Dominique Strauss-Kahn inculpé d’agression sexuelle à New York.

Le patron du FMI est actuellement le favori des sondages pour l’élection présidentielle française, en 2012. Il est au nombre des prétendants à l’investiture du Parti socialiste. Il avait récemment séjourné à Paris pour préparer un probable dépôt de candidature.

Une plainte à son encontre a été déposée samedi par une femme de chambre de 32 ans travaillant à l’hôtel Sofitel situé dans la 44e Rue Ouest, au coeur de Manhattan, a annoncé Paul Browne, porte-parole de la police de New York.

Interrogé par courrier électronique, Benjamin Brafman, l’avocat chargé de le représenter à New York, a annoncé à Reuters qu’il plaiderait non coupable.

Le FMI a fait savoir dans un communiqué qu’il restait « pleinement opérationnel » mais n’a fait aucun commentaire sur l’arrestation de son directeur général.

Selon le récit des faits fourni par le porte-parole de la police de New York, Dominique Strauss-Kahn serait sorti nu de la salle de bains de sa chambre, aurait rejoint la femme de ménage dans la salle de séjour où elle se trouvait et l’aurait forcée à gagner la chambre où il aurait tenté de la violer.

La jeune femme a raconté s’être débattue, mais Dominique Strauss-Kahn l’aurait alors entraînée vers la salle de bains et aurait tenté de l’agresser sexuellement. Il aurait également tenté d’empêcher sa fuite en verrouillant la porte de la chambre.

La jeune femme est parvenue à se dégager et à donner l’alerte, provoquant ce qui ressemble à un départ précipité de Dominique Strauss-Kahn.

« La police de New York s’est rendue compte qu’il avait fui, il avait oublié son téléphone portable », a dit Paul Browne.

« Nous avons appris qu’il se trouvait à bord d’un avion d’Air France. Ils ont retardé le départ de l’avion, il a été débarqué et placé en détention pour interrogatoire », a-t-il ajouté.

Le responsable a précisé que le directeur général du FMI ne bénéficiait pas de l’immunité diplomatique.

La femme de chambre a été conduite par le service des urgences médicales à l’hôpital Roosevelt où elle a été soignée pour des blessures superficielles, a encore précisé Browne.

Citant un porte-parole de Port Authority, l’organisation gouvernementale gérant les infrastructures de transports de New York et du New Jersey, le New York Times précise que Dominique Strauss-Kahn a été appréhendé à 16h45 par des employés des autorités portuaires de la ville quelques minutes avant le décollage d’un vol d’Air France à destination de Paris.

Le patron du FMI devait rencontrer dimanche la chancelière allemande Angela Merkel à Berlin. L’entretien a été annulé et le FMI n’a pas prévu de remplaçant, a-t-on appris de sources gouvernementales allemandes.

Nommé le 1er novembre 2007 à la tête du FMI, Dominique Strauss-Kahn avait été mis en cause en 2008 pour une relation extraconjugale avec l’une de ses subordonnées, Piroska Nagy, cadre d’origine hongroise employée au département Afrique du FMI.

Une enquête interne avait conclu à l’absence d' »abus d’autorité » mais Dominique Strauss-Kahn avait présenté des excuses publiques en reconnaissant « une erreur de jugement ».

Cette affaire intervient alors que plusieurs médias français ont publié des informations sur le « train de vie » du patron du FMI après la diffusion d’une photo prise à Paris, lors de son récent séjour, le montrant aux abords d’une voiture de luxe, une Porsche.

Dominique Strauss-Kahn a assigné en justice le journal France Soir « à la suite de la publication de fausses informations relatives à son train de vie ».

Le patron du FMI s’est vu régulièrement contraint de lutter contre son image de « gauche paillettes » mais aussi sa réputation tenace de séducteur.

La classe politique française, sidérée, a invoqué dimanche dans sa majorité le respect de la présomption d’innocence mais des élus ont déploré une affaire « grave pour l’image de la France ». La dirigeante du Front national, Marine Le Pen, a estimé que Dominique Strauss-Kahn était durablement discrédité.

La présidence française s’est refusée à tout commentaire et le gouvernement a invité à observer « une extraordinaire prudence » face aux accusations visant Dominique Strauss-Kahn.

Service France, édité par Elizabeth Pineau et Sophie Louet
16/05/2011