Tous les regards sont désormais tournés vers la Cour Constitutionnelle, après sa saisine par les députés de l’opposition, dans l’espoir de voir jaillir l’ultime décision du retrait du projet de révision de la Constitution. « Les neuf sages » ont entre leurs mains la clé de l’apaisement et du maintien de la cohésion socio-politique jusque-là fissurée, mais qui ne s’est jamais effondrée. De leur décision dépendront la paix et l’unité. Ils ont, de ce fait, l’occasion d’écrire une nouvelle page de l’histoire récente du Mali. Manassa Dagnoko, connue pour avoir été une amazone de la lutte pour la démocratie, amènera-t-elle la Cour constitutionnelle a enfin dire le droit ?
Nombreux sont les observateurs de la scène politique malienne qui pensent que les neuf sages de la Cour n’ont pas dit le droit quand ils ont donné leur quitus pour la tenue du referendum avorté du 9 juillet sur la révision constitutionnelle. Les membres de la Cour auraient tort quand ils ont qualifié l’insécurité qui sévit au nord, au centre et même au sud de « résiduelle ». Par cette décision controversée et sujette à beaucoup d’interprétations, la Cour constitutionnelle a plongé le Mali dans une situation délicate. Elle aurait contribué à diviser la société en deux camps, celui du oui et du non, qui se regardent désormais en chiens de faïence.
Les neuf sages avaient-ils mesuré toutes les conséquences de cette décision sur le climat social volatile, surtout dans un pays où l’insécurité est généralisée et le malaise social palpable ? Après avoir demandé au gouvernement de suspendre le processus afin d’analyser la requête de l’opposition aux fins d’annuler le projet de révision de la Constitution, les membres de la Cour Constitutionnelle sont vivement attendus. Ils devront prendre leur courage à deux mains en demandant au gouvernement de retirer le controversé projet.
Ce serait une habile manière de se faire bonne conscience et d’embellir leur image désormais écornée. Qui pouvait imaginer un seul instant que Manassa Dagnoko, une des héroïnes dans le combat pour l’avènement de la démocratie au Mali, pour plus de liberté et de justice sociale, sous la dictature de GMT puisse troquer sa robe noire contre les délices du pouvoir ? Qui pouvait penser que la Nyéléni que fut Mme Dagnoko, qui représentait le ministère public dans le procès « crimes de sang » de 33 co-accusés du régime Moussa Traoré, puisse être l’un des bourreaux de cette même démocratie ?
A la tête de la Cour Constitutionnelle, l’une des Institutions phares pour réguler la démocratie, Manassa Dagnoko est en passe de devenir la déception pour toute une génération. Les « neuf sages » sont à leur troisième décision controversée, après celles liées aux autorités intérimaires et à la régularité des élections législatives partielles d’Ansongo, où un bourrage d’urnes avait été constaté par bon nombre d’observateurs.
En définitive, les neuf sages de la Cour Constitutionnelle détiennent le levier de la stabilité, de l’atténuation et de la cohésion sociale. De leur décision tant attendue dépendront le trouble ou la quiétude.
Youssouf Sissoko
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