Nous sommes un mardi de la dernière quinzaine du mois de novembre 2010. Les pèlerins maliens rentrent au bercail après de longues semaines passées en terre saoudienne pour des raisons religieuses. A l’aéroport international de Djedda, chaque pèlerin, tout comme ses bagages, passe au contrôle au scanneur. L’opération de contrôle est brusquement arrêtée par la saisie d’un colis suspect sur un pèlerin malien.
Pour diligenter les opérations, à l’aide d’un traducteur, les services de contrôles avaient demandé à chaque passager de se débarrasser de tout objet tranchant comme lame, coupe-ongle, ciseaux, épingle, etc. Un pèlerin a réussi à glisser dans le panier devant passer devant le scanner son amulette qu’il avait jalousement gardée hors de toute indiscrétion pendant tout le séjour.
Pris de panique par un objet jamais connu jusqu’ici, les jeunes douaniers ont automatiquement tiré la sonnette d’alarme et l’ambassade du Mali fut rapidement saisie pour des explications. Pour autant, les jeunes gabelous saoudiens ont éventré le fétiche dans lequel ils ont découvert une poudre noire et une large feuille de papier plié portant des signes qui ressemblent bien à des idéogrammes et des mentions en arabe. A la suite d’échanges téléphoniques, l’ambassade aurait pu convaincre les douaniers qu’il ne s’agissait pas d’un colis dangereux, mais plutôt d’un gris-gris. Couvert de honte, le propriétaire ne s’est point présenté pour réclamer son compagnon de longue date.
Même à la Mecque, « des musulmans pratiquants » ne se séparent jamais de leurs idoles.
Markatié Daou
L’ Indicateur Renouveau 13/01/2011