C’était, hier, au cours du cadre de concertation entre le ministère de l’Administration territoriale et des collectivités locales et les chefs de partis politiques, au gouvernorat du district de Bamako. Le président du RDS n’était pas seul à se plaindre de cette situation ambiguë. En effet, Modibo Sangaré, président de l’UNPR, s’est demandé si le gouvernement ne leur manifestait pas son mépris, en ignorant la majorité des partis politiques qui s’est prononcée pour le fichier sur la base du RAVEC, pour leur imposer le fichier issu du RACE.
D’autres intervenants ont déclaré leur surprise d’avoir entendu le président ATT se prononcer pour le fichier RACE, alors qu’ils étaient encore en cadre de concertation sur ce point. Faut-il en déduire, a indiqué un homme politique, qu’il faut supprimer l’ordre du jour portant sur le choix du fichier électoral ? Le ministre de l’Administration territoriale et des collectivités locales a soutenu que ce n’était pas à lui de répondre à cette question.
Ce qui a d’ailleurs contribué à en rajouter à la confusion puisque certains chefs de partis ont déclaré leur surprise par rapport à l’ordre du jour, dont un seul des points, à savoir la mise en place de la CENI, était mentionné dans les lettres d’invitation que le MATCL leur a envoyées. Il convient de signaler que les points inscrits, hier, à l’ordre du jour du cadre de concertation, portaient sur l’adoption du procès verbal de la dernière réunion ; la désignation des représentants des partis politiques à la Commission électorale nationale indépendante (CENI) ; la désignation des représentants du Comité d’experts pour le choix du fichier électoral et la relecture de la loi électorale.
Kaba Diarra du RPM s’est demandé si les deux derniers points, en l’occurrence, la désignation des représentants du Comité d’experts pour le choix du fichier électoral et d’un Comité pour la relecture de la loi électorale, ne portaient pas sur le même objet, donc de nature à créer la confusion. En fait, la désignation des membres de la CENI a été le point focal des discussions. Sur ce point le professeur Younouss Hamèye Dicko a souhaité qu’il y ait plus de loyauté et que, notamment, le gouvernement soit clair.
Il n’a pas compris qu’on leur annonce un référendum, donc une révision constitutionnelle et qu’avant cela, on leur demande de désigner leurs représentants à une CENI qui pourrait, en conséquence, être dissoute. Le ministre, Kafougouna Koné, a déclaré que la CENI n’avait rien à voir avec le référendum. Ce qu’un homme politique s’est vite empressé de démentir en citant l’article 3 de la loi électorale qui souligne que la CENI est chargée de la supervision et du suivi de l’élection présidentielle, des élections générales législatives et communales et des opérations référendaires.
La réponse de Kafougouna Koné a été inaudible, puisque la salle bruissait de commentaires, à la suite de cette déclaration. En fait, la désignation des membres de la CENI a été le point qui a focalisé les discussions. Fallait-il adopter la méthode du consensus qui avait prévalu en 2007 ou revenir à la loi électorale qui prévoit, a dit le ministre de l’Administration territoriale et des collectivités locales, 15 membres dont 10 pour la classe politique et 5 pour la société civile ? Après des discussions au cours desquelles la majorité des partis s’est prononcée pour la mise en place de la CENI, sans pour autant s’entendre sur les quotas, le ministre a finalement retenu que les partis politiques s’étaient finalement prononcés pour la désignation de leurs membres à la CENI, suivant la loi électorale ; qu’ils ont convenu de se rencontrer cet après midi, au gouvernorat du district de Bamako pour discuter des critères de leur représentation à la Commission électorale nationale indépendante et ensuite dresser la liste de leurs représentants à la CENI, au Comité d’experts pour le choix du fichier électoral et au Comité de relecture de la loi électorale.
Il a donc été convenu que les partis politiques soient en conclave aujourd’hui, au gouvernorat du district de Bamako, afin de communiquer rapidement au ministère de l’Administration territoriale et des collectivités locales le nom de leurs représentants à ces différentes structures.
Baba Dembélé
Le républicain 15/06/2011