Dioncounda Traoré à Cheick Modibo Diarra / « C’est le Mali que nous devons sauver »

 

Tout le reste, c’est du vent », a déclaré le Président de la transition malienne, Dioncounda Traoré. En entendant ces mots, qui ne s’est pas rappelé cet envoyé de Dieu qui, crucifié a laissé entendre ces mots : « … pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font » ? Et cet autre, après avoir été pourchassé et grièvement blessé à coups de pierres, dire la même chose. Nous sommes certes loin du terrain religieux dans l’agression du locataire du palais, c’est sur un terrain politique, mais le rapprochement vaut pour les valeurs. Dioncounda Traoré a été asséné de coups de marteau et de barres de fer, a reçu plus qu’il ne faut pour tuer un homme, mais il a survécu pour ensuite pardonner.

Pour lui tout cela appartient désormais au passé, et on doit passer à autre chose. Pour le Mali. Pour la deuxième fois depuis le coup d’Etat du 22 mars 2012, l’homme politique a administré la preuve qu’il met le Mali au dessus de tout, y compris au prix du sacrifice suprême. La première fois, il sacrifiait sa candidature à l’élection présidentielle pour assumer l’intérim du Président démissionnaire, et maintenant il pardonne à ses bourreaux. Lors de cette visite du Premier ministre Cheick Modibo à l’hôtel Pullman de Montparnasse où est logé le Président Dioncounda, il a ajouté qu’il ne ressentait « aucune rancune, aucune amertume ».

Il a invité tous les fils du pays à la réconciliation. Il est convaincu que les Maliens sont capables de trouver en eux les ressorts nécessaires pour se sortir de la crise actuelle. N’est-ce pas le sens que l’on pouvait retenir de la décision du Front uni pour la démocratie et la république (FDR) de renoncer à la demande des leaders religieux et des familles fondatrices, à une marche qu’il organisait en mai dernier ? De même que les discussions politiques tardives entreprises entre ce regroupement et la Coordination des organisations patriotiques du Mali (Copam), deux regroupements auxquelles le reproche est fait d’être les tendances contraires et extrémistes dans le paysage politique malien.

Pour Dioncounda Traoré qui a  beaucoup souffert dans sa chair et dans son âme, « ces souffrances, je les accepte volontiers si c’est vraiment par là qu’il fallait passer pour que le peuple malien retrouve son équilibre et que nous comprenions maintenant, que nous nous donnions la main et que nous agissions comme un seul homme pour arriver à faire face aux grandes difficultés que nous connaissons en ce moment », a-t-il déclaré. Selon lui malgré les difficultés de la situation, elle n’est pas désespérée. « Je suis certain que les Maliennes et les Maliens sont capables de trouver en eux les ressorts nécessaires pour se sortir de cette crise », selon le Président malien.

Le président de la Transition garde la ferme volonté de poursuivre sa mission et rentrera au pays le plus rapidement possible. Il s’adressera « solennellement au peuple malien pour lui dire un peu dans les détails au moins la suite des opérations ». Après avoir subi « une opération au niveau du front suite à une fracture consécutive à des coups de marteau », le Président va mieux. Les chirurgiens ont pu remettre tous les os à niveau. La semaine prochaine, il commencera ses examens cardiologiques. Le président de la République Dioncounda Traoré a demandé à nos compatriotes d’aider le Premier ministre dans l’accomplissement de sa mission qui est de réunifier le pays et d’organiser des élections propres. « Je formule les vœux les meilleurs possibles pour ce pays que nous aimons tant.

C’est le Mali que nous devons sauver. Je demande au Tout-Puissant d’aider le peuple malien et de veiller sur le Mali. Voilà Monsieur le Premier ministre le message que je vous demande de transmettre au peuple malien. Je sais que votre tâche n’est pas facile. Je demande également aux Maliennes et Maliens de vous soutenir, de vous accompagner, de vous aider parce que la mission n’est pas du tout facile. Je vous sais à hauteur de mission. Je vous sais capable de surmonter tout ça », a-t-il poursuivi.

B. Daou

Le républicain Mali 19/06/2012