de la lagune Ebrié, précisément dans le quartier d’Adjamé-Bromakoté, Aly Keita a eu l’opportunité d’être initié au jeu du balafon pentatonique traditionnel par Zouratié Coulibaly au Mali. Mais, le melting pot culturel qui régnait dans cette Côte d’Ivoire du temps du Président Houphouët Boigny va convaincre le jeune balafoniste à entrevoir la possibilité de faire des fusions entre les sonorités de son balafon et d’autres rythmes d’ailleurs.

A partir de 1986, il s’initie au jazz avec le musicien Georges Makinto. Il se rend compte rapidement qu’un balafon diatonique ferait mieux son affaire que le traditionnel balafon pentatonique. Rapidement, il crée un balafon diatonique qui lui ouvre le boulevard d’accès à de nouveaux répertoires. Le fait d’avoir eu l’ingénieuse idée d’associer le balafon à une musique internationalement connue comme le jazz lui donne rapidement des opportunités de se produire avec succès d’abord en Afrique et ensuite en Europe et aux Etats-Unis. Fort de cette expérience bien réussie, il ne se gênera plus à adapter le balafon à d’autres langages musicaux.

Cette initiative lui ouvre la participation à de nombreuses rencontres internationales, avec des célébrités comme : Pharoah Sanders, Joe Zaniwul, Rhoda Scott et Camel Zekri. Entre 1989 et 1995, il sera sollicité par le Centre de formation et de promotion musicale de Niamey pour diriger des ateliers de formation musicale traditionnelle et moderne. Il est mis à contribution pour l’enseignement du balafon à l’Institut national et supérieur des arts et de l’action culturelle (INSAAC) à Abidjan. Il enregistre des disques avec Georges Makinto (1992), les groupe Béta Foly (1996), African Project (1998), et Hans Lüdemann/Trio Ivoire, et collabore à l’enregistrement des albums de Pacp Séry et Manu Solo.

Devenu la coqueluche des festivals à travers le monde, à l’initiative de « Y’a pas deux », il a construit en 1999 le plus grand balafon du monde lors du festival « ingénieuse Afrique » à Tarascon sur Ariège en France. Aly Keita joue dans le trio « Aly Keita & Magic balafon » avec Hamid Gribi et Gert Kilian. En 2007, il met sur le marché discographique son premier album, intitulé « Akwaba Inisènè » ou bienvenue en baoulé (ethnie de la Côte d’Ivoire) ou en malinké.

Cet album a été  classé dans le Top 20 du classement européen « World Music Charts ». En 2010, il a mis sur le marché un deuxième album, intitulé « Farafinko ». Malgré sa notoriété internationale, Aly Keita pense qu’il n’est qu’au début de sa mission : celle de faire connaître le balafon partout dans le monde. Mais, terminons notre découverte de ce virtuose du balafon par cette présentation que fait notre consœur Anne Sasson de lui : « Lorsqu’Aly parle ou joue de la musique, il fait partager son enthousiasme aà ceux qui l Ïentourent avec une lueur de rêve dans les yeux. Toujours le sourire aux lèvres, il communique sa joie de vivre et son énergie à chacun ».

Assane Koné

 

Le Républicain 18/08/2011