L’assemblée générale de Médecins sans frontières (MSF), du 10 au 13 juin 2021, a été l’occasion pour l’Ong de mettre en relief 50 ans d’histoire.
Un parcours aussi «inclassable qu’incontournable» et qui est né en 1971 d’un idéal : «Aller auprès des malades» ! MSF est donc une organisation non gouvernementale médicale humanitaire internationale d’origine française fondée le 22 décembre 1971 à Paris, en France.
Et, malgré des difficultés financières et des obstacles généralement politiques, elle se poursuit dans près de 75 pays, dont le Mali.
La guerre au Biafra (1967-70) est à l’origine de la création de MSF.
Tout juste diplômés, Bernard Kouchner et d’autres médecins se sont rendus dans cette région orientale du Nigeria où s’affrontaient l’armée et des rebelles.
Sur place, ils ont plongé dans l’enfer des combats et d’une famine qui tuait hommes, femmes et enfants par centaines de milliers.
«Les enfants mouraient en masse parce que l’armée bloquait tout ravitaillement», se souvient le Dr Kouchner, aujourd’hui 81 ans, dans un témoignage dans la presse française. «Dénoncer cette situation était de notre devoir», poursuit-il.
Avec son confrère Max Récamier, il a alors décidé de déchirer le contrat de silence signé avec le CICR et d’exposer la réalité du conflit.
«Biafra : deux médecins témoignent» ! Tel était le titre du quotidien français «Le Monde» en novembre 1968. La presse internationale s’est aussitôt mobilisée et les images d’enfants africains mourant de faim ont envahit les petits écrans.
L’Ong MSF est ainsi née en 1971 avec comme philosophie, «Soigner et témoigner : l’humanitaire moderne».
Cette Ong est donc née dé cette épreuve vécue au Biafra. «On a trouvé le nom un soir de création où on fumait et on picolait», se souvient Xavier Emmanuelli, alors médecin dans la marine marchande.
«J’ai dit : Il faut absolument médecins dedans. Et puis on a ajouté Sans Frontières parce qu’on était des saute-frontières», ajoute-t-il
Les débuts de l’association sont naturellement compliqués. Faute de moyens, la jeune ONG sert d’abord de réservoir de bonnes volontés. Mais, une campagne de pub lui confère une grande notoriété en 1977.
«Nous avons grandi avec les médias et la télévision», résume Xavier Emmanuelli, 83 ans aujourd’hui.
De nos jours, MSF emploie 61 000 personnes dans près de 75 pays, dont le Mali où l’insécurité persistante, en particulier dans le nord et le centre du Mali, a entraîné une dégradation générale du système de santé national et des services sociaux de base.
Dans notre pays, MSF gère des programmes dans plusieurs régions (Koutiala, Ténenkoun, Douentza, Ansongo, Kidal) du pays pour améliorer l’accès des plus vulnérables aux soins.
A Ansongo par exemple (région de Gao), à l’est du Mali, MSF soutient depuis 2012 plusieurs centres de santé de référence.
Elle y fournit des consultations ambulatoires, des services d’urgence et des admissions, de la chirurgie, des soins maternels, du traitement des maladies chroniques, de la nutrition, de la néonatologie, de la pédiatrie, ainsi que le traitement et le soutien psychologique aux victimes de violence, y compris sexuelle.
Une autre équipe offre des soins de base aux femmes enceintes et aux enfants de moins de cinq ans au centre de santé communautaire de la ville.
Dans le district d’Ansongo, MSF oriente également les patients vers les centres de santé communautaires et transfère les cas graves à l’hôpital de Gao.
Un système de suivi et de transport des cas graves a été mis en place.
A Bamako, les équipes de MSF sont spécialisées dans les soins de support, les soins palliatifs et offrent des soins à domicile à certains patients atteints d’un cancer.
Selon ses responsables, «ces patients arrivent très souvent à un stade extrêmement tardif de leurs maladies au centre de santé.
Ce qui rend la prise en charge plus difficile pour nos équipes et diminue du même fait leur espérance de vie».
Les données sont éparses, mais d’après l’agence internationale de recherche sur le cancer, il y avait plus de 13 000 nouveaux cas de cancer au Mali en 2019.
Il s’agit majoritairement des cancers du sein et du col de l’utérus…
Aujourd’hui, la petite association est devenue un géant. Sous le chapeau de MSF-International, les 25 sections nationales emploient 61 000 personnes, dont 41 000 déployées sur le terrain d’une centaine d’opérations dans près de 75 pays.
Avec un budget annuel mondial de 1,6 milliard d’euros, à 99 % issu de dons privés.
Et la consécration est naturellement venue avec le «Prix Nobel de la Paix» en 1999 pour récompenser «une ONG qui tend la main à travers les frontières, les conflits et le chaos politique».
Ce prix a été utilisé pour financer une campagne d’accès aux traitements des maladies tropicales ou du VIH/Sida, l’un de ses nouveaux champs d’action.
En attendant bien sûr que de nouveaux horizons s’imposent à cette Ong qui ne se fixe jamais de frontières pour venir au secours des malades, des blessés… de l’Humain !
Moussa Bolly
Avec : franceinter.fr