Dr Soumana Sako, l’ancien Premier ministre du Mali, lors du sixième anniversaire de son parti : la Cnas Faso Hèrè, le jeudi dernier, n’a pas pris de gant pour fustiger la gouvernance actuelle du pays. Selon Sako, le régime issu des élections générales de 2013 a conduit le Mali dans l’impasse. Pire, ajoute l’ancien Premier ministre, le Mali est aujourd’hui un condominium franco-algérien. « Le Mali est devenu, avec l’accord d’Alger et ce régime, un pays à souveraineté limitée», assure le président d’honneur de la Cnas Faso Hèrè.
C’est dans une salle comble de la maison des ainés de Bamako et devant plusieurs responsables politiques, de la majorité présidentielle et de l’opposition, que Dr Soumana Sako, l’ancien Premier ministre, a expliqué, le jeudi 25 mai dernier, le choix du thème : « Le Mali et les Maliens face à leur destin » de la commémoration du sixième anniversaire de son parti créé le 25 mai 2011. Selon Soumana Sako, le Mali est aujourd’hui à la croisée des chemins.
« Le régime issu des élections générales de 2013 a conduit le Mali dans l’impasse. Le Chef de ce régime a battu campagne à Kidal, où il est incapable de se rendre aujourd’hui. Plus de deux tiers du territoire échappe au contrôle du pouvoir central », a indiqué celui qui a dirigé le gouvernement de transition au Mali après la chute du régime dictatorial de Moussa Traoré en 1991. Sur le plan économique, aujourd’hui c’est la détresse, selon Soumana Sako.
« On évoque souvent le rapport de la revue du fond monétaire international qui dit que le taux de croissance du PIB est de 5.8%. On présente ça comme un trophée en oubliant que ce même fond monétaire avait suspendu, deux ans plus tôt, tous ces décaissements comme sanction de la mauvaise gouvernance économique et financière». Tous les grands secteurs de l’économie malienne sont aujourd’hui, indique le président de la Cnas Faso Hèrè, contrôlés par des capitaux étrangers (finances, banques, assurances, mines, communications, agrobusiness…). « Sans avoir quelque chose contre l’investissement étranger, mais le cadre institutionnel n’est pas adapté», précise Sako.
« Un pays à souveraineté limitée »
Quid de la gestion du pays sur le plan politique ? Sur le plan politique, selon Soumana Sako, il y a un blocage. « Il ne faut pas se faire d’illusion. Le projet de révision de la constitution de janvier 1992 est un symptôme de ce blocage et de ce manque de perspective politique », explique l’ancien Premier ministre qui estime que le projet vise à « légitimer l’Accord d’Alger ».
Soumana Sako met en garde contre toute tentative du pouvoir de réviser la constitution : « Et pourtant on les a prévenus, à l’époque, que l’Accord violait la constitution. Nous disons au président de la République et à son ami Me Kassoum Tapo de laisser cette constitution en paix dans l’intérêt de la démocratie malienne, dans l’intérêt du peuple malien et dans leur propre intérêt. Il ne faut pas qu’ils essaient de créer une situation de confusion… »
« Le Mali est aujourd’hui en réalité un condominium franco-algérien », croit savoir Soumana Sako. Il ajoutera que tout le problème du Nord est alimenté par le tiraillement entre ces deux pays. « Le Mali est devenu, avec l’accord d’Alger et ce régime, un pays à souveraineté limitée sous contrôle. Ce n’était pas ça le Mali que Modibo Keita et ses compagnons ont crée comme Etat indépendant le 22 septembre 1960», selon Sako.
Quelle est la solution à tous ces problèmes ? « Nous devons bâtir le Mali à l’aune de nos rêves, de nos ambitions. Il faut que tous les enfants du pays s’engage à reprendre en main le pouvoir en 2018 par la voie des urnes afin de remettre le Mali sur la trajectoire d’une croissance et un développement partagé qui profite d’abord à la grande majorité et remettre le Mali sur la trajectoire de grandeur », explique Soumana Sako sous les applaudissement nourris des militants de son parti.
Madiassa Kaba Diakité