Quelques heures après l’agression dont a été victime le président de la transition, Dioncounda Traoré, au palais de Koulouba, le Premier ministre a décidé de sortir de son silence jugé complice. « Si nous continuons à ce rythme, le pays va sombrer dans le chaos et dans la jungle. Ce qui est inacceptable dans un pays de droit, dans une nation de dialogue comme le Mali », a mis en garde Cheick Modibo Diarra dans une déclaration à la télévision malienne.
Et de dire qu’ »il est temps de nous ressaisir pour nous mettre au travail parce que le monde entier regarde notre pays. Les Maliens ne peuvent pas et ne doivent pas accepter de se donner en spectacle ». Il a reconnu avoir reçu les représentants des manifestants et leur avoir donné l’assurance de transmettre leur message à son destinataire.
Pour la première fois, il a reconnu que l’accord sur la transition est conforme à l’accord-cadre qui a été accepté par l’ensemble des Forces vives de la nation, rappelant que la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) et la Comité national pour le redressement de la démocratie et la restauration de l’Etat (CNRDRE, ex-junte) doivent discuter de la transition à la fin de la période d’intérim.
Il a aussi souligné sur le fait qu’aucun Malien n’a intérêt à exposer le pays à l’embargo de la Cédéao et aux sanctions internationales. « Aujourd’hui, le gouvernement œuvre inlassablement à trouver les voies et moyens de soulager les Maliens, de tirer le pays de cette crise. Les uns et les autres doivent alors éviter de nous mettre les bâtons (…) », a conseillé M. Diarra.
Il a aussi appelé les Maliens à ne pas « suivre ce qui vous demande de vous attaquer aux biens de l’Etat, de marcher (…) Mettons-nous au travail ». Le Premier ministre de la transition a aussi appelé la presse nationale, surtout les radios privées de proximité, à plus de responsabilité et à plus de professionnalisme pour ne pas jeter l’huile sur le feu.
Le chef du gouvernement a exhorté les Maliens, notamment les populations de la capitale, à vaquer tranquillement à leurs occupations, à refuser de se laisser distraire ou de suivre n’importe qui. Pour lui, la priorité doit être à l’unité pour surmonter la crise politique et libérer les régions du nord-Mali.
Malheureusement, ces « belles paroles » ont été froidement accueillies par certains Maliens qui pensent qu’elles cachent mal une opération de rachat d’un PM qui est totalement responsable des dérapages de lundi pour n’avoir rien fait pour les empêcher alors que tout le monde entier les a vus venir.
Abdoulaye Diakité
L’ Indicateur Du Renouveau 23/05/2012