Très remontés contre le gouvernement malien, les membres du Syndicat autonome de la magistrature (SAM) entament 72 heures de grève à partir du 27 juillet 2016. Les magistrats ont annoncé leur grève le 26 juillet, lors d’une conférence de presse à Bamako, dénonçant « la mauvaise foi du gouvernement » ayant conduit selon eux à l’échec des négociations entamées depuis février dernier.
L’un des reproches faits au gouvernement par les magistrats est d’avoir à faire à des négociateurs qui ne maitrisent pas les questions à discuter. «Comment discuter avec des gens qui ne connaissent pas les notions élémentaires ? », s’est interrogé Cheick Mohamed Cherif Koné, avocat général à la Cour Suprême et membre du SAM.
Mais la colère des grévistes réside dans le refus du gouvernement d’accepter des revendications jugées faciles à gérer dont le renforcement de la sécurité des magistrats. « Je ne peux pas comprendre qu’un gouvernement puisse refuser qu’un magistrat soit sécurisé, surtout en cette période d’insécurité grandissante », a déploré Cheick Mohamed.
Autre refus qui passe au travers de la gorge des magistrats est le rejet de la prise en charge des dégâts causés aux magistrats lors de la crise au Nord. Pour les magistrats, de nombreux agents de leur corps ont subi des dommages au Nord, et le rejet de la compensation qu’ils demandent démontre que le gouvernement ne veut pas les encourager à aller servir dans les zones difficiles du pays où les risques sont élevés.
Selon Boya Dembelé, membre de la commission de conciliation, la refondation du Mali post crise se fera avec la justice ou elle ne se fera pas. Parmi les 27 points des revendications des magistrats, les négociateurs se sont entendus sur 8 seulement dont le rehaussement du budget du ministère de la Justice à hauteur de 5, 25% du budget actuel.
Parmi les autres points faisant l’objet d’accord, il y a l’alignement de la Cour Suprême sur les autres institutions du pays, le plan de carrière ou encore le règlement intérieur du Conseil supérieur de la magistrature. «Mais les revendications qui nous tiennent à cœur sont pour la plupart dans les point ne faisant pas l’objet d’accord», a poursuivi Boya Dembelé.
Les conférenciers ont déploré la contradiction entre les déclarations du pouvoir et la réalité du terrain, le président IBK ayant promis que la justice sera le phare de son mandat. Mais, a expliqué Cheick Mohamed, il ne pourra pas combattre la corruption et l’injustice sans améliorer les conditions de vie et de travail des magistrats.
Les magistrats qui se disent debout comme un seul homme n’entendent pas relâcher des points importants comme le relèvement de la grille indiciaire de leur salaire. L’amélioration des conditions de vie et de travail des magistrats se fait dans l’intérêt du peuple, a indiqué Cheick Mohamed qui a tenu à rappeler qu’il s’agit de faire en sorte que les décisions de justice soient bonnes en mettant les magistrats à l’abri du besoin.
Soumaila T. Diarra