Dioncounda et la transition Prolongations et survivances du régime ATT !


La constitution malienne, en son article 36, stipule : « … En cas de vacances de la présidence de la République, pour quelque cause que ce soit ou d’empêchement absolu, ou définitif, constaté par la Cour constitutionnelle, saisie par le par le président de l’Assemblée nationale et le Premier ministre, les fonctions du président de la république sont exercées par le Président de l’Assemblée Nationale. Il est procédé à l’élection d’un nouveau président pour une nouvelle période de cinq ans. L’élection du nouveau président a lieu vingt et un jours au moins et quarante jours au plus après constatation officielle de la vacance ou du caractère définitif de l’empêchement… »

Aujourd’hui, l’équation à résoudre est de savoir si l’ancien président de l’Assemblée doit continuer à diriger la Transition ou pas. Mais ce cas de figure n’est pas prévu par les lois maliennes. C’est le bon sens ou une décision collective allant dans le sens de l’apaisement social qui doit prévaloir.

Cela est d’autant plus indicatif que les Maliens pensent que Dioncounda est le prolongement du mandat de l’ancien président de la République. Prolongement du mandat de ATT ? Oui. En ce sens que le président intérimaire a passé les cinq dernières années sous la coupe d’ATT en tant que président de l’Assemblée nationale, en votant toutes les lois que ATT jugeaient utiles sans y opposer une seule fois, même souvent au mépris de la morale républicaine comme par exemple la loi, version première, sur le code de la famille qui a créé l’émoi parmi la population.

Ensuite, l’ADEMA, son parti, est la formation politique majoritaire à l’Hémicycle. A ce titre, lui confier la gestion de la période transitoire apparaît comme une sorte de confiscation du pouvoir, de surcroît, une décision qui jure avec la Déclaration de Ouagadougou laquelle limite les pouvoirs de Dioncounda en 40 jours. Ni plus ni moins.

Enfin, Dioncounda est comptable de la gestion de ATT. Les Maliens le perçoivent comme un ATT bis, eux, qui sont pressés du changement et avides de recoller avec du sang neuf. Donc, l’option Dioncounda devient, de plus en plus, problématique. Mieux, les Maliens voient en lui un président imposé au forceps. Pour le consensus, il doit démissionner après la période intérimaire, le temps de s’orienter vers une Convention nationale qui déterminera la personne qui dirigera la Transition. L’avenir du Mali en dépend.

Les traces laissées par ATT sont indélébiles. Elles resteront gravées dans la mémoire collective des Maliens. Parfois, on doute si c’est le même ATT qui avait parachevé le coup d’Etat de Mars 1991 et enclenché le processus démocratique au Mali.

Issiaka Sidibé