Nafissatou Diallo a été convoquée lundi à 15h00 par le procureur, à la veille d’une nouvelle audience très attendue dans l’affaire DSK.
« Mon interprétation (…) c’est qu’ils vont annoncer qu’ils classent complètement l’affaire, ou abandonnent certains des chefs d’accusation », a déclaré l’avocat Kenneth Thompson au New York Times.
« S’ils ne s’apprêtaient pas à abandonner les poursuites, ils n’auraient pas besoin de la rencontrer », a-t-il ajouté. « Ils iraient juste au tribunal le lendemain et diraient +nous allons poursuivre l’affaire+ ».
Son associé, Douglas Wigdor, interrogé par l’AFP, s’est refusé à spéculer. Mais il a précisé que le courrier reçu était « était très négatif et désobligeant ». Il est « symbolique du traitement dont elle (Mme Diallo) a souffert durant toute cette épreuve, et dans ses interactions avec le bureau du procureur ».
Relations tendues
Si l’affaire est classée, Dominique Strauss-Kahn qui avait plaidé non coupable le 6 juin de sept chefs d’accusation, dont tentative de viol, agression sexuelle et séquestration, sera libre de rentrer en France.
L’audience prévue mardi a déjà été repoussée à deux reprises, le procureur Cyrus Vance ayant des doutes sur la crédibilité de la femme de chambre guinéenne de 32 ans, qui accuse l’ex-favori à la présidentielle française, 62 ans, de l’avoir agressée sexuellement le 14 mai dans une suite du Sofitel de Manhattan.
Depuis des semaines, les relations sont extrêmement tendues entre le procureur et les avocats de Mme Diallo, qui, en parallèle à la procédure pénale, ont intenté une action civile le 8 août, pour obtenir de DSK des dommages et intérêts.
Cette action civile donne tous les détails de l’agression « violente et sadique » dont elle aurait été victime, et comment M. Strauss-Kahn l’aurait brutalisée, arrachant ses collants, la blessant au vagin et à l’épaule et la contraignant à genoux à une fellation.
Mensonges sous serment
Après trois mois d’un extraordinaire feuilleton judiciaire qui à coûté à DSK son poste de directeur général du Fonds monétaire international, de nombreux experts ont prédit un abandon des charges, en raison des doutes sur la crédibilité de la femme de chambre.
Le 30 juin, le procureur Cyrus Vance avait fait savoir que Nafissatou Diallo avait menti à plusieurs reprises sous serment, notamment pour obtenir l’asile aux Etats-Unis en 2004. Dans le cadre de l’affaire DSK, elle aurait menti en relatant ce qu’elle avait fait après l’agression présumée.
Les avocats de Mme Diallo ont depuis fait feu de tout bois pour restaurer son image.
La jeune femme illettrée a notamment donné fin juillet une longue interview télévisée, racontant les larmes aux yeux, avec force détails et mimiques, la brutalité de ce qui se serait passé dans la suite 2806 du Sofitel.
Le rapport médical, rédigé après l’hospitalisation en urgence de Mme Diallo le 14 mai, a également fuité ces derniers jours. Il mentionne des blessures dont il précise: « Cause des blessures: agression, viol ».
Réglement financier
Mais vendredi, une nouvelle révélation a encore ajouté au trouble: elle faisait était d’une rencontre secrète fin juin, à l’initiative des avocats de Mme Diallo, pour essayer de parvenir à un règlement financier amiable avec les défenseurs de l’ancien ministre français.
Les avocats de la femme de chambre avaient dénoncé une « nouvelle attaque sans fondement » visant selon eux à faire oublier que DSK avait agressé une innocente femme de chambre.
(Source AFP)
22/08/2011