Au nombre des nominations à titre personnel lors de la session du conseil des ministres du mercredi 29 juin 2016, on retient celle d’une figure de proue de notre armée nationale, celle de Didier Dakouo.
Nommé Général de Division, il fut promu chef d’état-major des Armées en remplacement de Mahamane Touré, allé à la retraite. Ainsi, la nouvelle de la nomination de cet homme, qui a côtoyé la mort avec bravoure en 2013 lors des batailles de libération des régions nord du Mali, a été accueillie avec un enthousiasme populaire. Cette désignation paraît comme le début d’une rupture avec la logique d’inversion des rôles qui veut que dans notre pays, les premiers deviennent derniers et les derniers premiers.
Cependant, bien que Didier Dakouo soit un officier de valeur, l’honneur revient plutôt et surtout au capitaine Amadou Aya Sanogo, dans son ascension fulgurante. À César ce qui lui est dû par Rome ! En d’autres termes, si le coup d’Etat du 22 mars 2012 n’avait pas eu lieu, on n’allait jamais entendre parler de Didier Dakouo. Ce bwa natif de San a été projeté sur orbite par le Capitaine Amadou Aya Sanogo, alors président du Comité national pour le redressement de la démocratie et la restauration de l’Etat (CNRDE).
Pour promouvoir le mérite et mettre l’homme qu’il faut à la place qu’il faut, il fut nommé par Amadou Aya Sanogo comme chef des opérations militaires au Nord. Homme de terrain et fin stratège, le Général Dakouo conduit avec maestria les opérations de reconquête des régions du nord (Konna, Anefis, Gao et Tombouctou) en compagnie de ses frères d’armes de l’opération Serval. Dès lors, l’étoile de ce quadragénaire ne cesse de briller. Ainsi, tour à tour, il fut nommé Général de Brigade, chef d’état-major adjoint, Général de Division et chef d’état-major des Armées.
Dahirou Dembélé, Néma Sagara, Didier Dakouo, Moussa Sinko Coulibaly sont les révélations du CNRDRE. Ces braves officiers supérieurs de l’armée malienne étaient auparavant, tous, relégués au second plan. En réalité, le système politique qui prévalait dans le Mali d’alors ne favorisait pas l’émergence d’officiers capables de donner la pleine mesure de leurs compétences. Pire, les officiers détournaient impunément la prime d’alimentation générale et spéciale des subalternes. Cette situation engendra une rupture de confiance entre le commandement et les troupes qui avaient le moral au talon. En outre, pendant que les soldats au front étaient froidement et sommairement exécutés, ces officiers de salon se la coulaient douce dans la capitale.
Depuis sa cellule à Sélingué, le Général Amadou Aya Sanogo, en dépit des errements dans la gestion du pouvoir, peut se vanter d’avoir contribué à la restructuration des forces armées et de sécurité malienne (FAMA), à travers des chefs militaires de grande valeur qui étaient presque mis en quarantaine. Bon vent au Général Didier Dakouo, pour sa nouvelle mission !
Alpha Sidiki SANGARE