District de Bamako:Les patrouilles nocturnes, sources d’enrichissement pour certains policiers

Avec le grand banditisme qui, depuis un certain temps, a pris de l’ampleur à Bamako, les autorités policières (du temps de l’ancien directeur général de la police, Niamé Keïta) avaient décidé de prendre ce problème à bras-le-corps pour permettre aux populations bamakoises de se sentir en sécurité chez elles.

En effet, elles avaient doté les différents commissariats de la capitale en véhicules de patrouille et avaient multiplié les équipes de patrouille dans les éventuels « nids de bandits » et autres endroits dangereux de la capitale. Ces mêmes patrouilles sillonnaient les différents quartiers de la capitale de leur ressort,  et le citoyen lambda avait commencé à se sentir en sécurité chez lui. Cette initiative des autorités policières avait permis le démantèlement de plusieurs réseaux de malfrats et l’arrestation de bandits de tout acabit.

L’on se rappelle qu’avec le phénomène des motos Jakarta, certains groupes de malfrats s’étaient spécialisés dans les vols de ces engins chinois très « convoités »  avec souvent à la clé des paisibles citoyens agressés, blessés et souvent même tués à cause de leurs motos. Aussi, circuler à certaines heures en moto était devenu très dangereux dans certains endroits de la capitale.

En dotant les différents commissariats de la capitale de moyens de patrouille et en instruisant leurs éléments à multiplier les patrouilles nocturnes, les autorités policières avaient enlevé une grosse épine du pied des paisibles populations qui  ne savaient plus à quel saint se vouer. Du coup, plusieurs malfrats ont été arrêtés, plusieurs motos et objets de toutes sortes volés ont été retrouvés et les populations, qui ne dormaient plus que d’un œil, avaient retrouvé un sommeil normal.

Mais ce sommeil normal n’aura été que de courte durée car ces patrouilles policières sont en train de perdre la raison de leur profession du fait du comportement de certaines recrues  qui ne pensent qu’au gain facile et indu. Au lieu de sillonner les endroits dangereux de la capitale, les équipes de patrouille de certains de nos commissariats ne se « pointent » qu’au niveau des rues où elles peuvent facilement « cueillir » de jeunes ruraux et des aides ménagères et autres qui, pour la plus part, font du gardiennage, du petit commerce ou de petits travaux, et qui, le plus souvent, ne possèdent pas de pièces d’identité. Certains d’entre eux, même en possession des dites pièces, prennent la fuite dès qu’ils aperçoivent des policiers puisqu’ils leur seule vue entraîne chez eux une panique générale.

Ce jeune originaire de Bougouni habitant Niamakoro Cité UNOICEF  témoigne de la mésaventure qu’il a subie il y a seulement quelques semaines. Selon lui, un soir, pendant qu’il raccompagnait ses amis, ils sont tombés sur une patrouille policière. Parmi ses amis, certains étaient en possession de leurs cartes d’identité, mais les autres pas. Alors ceux qui n’en avaient pas prirent la fuite. Cependant, les policiers n’en ont pas démordu : ils trouvèrent une astuce en prétendant que ces derniers étaient en « racolage » puisqu’il y’ vait parmi eux des filles. Aussi les ont-ils obligés à payer 3 000 FCFA chacun, sans quoi, ils les traîneraient au commissariat.

Notre jeune de Bougouni, qui en avait jusqu’à la gorge après la police, déclare s’être chamaillé un soir avec une équipe de policiers de la même localité qui effectuaient leur patrouille à motos. Au moment où il passait vers l’auto gare de Sogoniko (un endroit fréquenté par des « belles de nuit »), il fut « arrêté » par une équipe de trois policiers qui disaient être en patrouille à moto, tout simplement parce qu’il s’est arrêté à côté de ces filles pour répondre à un appel téléphonique.

Bien qu’il ait présenté toutes les pièces qu’ils ont demandées, les policiers évoquèrent inventèrent une astuce pour lui soutirer de l’argent : « incitation sur la voie publique », alors qu’il était juste en train de téléphoner. Alors, ils lui affirmèrent qu’une telle infraction est réparée avec une somme de 6 000 FCFA. Alors il leur savoir qu’étant donné qu’il n’a commis aucune infraction, il n’a rien à payer. Il a donc suivi les policiers jusqu’à leur poste où le chef de poste l’a immédiatement donné raison et l’a laissé partir.

Il s’agit là de témoignages parmi tant d’autres sur les comportements peu orthodoxes de certains de nos agents de police qui ont mis leur mission de côté pour se tourner vers le gain facile. Les patrouilles nocturnes sont ainsi devenus le meilleur moyen pour eux de gagner de l’argent, car celles-ci se font en dehors de leurs commissariats et  à l’insu de leurs chefs.

Par D. Diama

Le Coq 08/07/2011