Quatre entrants, quatre partants. Modibo Maiga, jusque-là en charge du Bureau des Enquêtes remplace Amadou Togola nommé Directeur général de la Douane en 2008. Aux Impôts, Amadou BalyTraoré, précédemment responsable du Bureau des Grandes Entreprises succède à Dionké Diarra en poste depuis 2003. A la Direction Générale des Marchés Publics, Sidi El Moctar Bah, conseiller technique au Ministère de l’Economie et des Finances remplace Satigui Sidibé dans sa 5è année de prise de service. Enfin, Imrane Abdoulaye, ingénieur de construction civile, est nommé Directeur National des Domaines et du Cadastre à la place de Moriba Coulibaly, inspecteur des impôts en poste depuis moins de trois ans. Alors sanctions ou logique d’alternance? Amadou Togola ne peut pas être parti parce qu’il a duré à ce poste puisqu’il n’a fait que trois ans, même s’il est vrai que ceux qui restent plus de quatre ans à la tête des Douanes maliennes ne sont pas légion. De même, le manque de performance ne peut-il être invoqué.
« Démodibisation » tous azimut ?
Car en 2009, dans une conjoncture adverse, l’administration des Douanes déclare des recettes de plus de 266 milliards Cfa sur une prévision de 260 milliards Cfa. En 2010, elle devait trouver 280 milliards Cfa. Elle a déclaré trois milliards de plus. Quid de la faute personnelle malgré les performances globalement bonnes? Impossible d’avoir là-dessus d’avoir des informations venant de sources autorisées. Mais pour l’opinion, le Directeur sortant est un proche de Modibo Sidibé.
Et l’ancien Premier ministre serait en train d’écouter, de tâter le pouls du pays avant toute décision d’être candidat à la présidentielle de 2012. ATT a décidé avant lui: Sidibé n’aurait pas de pompe à finances et serait logé à la même enseigne que les autres candidats. L’explication vaut, dans une large mesure, pour le Directeur sortant des Marchés publics. Satigui Sidibé, l’enfant de Yanfolila comme le mentor présumé, serait aussi un protégé de l’ex-Premier ministre. Plusieurs de ses collègues ne trouveront pas, cependant, son bilan élogieux.
On lui reproche notamment d’avoir supprimé le système collégial qui prévalait avant son arrivée aux affaires et qui assurait un degré de transparence dans les dossiers traités. Mais surtout, Satigui Sidibé, est inculpé dans l’affaire du Fonds mondial et les « grins » de Bamako trouvaient déjà anormal que mis en examen, il ait continué d’exercer la fonction qu’il vient de quitter. Comme Moriba Coulibaly, personne n’indexe Dionké Diarra comme proche de Modibo Sidibé. De plus, il est évident que le Mali a fait du progrès dans le domaine de la fiscalité intérieure : le cap des 320 milliards CFA franchis en 2009 et en 2010. En d’autres termes, les impôts assurant plus de recettes que les Douanes. C’est cela la norme mais cela ne fait pas longtemps que le pays est dans cette norme. A cette performance qui est loin par exemple de celle d’un pays comme le Sénégal, il faut ajouter la modernisation de l’administration fiscale. L’informatisation des Centres du District est achevée.
Celle des Régions est très avancée. Des efforts en communication pour réduire l’incivisme fiscal sont également à mettre sur le compte de Dionké Diarra qui sera tout de même resté huit ans… C’est loin du record d’un certain Makanguilé mais assez pour céder le fauteuil à un apparatchik : Amadou BalyTraoré. Ce dernier réputé bon professionnel du fisc aurait été « pénalisé » en raison de ses rapports familiaux avec le Président de la République dont il est le beau-frère. La peine est alors purgée. Mais mettons-nous à l’abri : le président semble avoir pris du plaisir à secouer le cocotier.
Adam Thiam
Le républicain 21/04/2011