Eh oui, les politiques fusillant du regard les militaires au pouvoir se trouvent désormais esseulés. Aujourd’hui, les leaders politiques qui songeaient bénéficier de l’appui des organes sous régionaux et de la communauté internationale, au sujet de la durée transitoire, semblent dorénavant lâchés par l’UA et la CEDEAO.
Quel désespoir pour ces leaders politiques qui pensaient voir le pays totalement asphyxié, au lendemain de l’officialisation des sanctions de la CEDEAO et de l’UEMOA contre le Mali, la patrie qui leur a pourtant donné tout. Beaucoup parmi eux voyaient les militaires au pouvoir déjà détrônés sous la pression de la rue, après l’annonce de la fermeture des frontières terrestres et aériennes contre les Maliens, le 9 janvier 2022.
Lesdites mesures, à la fois coercitives et restrictives pour un pays déjà fragilisé ont été prises à l’issue du sommet extraordinaire des chefs d’Etat africains et de Gouvernement de la CEDEAO et de l’UEMOA à Accra, au Ghana.
C’est suite à ces différentes sanctions que des leaders politiques, réunis au sein d’un groupement appelé cadre d’échanges des partis et regroupements politiques pour la réussite de la transition avaient fait des annonces inquiétantes. Ils extériorisaient, il y a quelques semaines, qu’ils ne reconnaitront plus les autorités de la transition, à partir du 25 mars prochain. Comme si cela ne suffisait pas, ils ont colporté la mise en place d’un nouveau conseil national de transition(CNT), voire la mise en place d’un nouveau gouvernement.
Des organes qui se chargeront, selon eux, d’organiser les élections dans une durée de 6 mois au Mali. Les informations largement diffusées, ce mercredi 23 février, annoncent que huit(8) partis politiques envisageraient de mettre en place, le mois prochain, un gouvernement en exile en Côte d’Ivoire, chez Alassane Dramane Ouattara.
L’un des Présidents qui ont pesé lourds lors de la prise des sanctions en vigueurs contre le Mali. Sans ambages, les opposants du jour qui disent être catégoriques, quant à la fin de la transition, vont devoir se débrouiller seuls.
Eux qui semblent être opposés à toute négociation allant dans le sens de la prolongation de la durée transitoire au Mali sont désormais esseulés. La preuve, c’est que l’Union africaine a toujours prôné le dialogue entre Bamako et la CEDEAO, pour une solution médicinale à cette crise. À la différence des chefs d’Etat et de Gouvernement de la CEDEAO et de l’UEMOA, l’UA a, via le conseil de paix et de sécurité(CPS), privilégié les négociations.
On se souvient encore de la réunion du CPS, tenue le 14 janvier dernier sur le Mali. Une réunion où les membres ont joué à l’apaisement. « Le CPS se félicite de la proposition faite de la République algérienne démocratique et populaire d’accompagner le Mali et la CEDEAO sur la voie salutaire de la compréhension mutuelle ».Dans son communiqué, le CPS a lancé un appel aux autorités du Mali et à la CEDEAO, pour qu’elles s’engagent dans une initiative de dialogue.
Cela, précise-t-il, afin de traiter les points de divergences en suspens, en vue de faciliter le retour du Mali à l’ordre constitutionnel, « dans un délai approprié et réaliste ne dépassant pas 16 mois ». Au début, même si la CEDEAO n’était pas dans une logique de négocier avec Bamako, les dernières informations font dire que l’organe a changé d’avis. Avec à sa tête le médiateur Goodluck Jonathan, une délégation est à Bamako, depuis ce jeudi 24 février 2022, pour des discussions avec les autorités.
Partant des informations circulant dans les coulisses, il reste à estimer que la CEDEAO envisage de proposé une prolongation de la transition de 12 mois. « La CEDEAO envisage un délai de 12 mois comme plan A, et 16 mois comme plan B », a-t-on appris d’une source. Même si les Maliens comme pas mal d’Africains jugent les sanctions en cours « illégales, illégitimes et inhumaines », il conviendra de signaler que la CEDEAO et l’UEMOA n’avaient pas hésité à solliciter de l’aide à l’Union africaine(UA) et à l’ONU. C’était pour demander à la communauté internationale de soutenir ces mesures contre le Mali, pour que ça puisse produire plus d’impacts sur le quotidien des citoyens.
Pour alors contribuer à l’embrasement de la situation, la France déjà en conflit diplomatique et ses alliés (Grande Bretagne et Etats-Unis) ont, via le droit de véto qu’ils détiennent au sein du conseil de sécurité de l’ONU, manifesté leur soutien aux chefs d’Etat africains, pour l’application rigoureuse desdites sanctions comportant « le gel des avoirs » de l’Etat malien, dans la BCEAO et les institutions financières. Il a fallu la désapprobation de la Russie et de la Chine, pour empêcher l’adoption d’une mesure par les membres du conseil.
Comme la CEDEAO, donc l’UEMOA et l’UA sont revenues à des meilleurs sentiments par l’ouverture d’un dialogue, on peut clairement estimer que les détracteurs opposés à tout dialogue avec les autorités au pouvoir sont lâchés. Ces politiques qui, certainement, escomptaient sur l’appui de l’UA et de la CEDEAO pour obtenir gain de cause dans leur combat doivent pouvoir voler par leurs propres ailes.
Mamadou Diarra
Source: Le Pays