L’expert indépendant des Nations Unies sur la situation des droits de l’Homme au Mali estime normal que Bamako n’ait pas beaucoup apprécié le rapport annuel qu’il a présenté le 31 mars dernier devant le Conseil des droits de l’Homme des Nations Unies à Genève (Suisse).
Au Mali, où le jihadisme s’est ancré, 1277 civils ont perdu la vie en 2022 d’après la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (Minusma). Soit une augmentation de 118 % par rapport à l’année précédente.
« Je note la condamnation de plusieurs personnes pour des crimes liés à l’esclavage par ascendance. C’est quand même une première au Mali. (…) Cela fait une année que plusieurs civils auraient été tués lors d’une opération menée par les forces maliennes accompagnées de personnels militaires russes dans le village de Moura (Centre) », a notamment relevé Alioune Tine dans son rapport annuel sur la situation des droits humains au Mali.
Présent lors de la présentation dudit document, aux côtés du chef de la diplomatie Abdoulaye Diop, Mahamadou Kassogué, ministre malien de la Justice, a dénoncé un rapport « à charge ». Invité à un débat dans l’une des plateformes de la Convention des Jeunes Reporters du Sénégal (CJRS), M. Tine s’est expliqué mercredi soir.
« Heureusement que nous ne sommes pas toujours d’accord avec le gouvernement malien sur les rapports que nous produisons. C’est tout à fait normal. Je suis un expert indépendant qui va sur le terrain. J’examine ce que je vois comme violations des droits de l’Homme avant de discuter avec les autorités. Le rapport n’est pas à charge. J’ai quand même mentionné les efforts effectués dans le domaine politique et sur le plan de la sécurisation du pays ainsi que de la lutte contre l’impunité », a déclaré le fondateur du think-tank Afrikajom Center.
Maintenant, a poursuivi Alioune Tine, « c’est au gouvernement malien de faire un rapport que je vais annexer au mien ». Tout compte fait, l’expert indépendant des Nations Unies pense que « la transition politique avance au Mali » avec notamment un projet de Constitution et la mise en place d’un mécanisme pour l’organisation d’élections libres et transparentes.
ID/ac/APA