Ebola : l’OMS décrète la mobilisation mondiale, état d’urgence au Nigeria

 

Le comité d’urgence de l’OMS, réuni mercredi et jeudi à Genève, a été « unanime pour considérer que les conditions d’une urgence de santé publique de portée mondiale sont réunies », a déclaré vendredi à la presse le Dr Margaret Chan, directrice générale de l’organisation.

Devant l’aggravation de la situation, il faut une « réponse internationale coordonnée » pour « arrêter et faire reculer la propagation internationale d’Ebola », a-t-elle estimé. L’épidémie d’Ebola, un virus identifié pour la première fois en 1976, a fait près de 1.000 morts depuis le début de l’année sur plus de 1.700 cas présumés.

Le comité demande aux chefs d’Etat des pays affectés de « décréter un état d’urgence » et les invite à « s’adresser personnellement à la nation » pour informer les populations.

Comme le Liberia et la Sierra Leone, deux des pays les plus touchés, l’ont déjà fait, le Nigeria a décrété vendredi l’état d’urgence sanitaire. Deux nouveaux cas y ont été annoncés dans la soirée, portant à neuf le nombre de cas confirmés d’infections, dont deux mortels.

Le président Goodluck Jonathan a également approuvé le déblocage immédiat de 1,9 milliard de nairas (11,67 millions de dollars) pour combattre la maladie dans son pays, le plus peuplé d’Afrique.

Les autorités sanitaires américaines (CDC) ont indiqué de leur côté qu’elles envoyaient davantage de personnel et de matériel au sur place. « Nous sommes très inquiets au sujet de Lagos et du risque de contagion, étant donné que Lagos – et le Nigeria – n’ont jamais connu l’Ebola », a indiqué le porte-parole des CDC, Tom Skinner.

Quarantaine de 31 jours

En Côte d’Ivoire, pays voisin du Liberia et de la Guinée, où l’épidémie a fait des centaines de morts, les autorités ont décrété vendredi un niveau d’alerte « très élevé » face au virus, avec la mise en place de comités de surveillance communautaire.
L’épidémie d’Ebola est cette année « la plus importante et la plus sévère » en quatre décennies, a encore souligné le Dr Chan.

L’OMS ne place pas en quarantaine les quatre pays concernés (Guinée, Libéria, Sierra Leone, Nigeria) pour ne pas aggraver leur situation économique, mais demande des mesures de contrôle à leurs points de sortie et des précautions particulières aux compagnies aériennes continuant à les desservir.

Compte tenu d’un temps d’incubation de 21 jours, une quarantaine de 31 jours doit être imposée pour les cas suspects, a précisé le Dr Keiji Fukuda, adjoint de la directrice générale en charge de l’épidémie.

Ceux qui ont été en contact avec des malades, à l’exception du personnel médical équipé de vêtements protecteurs, ne doivent pas être autorisés à voyager. Les équipages des vols commerciaux vers les pays concernés doivent recevoir une formation et du matériel médical de protection pour eux et leurs passagers.

Le comité demande que tous les voyageurs quittant les pays affectés fassent l’objet d’un examen dans les aéroports, les ports et aux principaux postes frontières, avec un questionnaire et une prise de température, les cas suspects devant être stoppés. C’est la troisième fois que l’OMS instaure un tel dispositif d’urgence. Elle l’avait fait en 2009 pour l’épidémie de grippe aviaire en Asie et en mai dernier face aux nouveaux développements de la poliomyélite au Proche-Orient.

Pour le Dr Bart Janssens, directeur des opérations de MSF, dont les équipes sont les plus nombreuses sur le terrain, la décision de l’OMS est positive mais « les déclarations ne sauveront pas des vies ».

Il demande « une action immédiate sur le terrain » avec un large déploiement de moyens par les pays qui en sont dotés, ajoutant: « des vies sont perdues parce que la réponse est trop lente ».
Aider les pays touchés
Le Liberia et la Sierra Leone, déjà en état d’urgence, ont placé en quarantaine trois villes de la zone contaminée, fermé certaines routes et lieux de loisirs, dans des efforts désespérés pour enrayer l’épidémie.
Au risque de provoquer des pénuries : les responsables des provinces du nord du Liberia, coupées du reste du pays par des barrages militaires, font état d’un envol des prix des denrées alimentaires.
Mme Chan a appelé « la communauté internationale à fournir le soutien nécessaire » aux pays touchés. Au Liberia, le géant mondial de l’acier ArcelorMittal a décidé de suspendre le chantier d’agrandissement d’un site minier, par crainte d’Ebola.
Excluant des restrictions sur les voyages internationaux ou sur le commerce international, l’OMS a demandé aux Etats de « se préparer à détecter et traiter des cas de malades Ebola » et à faciliter l’évacuation de leurs ressortissants, surtout les personnels médicaux qui ont été exposés.
L’Europe a accueilli jeudi un premier malade d’Ebola, un missionnaire espagnol rapatrié du Liberia, peu après le rapatriement de deux patients originaires des Etats-Unis qui ont reçu un traitement expérimental.
L’un d’eux, un médecin américain infecté au Liberia, a dit vendredi aller de mieux en mieux, jugeant que son rétablissement tenait de la volonté divine. Un individu de retour du Nigeria et présentant des symptômes de fièvre Ebola a été placé vendredi à l’isolement dans un hôpital canadien, ont rapporté des médias locaux.

De hauts responsables sanitaires américains ont jugé inévitable que des personnes ayant voyagé dans les pays africains touchés entrent infectées aux Etats-Unis, mais ont affirmé ne pas craindre une épidémie étendue dans le pays.
Le virus Ebola se transmet par contact direct avec le sang, les liquides biologiques ou les tissus de personnes ou d’animaux infectés. Il provoque une fièvre caractérisée par des hémorragies, vomissements et diarrhées.


Jeuneafrique.com 2014-08-11 01:23:00