Le choix de Dramane Dembélé a été diversement apprécié dans les milieux politiques de notre pays. Certains y voient un désaveu de l’ancienne garde de l’ADEMA. D’autres, au contraire, y perçoivent la volonté manifeste des Rouges et Blanc de tourner la page des anciens et de prendre le chemin du changement et de l’alternance générationnelle.
En effet, au-delà des secousses politiques que cette candidature a suscitées au sein de la Ruche, le PASJ vient de donner une belle leçon à la classe politique malienne, en choisissant un jeune pour porter ses couleurs à l’élection présidentielle de juillet prochain.
En choisissant Dramane Dembélé, l’ADEMA répond à une forte aspiration du peuple malien. Car, en réalité, depuis le coup d’Etat du 22 mars dernier, un besoin énorme de changement et d’alternance au pouvoir s’est fait jour. Les Maliens ne veulent plus voir ces «vieux» qui ont longtemps eu le pays entre les mains.
Dans les causeries, les salons feutrés de Bamako et même dans certaines représentations diplomatiques, on pense que rien ne sera plus comme avant. Dorénavant, les Maliens expriment leur préférence pour de nouveaux visages. Ce qui fait dire que Dra, comme l’appellent ses amis, est un bon choix, en ce sens qu’il s’inscrit dans la voie du changement et qu’il représente une alternative à la vieille garde, en mauvaise posture aux yeux d’une frange majoritaire de la population.
Les Abeilles doivent donc positiver ce choix, en faisant l’union sacrée autour de la candidature de Dra. Mais le risque est grand, car, par le passé, l’ADEMA nous a habitués à des trahisons durant les précédentes élections présidentielles. D’où des questionnements forts légitimes: les Anciens vont-ils accepter de jouer à fond et d’accompagner cette candidature? Ou va-t-on assister au scénario habituel de la part de certains militants ADEMA, à savoir soutenir d’autres candidats que celui de leur parti?
Ces questionnements se justifient d’autant plus que ce choix a causé un choc terrible chez les Anciens. Ces derniers n’arrivent toujours pas à comprendre comment la Commission des bons offices a pu retenir un jeune à leur détriment. Ils sont étonnés que, face à des ogres comme Iba N’Diaye, Soumeylou Boubèye Maïga, Sékou Diakité et bien d’autres, l’ancien Directeur National de la Géologie et des Mines ait été adoubé.
La nouvelle a tant fait de bourdonnements dans la Ruche que certains avaient même prédit la cassure de l’ADEMA, à la sortie de la Conférence nationale qui a entériné ce choix. Mais le pire a pu être évité et les Abeilles ont, une fois de plus, il faut le reconnaître, surpris.
Heureusement, Dra semble avoir compris le malaise de la Ruche. C’est pourquoi, aussitôt investi, il a placé sa candidature entre les mains des Anciens et de toutes les Abeilles. Par cette façon de faire, il tente d’apaiser le climat de démobilisation et demande le soutien de l’ensemble de la grande famille ADEMA, ses bénédictions et son accompagnement. Car il ne pourra gagner cette bataille électorale sans ses conseils avisés et son expérience.
De leur côté, les Anciens semblent avoir accepté cette leçon de démocratie et de pragmatisme. Et pour cause. Car le Président intérimaire de l’ADEMA, Iba N’Diaye, a quasiment présenté ce choix comme un désaveu à leur endroit. Il a soutenu que cette logique était une spécificité du peuple ADEMA, celle de faire de la place aux jeunes et a rappelé l’exemple d’Alpha Oumar Konaré, devenu Président de la République à seulement 46 ans. C’est pourquoi, il a assuré que les vrais militants de l’ADEMA / PASJ n’avaient d’autre choix que de soutenir cette candidature.
Youssouf Diallo 22septembre 2013-04-18 01:47:22