Tous les acteurs politiques qui ne relèvent pas du cercle d’inconditionnels de l’enfant du terroir sont systématiquement «abattus», au motif qu’ils roulent pour Malick Alhousseini Touré et Ousmane Ag Rhissa, considérés proches de Bocari Treta.
Dans le cadre du prochain congrès du RPM, une mission arrive à Gao le 13 février 2015, avec à sa tête Me Baber Gano, pour le renouvellement de la section. On pouvait citer, sur l’ordre de mission, une représentante des femmes au BPN, une représentante des jeunes au BPN.
Mais patatras, le jour de la conférence de section, Me Gano était secondé par l’Honorable Boubacar Sissoko (encore lui) et, à leurs petits soins, l’attaché de cabinet Minkaila Maiga. Les autres membres de la délégation se contenteront de rester bien sages autour de ce vrai «nouveau présidium».
Des listes des délégués devant prendre part à la conférence, le Secrétaire Général de la section (député – chargé de mission au MATD) commencera par récuser tous les bureaux de sous-sections qui ont été mis en place en son absence (il réside à Bamako), pour ne présenter à la délégation que les listes de trois bureaux parallèles à Gounzoureye, Gao et Gabéro, créées ex-nihilo pour contrebalancer celles avalisées par le BPN, frappées d’infamie au motif qu’elles ne seraient favorables aux frondeurs.
Des débats engagés par la section, notamment son Secrétaire administratif, agissant es qualité en raison de l’absence prolongée du Secrétaire Général (résidant à Bamako) et du Secrétaire Général Adjoint (résidant à Bougouni), pour produire les justificatifs de la mise en place régulière des 7 sous-sections, la mission de Me Baber Gano, en partie, décida du report de la conférence, après, suivant ses mots, qu’il ait échangé là-dessus avec le Secrétaire Général du Parti et le Président.
On pourrait s’étonner du bien-fondé d’une telle mesure. D’une délégation, expressément levée de Bamako pour venir superviser une conférence de section, on pourrait raisonnablement attendre qu’elle fasse un tour au siège du RPM, pour se munir des copies des listes de bureaux et de délégués. Hélas, ce ne fut pas le cas. Pourquoi?
Il parait clair que les frondeurs ont fait avorter cette rencontre, sur le constat que la situation ne leur était pas favorable. Il faut regretter que ce plan ait échoué, parce que son exécution participait de mépris et d’incompétence; qu’une mission stratégique de contrôle des organes du parti (ce qui est de bonne cause) échoue à cause de sa mise en exécution par du personnel subalterne, dont l’indolence dans la réflexion n’a d’égale que la brutalité dans l’action.
Recevant les instructions, ils entreprirent d’enfoncer la dignité des camarades, jetant en pâture leur honneur à la calomnie. La politique est une science où chacun, en raison de ses compétences, joue un rôle déterminé. Assurément, le parti RPM s’enlise dans sa gestion propre, malgré l’éclatante victoire d’IBK aux élections présidentielles d’aout 2013.
Rappelons qu’après le RPM a entrepris l’établissement de ses listes pour les élections législatives. Et, naturellement, les alliés d’hier ont estimé, à juste raison, que de leur soutien au candidat Président doit émerger une majorité aussi diverse que soudée dans la configuration de la future Assemblée nationale. A Gao, cette alliance est menée par l’ancien ministre Malick Alhousseini Touré, Président du COREN.
Cela s’est bien passé un peu partout. Sauf à Gao, qu’Abdoulaye Idrissa Maiga, Directeur de campagne d’IBK, a décidé de ne partager avec personne. La conférence d’investiture des députés a été programmée au siège du RPM. Abdoulaye Idrissa Maiga imposa «ses» députés, suivant un forcing constitutionnel inédit dans les annales électorales du Mali.
Pour y parvenir, il déclara persona non grata les nouveaux militants RPM démissionnaires du PDES, au motif qu’ils ne doivent pas voler la victoire des Tisserands, avant de qualifier leur attitude d’opportuniste politique. Il tenta ensuite de les vider de la salle manu militari.
Il décida également que les communes nomades (Tilemsi, Anchawadji, In Tilit) représentées par le ministre Ousmane Ag Rhissa, auquel il voue une haine aussi capitonnée qu’injustifiée, ne figureront pas sur la liste du RPM. Le détachement de policiers appelé à cet effet eut la sagesse de ne pas vouloir se mêler d’un règlement de comptes politique.
Abdoulaye Idrissa Maiga n’en démordra pas pour autant. Il délocalisa la conférence d’investiture dans un hôtel loué à ses frais, y fit adopter par un parterre d’amis la liste composée de Mme Alhoussouna Touré, Aguissa Touré du RPM et Ibrahim Dicko. Le reste est connu. Double vainqueur de la présidentielle et des législatives, nouvellement appelé au Gouvernement, par la porte d’où a été sorti son ennemi de toujours, Ousmane Ag Rhissa, il débarqua à Gao en septembre 2014 pour une visite de terrain et entrepris de réorganiser le parti à sa propre image.
Puisqu’on était à la veille du renouvellement des organes du Parti, il reçu à domicile, au 3ème quartier, son état-major, pour une réunion à huis clos avec un mot d’ordre: «fermer la porte du RPM à Malick Alhousseini Touré et expulser Ousmane Ag Rhissa des organes du parti». Ce dernier, faut-il le rappeler, est membre de la section de Gao et du BPN.
Dès lors, une campagne systématique de recensement des cadres, chefs de service, opérateurs économiques commença, avec un modus operandi inspiré des méthodes de la Gestapo. Une réunion est convoquée mi-septembre 2014 au domicile d’un de ses lieutenants, un certain Djougou, présidée par un des obligés, Mahamar Touré, en présence du Président du Conseil Régional, Mohamed Ould Idriss, et d‘une quarantaine de cadres. En préliminaire, Mahamar Touré dira que d’une rencontre avec le Ministre Abdoulaye Idrissa Maiga, il est apparu la nécessité de réorganiser le RPM à Gao.
En effet, poursuivra-t-il, les organes du parti ont été investis, à la faveur de l’hibernation politique du RPM, en marge du pouvoir pendant plus d’une décennie, par «n’importe qui». Il fallait dans ce cas préparer l’entrée de cadres compétents et d’hommes disposant de moyens financiers. A cet effet, l’objet de cette concertation, pour la tenue de laquelle le ministre Abdoulaye Idrissa Maiga a fait une mise initiale de 200.000 FCFA, est de mettre en place une Coordination régionale de membres et sympathisants du RPM dans la perspective de contrôler le parti à Gao.
Certains participants, dans le souci de cohérence avec les textes du parti, firent remarquer qu’il s’agirait d’une coordination de trop, la coordination régionale du RPM existant déjà. Il a donc été convenu d’aller arracher l’aval des membres de la section RPM, les premiers visés par ce projet de nettoyage, où alors de briser la section. La rencontre tourna court, parce que la section (tenue par de vieux briscards comme Moustaph Boncana, Mohamed Assaliha Ing, Yacouba Touré, etc) refusa son aval à la coordination.
La rencontre fut délocalisée en terrain neutre, au domicile d’Alhaj Ibrahim Soumeïlou, vieux sage du Parti. Y étaient présents les protagonistes représentants d’Abdoulaye Idrissa Maiga et de la section RPM de Gao, le chef traditionnel des Armas de Boulgoundié, Touré, frère ainé de Malick Alhousseini Touré et certains sages du Parti. Les débats tournèrent en faveur des arguments de la section, mais il a été reconnu aux porteurs du projet de coordination d’agir dans le cadre d’un cercle de réflexion.
Le mot d’ordre du BPN – RPM pour le renouvellement des organes tomba: en finir avant janvier 2015. Les opérations débutèrent par un séisme, le 18 octobre 2014, avec la mise en place de la sous-section de Gounzoureye et Malick Alhousseiny Touré comme Secrétaire Général. Une semaine plus tard, une délégation, dite du BPN, arriva à Gao, comprenant l’Honorable Boubacar Sissoko, élu à Kéniéba, Siaka Bagayoko, Chef de cabinet d’Abdoulaye Idrissa Maiga et Minkaila Maiga, attaché de cabinet du même ministre.
Objet de la mission: amener la section à démanteler la sous-section de Gounzoureye. La délégation refusa de présenter l’ordre de mission du BPN, ne daigna pas produire les raisons de droit de cette exigence et, de toutes façons, retourna bredouille, puisque la section opposa un niet catégorique à la demande de remise en cause d’une sous-section qu’elle a supervisée, pour laquelle elle a dressé procès-verbal et rendu compte au BPN par bordereau.
Le 6 décembre 2014, la sous-section de la commune urbaine de Gao est renouvelée sur une note également sismique. Son tout nouveau Secrétaire Général, Abdel Kader Haidara, est «listé» proche de Malick Alhousseini Touré et de Bocari Tréta. La mission revint à Gao, renforcée des trois députés de la ville. Une fois encore, elle se présenta comme porteuse d’un mot du BPN demandant l’annulation de la sous-section de Gao.
Une fois encore, elle ne put produire d’ordre de mission, ne donna pas le bien-fondé de cette demande. Une fois de plus, elle retourna bredouille, mais très en colère. A coup de déclarations aussi incendiaires que xénophobes, elle fit circuler, jusqu’à la radio, que le nouveau Secrétaire général porte le double handicap de n’être pas natif de Gao et d’avoir été aperçu saluant un peu «trop chaleureusement» le ministre Bocari Tréta après l’attaque terroriste qui a décimé une partie de son escorte sur la route de Bourem.
C’est désormais avéré. Le BPN n’a ni mis en route ces missions, ni même été informé de leur projet. Mieux, il s’est souverainement prononcé sur les sous-sections du parti à Gao, parce qu’il les a formellement validées lors de sa conférence nationale, les 26 et 27 décembre 2014. Sur ce camouflet infligé aux frontistes, la mise en place des sous-sections s’est poursuivie jusqu’au 20 janvier 2015, suscitant de la part de la Section la demande de son renouvellement le 14 février 2014.
Il faut dire qu’aujourd’hui le régime IBK est aux abois, par la faute de ses collaborateurs, trempés dans toutes sortes de trafic. Comme si cela ne suffisait pas, d’autres procèdent à l’exclusion, à la vindicte contre tous ceux qui ne partagent pas leurs idées. Des cadres de Gao peuvent en témoigner aujourd’hui, stressés par les SMS insultants, des appels les menaçant de leur relève prochaine.
D’autres reçoivent des «visites». Ils estiment être plus en sécurité dans l’opposition (FARE, URD, PARENA) qu’au sein du RPM, où ils sont persécutés sous une avalanche de froide mégalomanie et de rancune acerbe. IBK, il faut le dire, semble s’accommoder de cette situation comme le Christ autour de la Cène, bienveillant envers Judas. Sauf que le pouvoir exercé au nom du peuple malien n’est pas un banquet, mais pourra bien aboutir à un crucifix électoral en avril prochain.
Le RPM va droit dans le mur à Gao, et il perdra les élections, toutes les élections, si le Président et le Secrétaire Général ne rectifient le tir dirigé contre des hommes comme Malick Alhousseini Touré, Arboncana Boubeye Maiga, Assarid Ag Imbarcawane, Ousmane Ag Rhissa, systématiquement haïs et entrainés dans une parodie de procès en bannissement.
La tragicomédie constitutionnelle qui a consacré l’entrée à l’hémicycle des trois députés de Gao n’est pas à rééditer. Ou alors, il faut craindre le pire pour le Mali, un retour aux heures sombres du début d’année 2012. A suivre.
Salam Maiga, correspondance particulière depuis Gao
Source: Le 22 Septembre 2015-02-22 22:23:26