Nul ne peut empêcher un homme d’atteindre son destin. Le cas Dioncounda Traoré est symptomatique de cette assertion. En effet, candidat à l’élection présidentielle de 2012 et faisant parti du quatuor de tête avec Soumaïla Cissé, Modibo Sidibé et Ibrahim Boubacar Kéita avec une chance réelle d’être élu, le destin de l’enfant de Nioro bascule un soir du 06 avril 2012 quand sous la pression de la CEDEAO et des institutions internationales la junte militaire a été obligée de céder le pouvoir se mettant au diapason de l’ordre constitutionnel. Que d’efforts ! Que de recul démocratique ! Mais un peuple ragaillardi par la décision courageuse des militaires d’avoir sauvé le Mali de la dictature d’ATT et d’avoir déposé cet homme extrêmement dangereux qui aura trahi son peuple. Basta, dynastie ATT !
La constitution en son article 36 stipule : « … En cas de vacances de la présidence de la République, pour quelque cause que ce soit ou d’empêchement absolu, ou définitif, constaté par la Cour constitutionnelle, saisie par le par le président de l’Assemblée nationale et le Premier ministre, les fonctions du président de la république sont exercées par le Président de l’Assemblée Nationale. Il est procédé à l’élection d’un nouveau président pour une nouvelle période de cinq ans. L’élection du nouveau président a lieu vingt et un jours au moins et quarante jours au plus après constatation officielle de la vacance ou du caractère définitif de l’empêchement… »
Quarante cinq minutes après son arrivée au Mali, Dioncounda Traoré a rencontré Djibril Bassolé Après la nomination d’un premier ministre et la mise en place du gouvernement de mission, la priorité du nouveau président est le règlement de la crise au nord.
Dans sa première déclaration, Dioncounda Traoré a dit que notre pays a besoins de l’unité et de la solidarité et de retrouver son armée. La France a indiqué que le nouveau gouvernement peut compter sur elle. Le Mouvement populaire de libération de l’Azawad se dit prêt à négocier qu’à affronter. Les Salafistes commencent à distribuer des vivres à certaines populations du nord pour avoir leur sympathie. Pour Amadou Aya Sanogo, l’intégrité territoriale du Mali est une question clé : « Je ne ménagerai aucun effort pour recouvrer l’intégrité territoriale du Mali. J’ai besoin de la logistique, je n’ai pas besoin des troupes au sol » a t-il déclaré.
Dioncounda Traoré a deux missions essentielles : la crise au nord et les élections. Cela est d’autant plus vrai que le laxisme et la complicité de l’ancien président avec les rebelles sont à l’origine du coup de force des militaires le 22 mars 2012. Les élections aussi parce que le Mali était à quelques encablures de l’élections présidentielle prévue pour le 29 avril 2012 quand les militaires ont mis fin à la bouffonnerie de ATT.
Dioncounda a l’obligation de réussir cette mission d’abord pour l’apaisement mais aussi que la confiance revienne dans une armée divisée et profondément marquée par les défaites militaires au nord du fait de ATT. Pour cela il doit choisir des hommes crédibles pétris d’un élan de patriotisme ayant une conscience professionnelle au dessus de la moyenne. Il ne doit pas porter ses choix sur des hommes qui ont déjà été vus à l’oeuvre et qui ont montré leurs limites, mais des cadres qui ont souci de faire leurs preuves et veulent travailler pour l’amour et honneur de notre pays.
Issiaka Sidibé
Le Matinal 10/04/2012