Dioncounda Traoré a été investi hier jeudi président par intérim du Mali pour une durée de quarante jours, comme le prévoit la loi. L’ancien président de l’Assemblée nationale a prêté serment lors d’une cérémonie au Centre international de conférence de Bamako, à laquelle participait une centaine de personnes, dont le chef de l’ex-junte, le capitaine Amadou Haya Sanogo, des représentants des institutions, des partis politiques et de la société civile, ainsi que des membres de la médiation ouest-africaine.
Amadou Haya Sanogo a accepté de céder le pouvoir le 6 avril dans le cadre d’un accord avec la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cédéao) et le Comité national de redressement de la démocratie et de la restauration de l’Etat (CNRDRE).
Le président par intérim va donc nommer un Premier ministre qui aura les « pleins pouvoirs » et formera un gouvernement d’union nationale composé d’une vingtaine de membres. Que vont devenir les putschistes ? Il serait utopique de penser que la junte restera en marge du pouvoir lors de cette transition, selon un diplomate impliqué dans le dossier, rapporte RFI. Les militaires devraient être entre autres en charge des ministères de la Sécurité et de la Défense rebaptisés ministère de la Guerre en raison de la situation dans le nord du pays, d’après des responsables burkinabés.
Le régime de transition face à la menace islamiste
Le régime de transition est confronté à plusieurs urgences. Il va devoir résoudre la crise dans le nord et organiser de nouvelles élections. Dioncounda Traoré a menacé les rebelles touaregs du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) et les groupes islamistes armés qui se sont emparés du nord du pays d’une « guerre totale et implacable », s’ils refusent de « rentrer dans les rangs ».
Bamako va devoir être particulièrement vigilante face à la menace islamiste. En effet, le mouvement Ançar Dine qui a pour objectif d’instaurer un Etat islamique au Mali est soutenu par Al Qaida au Maghreb islamique (Aqmi). Les islamistes qui se sont emparés de Tombouctou pourraient bien en faire leur nouveau quartier général, d’autant que des membres de la secte nigériane Boko Haram les ont récemment rejoints.
Vers une intervention militaire de la Cédéao ?
La Cédéao se réunit à nouveau ce jeudi à Abidjan pour tenter de trouver des solutions à la crise du nord qui préoccupe tous les pays voisins. L’organisation menace depuis plusieurs semaines d’envoyer des troupes pour prêter main forte à l’armée malienne, très mal en point. La Cédéao souhaite rétablir « l’intégrité territoriale » du pays, mais pour le moment, il n’est pas sûr que cette intervention militaire ait lieu.
La Cédéao qui dispose d’environ 2 000 hommes devrait bénéficier du soutien logistique de la France et des Etats-Unis, mais il faudrait au moins plusieurs semaines pour préparer les troupes à se rendre sur le terrain. Un autre problème se pose : tous les pays ne partagent pas la même position sur l’action à mener. Pour Niamey, c’est à l’armée malienne appuyée par une aide extérieure de combattre les islamistes. A Paris, certains estiment que les rebelles touaregs sont les mieux lotis pour faire la chasse à Aqmi. Mais le MNLA est-il suffisamment bien armé pour en découdre avec les islamistes ? Rien n’est moins sûr. D’autant qu’Ançar Dine et Aqmi sont prêts à faire front main dans la main.
A. Diakité
L’Indicateur Du Renouveau 13/04/2012