A la journée de réflexion sur les 20 ans de Mouvement patriotique pour le renouveau (MPR), samedi dernier au CICB, Dr. Choguel Kokalla Maïga, s’est prononcé sur l’état d’évolution du processus de la décentralisation au Mali bien avant le déclenchement officiel du processus en 1992. Il a regretté qu’aucune politique de financement de la décentralisation ne soit clairement définie depuis ce temps-là. Pour lui, le bilan du processus aujourd’hui est maigre compte tenu de ce qui est attendu de cette politique.
« Les ratés découlent essentiellement du découpage administratif qui a défini les contours des communes », a-t-il constaté. A en croire le président le président du MPR, la décentralisation s’est faite dans la précipitation et cela, selon lui, a conduit au blocage actuellement constaté, blocage dont la solution passe par des remises en cause difficiles, voire douloureuses, mais inévitables : « le découpage administratif doit être revu pour ramener la commune à ce qu’elle doit être, c’est-à-dire une entité économiquement viable au sein de laquelle, dûment informées de leurs droits et devoirs, les populations se prennent en charge, se donnent des responsables par voie de votes, élaborent leurs programmes de développement, en précisent les moyens de financement et l’exécutent au mieux des intérêts de la majorité, sinon de la totalité des citoyens ».
Pour M. Maïga, on s’est fondé sur le vœu des populations pour procéder à ce découpage. « Certes, consulter les populations est un passage obligé pour décentraliser. Mais, la consultation à elle seule ne suffit pas. Après cette consultation, d’autres préalables sont à satisfaire pour déterminer si l’entité décentralisée est viable. Plus que jamais, le découpage doit faire l’objet d’un sérieux et courageux réexamen. Ce réexamen permettra de déterminer si la commune remplit les conditions nécessaires pour atteindre un certain nombre d’objectifs : la scolarisation, l’accès aux soins de santé, à l’eau potable, le désenclavement, l’assainissement et la préservation de l’environnement, les loisirs, la promotion des activités culturelles », a-t-il poursuivi.
Au cas où ces conditions seront remplies, la réussite de la décentralisation nécessitera également que trois exigences soient satisfaites : que les populations fassent preuve de civisme en acceptant de s’acquitter de leurs impôts, qu’elles sachent ce qui est fait de leurs contributions, impôts et taxes et que les élus soient astreints à l’obligation de présenter les bilans.
Avant, le ministre Maïga avait regretté qu’un tel bilan semble donner satisfaction aux élus municipaux. « Ils l’ont fait savoir lors des Etats généraux sur la décentralisation », précisera-t-il. Avant d’ajouter que « pour eux, la décentralisation est en bonne marche car la communalisation a réussi. Et, partant de ce fait, ils exigent le passage à l’étape suivante, celle de la régionalisation, ainsi que le transfert des ressources ».
Maliki Diallo
Source: L’Indicateur Du Renouveau 2015-02-24 00:22:56