Le suspense a duré plusieurs heures entre la nouvelle de l’adresse à la Nation du Président de la République et sa tenue à 21 h 30. Elle a suscité un grand espoir avant de laisser pantois un grand nombre de citoyens parce que les questions majeures ont été reléguées au second plan. IBK a-t-il réellement conscience du danger qui guette notre pays ? Ne devrait-il pas faire des annonces fortes pour atténuer la tension sociopolitique ?
La question que beaucoup se posent est celle de savoir si IBK mesure la gravité de la situation qui prévaut au Mali. Alors qu’on s’attendait à des solutions fortes aux questions majeures, c’est un discours classique qu’il a tenu. Un discours ni d’apaisement, ni de rassemblement, encore moins de propositions concrètes aux revendications légitimes. En écoutant le discours du Président IBK, on a l’impression qu’il s’est adressé à un autre peuple différent de celui du Mali. A l’entame de ses propos, la phrase qui était pour lui un refrain, à savoir Bissimila Rahamane Rahimi, a été superbement oubliée, tout comme les multiples morts au nord comme au centre, relégués au second plan pour accorder à l’incendie de l’Eglise notre Dame de Paris la priorité. A ces erreurs sciemment commises, s’ajouteraient la mise aux oubliettes des revendications de la classe politique et de la société civile relative au départ du Gouvernement.
En effet, à quelques encablures de la motion de censure déposée conjointement par les députés de la Majorité et ceux de l’opposition à l’Assemblée Nationale contre le gouvernement, le Président de la République n’a même pas fait cas de cette actualité cruciale. Il n’a non plus pas rassuré les milliers de personnes sorties le vendredi 5 avril 2019 à l’appel de l’Imam Dicko et du Chérif de Nioro. Il a botté en touche les revendications corporatistes pour mettre un accent sur celles des enseignants dont il se glorifie d’avoir seulement débloqué les salaires. Alors que les enseignants veulent la satisfaction totale et entière de leurs trois points de revendication.
Dans le discours du Président de la République, les massacres d’Ogossagou, de Dioura et de tout le centre ont été évoqués et des décisions ont été annoncées comme d’habitude sans convaincre. Il a annoncé la dissolution de toutes les milices, alors que celle relative aux chasseurs Dana Ambassagou refuse catégoriquement de déposer les armes.
Le discours du Président IBK pourrait certainement satisfaire la communauté internationale avec la France en tête, pour leur participation aux côtés des Maliens dans la lutte contre le terrorisme. IBK a été reconnaissant envers les forces étrangères, à savoir la MINUSMA et Barkhane, qui se battent pour la stabilisation du Mali. Cette reconnaissance qui a tout l’air d’une réplique à ceux qui demandent le départ des forces étrangères.
En somme, le discours du Président de la République, n’a pas donné les résultats escomptés. L’espoir d’une sortie de crise semble être renvoyé aux calendes grecques. Les risques d’une exacerbation sont toujours perceptibles.
Youssouf Sissoko
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