Un haut responsable indien a exprimé l’espoir d’une bonne « alchimie » et le président américain a fait part de son impatience pour des discussions approfondies avec « un véritable ami ». La Maison Blanche rappelle inlassablement que les deux hommes ont « beaucoup de choses en commun ».
Le magnat de l’immobilier de New York et le nationaliste hindou « se sont présentés comme des outsiders, ont promis des emplois et assuré qu’ils voulaient que leurs pays respectifs soient (de nouveau) respectés », rappelle Tanvi Madan de la Brookings Institution.
Ils sont aussi « sceptiques sur les médias (…) et ont largement recours aux réseaux sociaux pour s’adresser directement à leur base », ajoute-t-elle. M. Trump compte plus de 32 millions d’abonnés sur Twitter, M. Modi est juste derrière avec près de 31 millions.
Après une rencontre dans le Bureau ovale en milieu d’après-midi, les deux hommes partageront un dîner à la Maison Blanche. Si des déclarations sont annoncées, aucune conférence de presse n’est prévue.
Cette décision, qui contraste avec le déroulement des visites de nombre d’autres leaders, telle que celle du Premier ministre japonais Shinzo Abe, pourrait s’expliquer par la volonté de la Maison Blanche d’éviter une rafale de questions sur l’enquête russe qui empoisonne le début de mandat du républicain septuagénaire.
Les points de désaccord entre MM. Trump et Modi sont réels. Au premier rang d’entre eux figure l’épineux dossier des visas H-1B, que Donald Trump, élu sur la promesse de donner la priorité aux Américains, entend réformer. Ces derniers constituent de précieux sésames pour des milliers d’Indiens hautement qualifiés attirés par la Silicon Valley.
– ‘Avancées tweetables’ –
L’accord de Paris sur la climat, que le président américain vient de quitter avec fracas, est aussi un point de contentieux. D’autant que les critiques du locataire de la Maison Blanche, qui a accusé l’Inde de bénéficier d’un traitement de faveur, ne sont pas passées inaperçues à Delhi.
Plus largement, le flou qui entoure toujours – plus de cinq mois après son arrivée au pouvoir – la politique étrangère de Trump, en particulier sur l’Asie, inquiète.
Mais tout semble indiquer que les deux hommes tenteront, en public, de jouer la carte de l’unité.
L’objectif central de M. Modi est simple: « S’assurer que les Etats-Unis soient attentifs à l’Inde et que la nouvelle administration s’inscrive dans la continuité de la précédente », souligne Shailesh Kumar, du centre Eurasia Group. Et ce dernier de prédire « une offensive de charme » du leader indien.
M. Modi, qui s’était vu refuser en 2005 l’entrée aux Etats-Unis à la suite d’émeutes anti-musulmanes ayant ensanglanté l’Etat du Gujarat qu’il dirigeait en 2002, avait bâti une relation forte avec Barack Obama.
« Modi essaiera de donner à Trump des avancées +tweetables+ », souligne de son côté Tanvi Madan.
Dans le secteur de la défense, une annonce pourrait intervenir sur la vente à Delhi par le groupe General Atomics de drones militaires pour une valeur totale de plus de deux milliards de dollars.
La Maison Blanche se refuse à commenter toute vente d’armes avant d’en avoir officiellement informé le Congrès, mais souligne-t-elle, « la coopération dans le secteur de la défense est extrêmement importante pour les deux pays ».
Les questions de sécurité régionale figureront en bonne place dans les entretiens, alors que Washington envisage de déployer 5.000 soldats supplémentaires en Afghanistan.
« L’Inde a joué un rôle positif en Afghanistan », souligne un responsable américain, rappelant que que Delhi s’est engagée au total sur une aide de plus de 3 milliards de dollars.
Le Pakistan, grand rival de l’Inde, est régulièrement accusé par l’Afghanistan de parrainer l’insurrection talibane.
(©AFP / 26 juin 2017 07h21)