C’est un Président de la République, au mieux de sa forme, visiblement déterminé pour l’atteinte de la grandeur du Mali et conscient des multiples défis à relever qui s’est adressé à ses compatriotes à l’orée de la nouvelle année 2017. Dans une allocution couchée sur 6 pages, le Président IBK a fortement exprimé sa volonté d’entretenir la flamme de la fierté nationale, son devoir de prêter une ouïe attentive aux préoccupations du peuple et de persuader au rassemblement, son souhait de voir en action , tous les citoyens maliens, au pied de l’édifice national. En vrai artisan de la paix et la sécurité, le locataire de Koulouba a promis aux Maliens la tenue d’une Conférence d’Entente Nationale dès le 1er trimestre 2017. Aussi, l’amélioration des conditions des agents de l’Etat, celle des couches moins favorisées, la révision de la Loi fondamentale, la création d’une 2eme Chambre à l’Assemblée, rien ou presque n’a échappé au Président dans sa méditation du nouvel an. Les défis à relever sont certes nombreux. Et le Président se dit loin de désarmer. Nous vous proposons une lecture intégrale de son discours.
Mes chers compatriotes,
Dans quelques jours s’ouvrira le 27ème Sommet Afrique-France, le deuxième que notre pays s’honore d’accueillir en l’espace de douze ans. L’organisation d’un événement de cette envergure dans notre capitale n’aurait pas été possible sans l’amitié et la confiance à nous témoignées par nos partenaires français, et tout particulièrement par le président François Hollande. Elle n’aurait pas été non plus possible si nos frères africains ne nous avaient pas solidairement accompagné dans nos efforts pour revenir à l’avant-scène politique et diplomatique mondiale.
Mes chers compatriotes,
Amis et hôtes du Mali,
Je voudrais tout d’abord rendre grâce à Allah le Tout Puissant qui dans sa Magnanimité et sa Miséricorde nous accorde une fois de plus de vivre ce moment solennel. Je voudrais aussi à l’orée de la nouvelle année avoir une pensée profondément émue pour celles et ceux de nos compatriotes qui subissent les rigueurs de la maladie, de l’épreuve ou de l’éloignement. Je voudrais enfin nous souhaiter de préserver tous ensemble notre pays dans ce qu’il a de plus grand et de plus précieux, de le préserver toujours plus accueillant et fraternel pour ceux qui nous font l’amitié de nous rendre visite ou d’y vivre avec nous.
Mes chers compatriotes,
Les difficultés n’ont pas épargné le Mali au cours de l’année écoulée.Certaines étaient prévisibles, d’autres ont parfois revêtu une gravité inattendue.A chaque problème rencontré, nous nous sommes attachés avec diligence à apporter la réponse idoine, à opposer la riposte adaptée. Je tiens à dire que l’extraordinaire résilience que la nation malienne a développée ces dernières années face à un sort qui lui a été souvent contraire n’est pas synonyme de résistance passive. Cette résilience traduit la volonté du Mali de rester constamment en position d’initiative dans la gestion de son destin.
A cet égard et en tant que Président de la République, il me revient d’entretenir chez nos compatriotes la flamme de la fierté nationale. Il me revient aussi de les empêcher d’abdiquer de la confiance et de l’espérance. Je l’ai dit à de multiples reprises, l’exercice de la très haute fonction que notre peuple m’a confiée m’impose le devoir de cultiver l’écoute et de persuader au rassemblement. Tous les actes que j’ai posé s’inscrivent dans cette logique.Toutes les actions que j’initierai s’y conformeront aussi. Je souhaite donc que l’ensemble des forces politiques et sociales de notre pays me rejoigne dans l’effort solidaire qui permettra à notre pays de reconquérir son rang.
Mes chers compatriotes,
Lors de mon adresse à la Nation du 22 septembre dernier, j’avais souligné que parmi les défis qu’affronte la Nation, trois retiennent tout particulièrement mon attention. Celui du rétablissement de la paix et de la sécurité. Celui de la préservation de la cohésion nationale.Et celui de la prise en charge de la demande sociale.Ces trois objectifs resteront prioritaires en 2017. Concernant le premier d’entre eux, la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger connaît certes des retards.
Ceux-ci ne sont toutefois pas le fait du Gouvernement du Mali. Celui-ci s’impliquera encore davantage dans le retour de la stabilité au Nord de notre pays. C’est ainsi qu’au cours du premier trimestre 2017 seront installées les autorités intérimaires dans toutes les localités où n’ont pu être organisées les élections communales. Cette opération, lorsqu’elle sera terminée, accélérera le redéploiement de l’Administration et facilitera la réinstallation des services sociaux de base. Elle permettra aussi l’organisation plus efficiente du retour et de la réintégration de nos concitoyens réfugiés ou déplacés.
Mes chers compatriotes,
Un jalon important dans la réhabilitation de la cohésion sociale et du vivre ensemble au Mali sera posé avec la tenue au mois de mars 2017 de la Conférence d’Entente Nationale. Ainsi que cela est spécifié dans l’Accord pour la paix et la réconciliation, cette Conférence doit « permettre un débat approfondi entre les composantes de la Nation malienne sur les causes profondes du conflit » au Nord du Mali. C’est donc à un exercice décisif pour notre devenir que sont conviés sans exclusive les fils et les filles de ce pays.
Personnellement, je fonde un très grand espoir sur les échanges qui vont s’instaurer et sur les conclusions de la Conférence. Cette dernière devra notamment produire une Charte pour la Paix, l’Unité et la Réconciliation, Charte élaborée sur une base consensuelle. Si les travaux se déroulent dans un esprit positif, si le diagnostic national s’énonce sans récriminations, ni polémiques superflues, si les participants s’exemptent de tout agenda personnel, le Mali administrera une fois de plus la preuve de sa capacité à surmonter l’adversité quel qu’elle soit.
Mes chers compatriotes,
Notre sécurité se fortifiera, certes, dans le langage commun retrouvé par les Maliennes et les Maliens. Mais elle se construit déjà sur l’engagement et la bravoure de nos forces armées et de sécurité. Celles-ci démontrent chaque jour davantage qu’elles intègrent les exigences qu’impose leur guerre contre un ennemi qui ne recule devant aucun acte de barbarie. Je tiens à rendre ici un hommage particulièrement appuyé au réarmement moral qui caractérise le comportement de nos troupes sur des théâtres d’opération extrêmement difficiles. Je puis assurer nos braves soldats que la Nation malienne ne lésinera pas sur les moyens à mettre à leur disposition pour qu’ils accomplissent leur devoir sacré. Comme l’atteste l’acquisition récente de deux avions de transport et de deux hélicoptères de manoeuvre qui vont accroître de manière significative les capacités opérationnelles des FAMas.
Mes chers compatriotes,
L’impératif toujours pressant du rétablissement de la sécurité et la nécessité de raffermir la cohésion nationale ne me font pas perdre de vue l’acuité de la demande sociale. Malgré les ressources limitées de notre pays, il est indispensable de faire plus en faveur des couches les moins favorisées de nos populations. Il est également impératif de réduire des inégalités inacceptables dont sont victimes nombre de Maliens dans l’accès aux services sociaux de base.
Comme vous le savez, dans notre souci de préserver autant que possible le pouvoir d’achat grâce à une politique constante de soutien à la consommation, les prix des denrées de première nécessité ainsi que ceux des céréales restent dans leur ensemble inférieurs à ceux pratiqués dans la région ouest-africaine. De même dans le domaine de l’amélioration des conditions de vie et de travail des agents de l’Etat, nous avons procédé à une augmentation du point d’indice des fonctionnaires de 20% sur la période 2015-2017. Ces mesures ont été renforcées par une baisse de huit points sur le taux d’impôt sur les traitements et salaires. Et de 2013 à ce jour, l’incidence financière pour l’Etat de l’octroi des primes et émoluments aux agents publics s’élève à 75 milliards de francs CFA.
C’est dans le même souci que je procéderai dès le premier trimestre 2017 au lancement d’un Programme d’Urgences Sociales. Ce Programme, qui s’étendra sur la période 2017-2020, concernera plus particulièrement les secteurs de l’eau, de l’éducation, de l’énergie, de la santé et des pistes rurales. Il comportera une série d’opérations et de réalisations dont les retombées seront immédiatement perceptibles pour les bénéficiaires.
Ainsi un programme de généralisation de cantines scolaires sera exécuté au cours de la période ci-dessus indiquée. Dès la rentrée prochaine une action couvrant l’intégralité du territoire national offrira fournitures et équipements scolaires aux enfants des ménages les plus démunis. Une Opération « Seconde Chance » démarrera dès 2017 et prodiguera en relation avec le personnel enseignant des cours de soutien aux élèves des classes d’examen.
Le taux d’accès à l’énergie sera relevé grâce à un vaste programme d’implantation de centrales d’énergie solaire et de centrales hybrides. Un partenariat public-privé assurera le financement de cette initiative et il est prévu d’assurer une forte implication des femmes dans la gestion et dans la maintenance des installations énergétiques.
L’accès à l’eau – accès tout à la fois géographique et financier – sera facilité pour les populations à faibles revenus par la multiplication des aménagements et des points d’eau, y compris en milieu urbain et semi urbain. C’est-à-dire là où les populations déjà en difficulté payent l’eau quatre à cinq fois plus cher qu’un abonné ordinaire.
D’autres actions sont inscrites au Programme d’Urgences Sociales et seront détaillées en temps opportun. Toutes reposeront sur des investissements de proximité qui amélioreront de manière rapide et significative le quotidien des bénéficiaires.
Mes chers compatriotes,
Les leçons tirées de la crise sécuritaire et institutionnelle qui a frappé en 2012 notre pays et déstabilisé nos institutions, les lacunes et insuffisances relevées dans notre Loi fondamentale tant par la Cour Constitutionnelle que par les acteurs politiques et la société civile, la prise en compte des réformes prévues dans l’Accord pour la paix et la Réconciliation constituent trois exigences qui rendent incontournable la révision de notre Constitution. Aussi je ferai déposer sur le bureau de l’Assemblée Nationale dès l’ouverture de la prochaine session parlementaire un projet de loi portant révision de la Constitution.
Les propositions faites dans ce projet de loi visent en premier lieu le renforcement de l’Etat et de la souveraineté de la Nation. Elles se donnent ensuite comme finalité de fortifier les Institutions de la République en assurant leur permanence et leur continuité, en clarifiant leurs rapports ainsi qu’une organisation rationnelle et efficiente des pouvoirs publics.
Le projet de loi garantira enfin, l’indépendance du pouvoir judiciaire, sa séparation du pouvoir exécutif et du pouvoir législatif, lequel sera renforcé par la création d’une deuxième chambre. Le Parlement qui sera désormais composé de l’Assemblée Nationale et du Sénat assurera ainsi, pour le plus grand confort de notre démocratie, une meilleure représentation de nos populations.
Celles-ci pourront par ailleurs, dans le respect de leurs diversités et de leurs particularités, assurer leur plein épanouissement à travers des collectivités territoriales décentralisées dont le principe de la libre administration est reconnu et garanti par la Loi Fondamentale.
Depuis toujours le Mali a été une Grande Nation, constituée depuis fort longtemps en Etat organisé sur une terre de vieille civilisation, de communautés multiples, riches de leurs diversités culturelles, ethniques, régionales, religieuses, vivant ensemble en paix et sur le même territoire.
Je suis garant du respect de cette diversité qui constitue notre commune richesse qui doit s’exprimer harmonieusement dans le respect de l’unité nationale et l’intégrité territoriale.
Je tiens à l’expression de ce double principe de l’unité et de la diversité qui constitue une condition fondamentale de la Paix, dans les nouvelles dispositions constitutionnelles régissant les collectivités territoriales dont les compétences, les modalités de libre administration, les ressources et éventuellement les Statuts particuliers dont elles peuvent faire l’objet, seront définis par la loi.
Si la révision de la Constitution vise à renforcer l’Etat et la Souveraineté, à conforter notre démocratie par le renforcement des Institutions, elle n’en assure pas moins la garantie et le respect des droits et libertés fondamentales reconnus aux citoyens.
En effet, les droits et devoirs du citoyen seront renforcés par la reconnaissance de certains droits nouveaux, notamment par rapport au genre et au droit de l’environnement, et par la référence aux Grandes Conventions Internationales et Africaines proclamant et garantissant les droits et libertés fondamentales de l’Homme.
Enfin, la Cour Constitutionnelle, garante du respect de ces droits humains et des libertés individuelles, retrouvera la place qui lui échoit dans la hiérarchie des normes et des Institutions et les pouvoirs nécessaires pour l’accomplissement de cette mission par la possibilité qui lui sera désormais reconnue d’exercer un contrôle de constitutionnalité dans ce domaine par la voie d’exception. La QPC (question préalable de constitutionnalité) en sera l’un des outils.
Mes chers compatriotes,
Le proche passé nous a instruit sur les préventions, les inquiétudes et les procès d’intention qui accompagnent inévitablement tout projet de révision constitutionnelle. Mais je puis vous assurer que les propositions de modification de la Constitution de la IIIème République du Mali n’ont d’autre justification que la défense des intérêts supérieurs de notre pays. Elles n’ont d’autres objectifs que le renforcement de nos Institutions, de l’Etat de droit et de la démocratie ainsi que la préservation de la paix.
Le peuple sera d’ailleurs l’arbitre ultime du bien-fondé de l’initiative puisqu’après son adoption par la Représentation nationale, la Loi fondamentale révisée sera soumise à l’approbation de nos concitoyens par référendum.
Mes chers compatriotes,
Dans quelques jours s’ouvrira le 27ème Sommet Afrique-France, le deuxième que notre pays s’honore d’accueillir en l’espace de douze ans. L’organisation d’un événement de cette envergure dans notre capitale n’aurait pas été possible sans l’amitié et la confiance à nous témoignées par nos partenaires français, et tout particulièrement par le président François Hollande. Elle n’aurait pas été non plus possible si nos frères africains ne nous avaient pas solidairement accompagné dans nos efforts pour revenir à l’avant-scène politique et diplomatique mondiale.
Mes chers compatriotes,
Nous avons donc une immense dette de gratitude envers nos hôtes. Nous nous en acquitterons partiellement en leur démontrant qu’ils ne se sont mépris ni sur notre légendaire sens de l’hospitalité, ni sur notre capacité à assumer les grands défis d’organisation. Je nous sais capables de remplir cette double obligation.
Mes chers compatriotes,
2017 sera encore pour nous une année de challenges à relever. Il ne peut en être autrement si nous gardons à l’esprit d’où nous sommes partis et où nous ambitionnons d’arriver. Les objectifs que nous visons, notamment dans le rétablissement de la sécurité et de la stabilité, dans la préservation de la cohésion sociale ainsi que dans l’amélioration du quotidien des populations, ne sont pas au-dessus de nos intelligences et de nos énergies. Nous les atteindrons en maintenant au cœur de toutes nos actions le souci du pays et l’acceptation de l’effort solidaire.
A mes compatriotes de l’extérieur,
Je salue votre dévouement pour le Mali, vous contribuez grandement aux efforts de développement de notre pays. J’ai entendu votre message, je comprends vos attentes et j’ai pris la mesure de vos frustrations, je vous donne l’assurance que j’en tirerais très bientôt toutes les conséquences.
Mes chers compatriotes,
Amis et hôtes du Mali,
A vous tous je souhaite une bonne et heureuse année 2017.
Qu’Allah le Tout Puissant bénisse notre terre malienne.
Vive La République.
Vive le Mali.
Je vous remercie.