CONAKRY-Plusieurs familles guinéennes ont payé au prix fort, les conséquences du confinement causé par la pandémie du nouveau coronavirus à travers le monde. Si les restrictions des libertés de mouvement ont permis de ralentir la propagation du COVID-19, il faut dire que ces mesures ne sont pas restées sans conséquences chez certains ménages en Guinée. Des familles entières dont les frais de dépenses proviennent de l’extérieur ont été des victimes indirectes de la pandémie du coronavirus qui secoue l’économie mondiale depuis la fin de l’année 2019.
Que ce soit en Afrique, en Europe ou en Amérique, les ressortissants guinéens vivant à l’étranger ont eu du mal à supporter les dépenses de leurs familles respectives restées au bercail pendant la période du confinement. Des milliers de ménages qui attendent à la fin de chaque mois la dépense pour supporter les charges familiales se sont vu privés de moyens. Ces ménages dépendent tous d’un petit montant transféré par le père ou la mère pour les uns, par un frère, une sœur, un oncle, ou par une tante, pour les autres.
108,1 millions de dollars transférés en Guinée
En Guinée, les transferts de fonds représentent une source importante de financement extérieur. Les résultats d’une enquête réalisée en 2019 par la Banque Centrale de la République de Guinée (BCRG) sur les transferts de fonds, indiquent que 108,1 millions de dollars ont été reçus en Guinée en 2017. Cette situation s’explique en partie par la forte communauté guinéenne résidant à l’étranger. Les transferts de fonds bénéficient à la fois aux ménages, aux entreprises et à l’Etat.
Selon le classement par régions, Labé, Mamou, Conakry constituent les principales destinations de ces fonds avec respectivement USD 27,8 millions, USD 19,9 millions et USD 17,2 millions. Les transferts reçus sont plus importants en milieu rural (USD 69,7 millions) qu’en milieu urbain (USD 38,3 millions), indique le rapport consulté par Africaguinee.com. Les circuits formels constituent les principaux canaux par lesquels les migrants rapatrient leurs fonds en Guinée (61 %). Les ressources transférées servent essentiellement à financer les dépenses de consommation courante (60,7 %), les évènements familiaux et religieux (11,7 %) et la santé (7%). Elles proviennent essentiellement des pays membres de l’Union Européenne (43,9 %), de la CEDEAO (31,9 %), des Etats-Unis (12,2 %) et autres pays (12%).
Mais la COVID-19 a bouleversé les revenus de tout le monde et a causé d’énormes difficultés dans de nombreuses familles en Guinée. Ce sont les dommages collatéraux du confinement. Aïssatou Diallo est l’une des victimes indirectes de cette pandémie. Cette dame qui vit à Manchester en Angleterre à sa famille en Guinée. Mais avec le confinement, elle a eu du mal à payer les dépenses de sa famille restée au bercail. Au micro d’Africaguinee.com, cette guinéenne de la diaspora explique le calvaire qu’elle a vécu pendant la période du confinement.
« La propagation de la pandémie du Coronavirus en Angleterre a eu des conséquences énormes parce qu’il y a eu plusieurs pertes d’emplois. Et cela a commencé réellement le 23 mars 2020 la date à laquelle le premier ministre Boris Jonson a annoncé le début du confinement. A partir de cette date tous les lieux de travail ont été fermés. Personnellement moi je ne travaille pas maintenant-là et je suis avec plusieurs autres compatriotes guinéens qui sont là mais ils n’ont pas un travail permanent. Si tu n’as pas un travail permanent, on peut te renvoyer à tout moment. Donc il y a eu des crises dues au confinement parce que plusieurs personnes ont été renvoyées. Donc tous ces gens ne pouvaient pas envoyer de l’argent en Guinée alors que c’est eux payent les dépenses dans leurs familles », explique guinéenne. Elle précise que même ceux qui avaient peu de moyens à expédier en Guinéé ont été confrontés à des difficultés.
« Le transfert d’argent vers l’Afrique au moment du confinement a été très difficile pour nous ici. Parce que d’habitude on pouvait avoir des gens ici qui font du business entre l’Europe et l’Afrique. Pour nous faciliter la tâche, nos parents partaient prendre l’argent chez eux là-bas et nous on les remboursait ici. Mais en période de confinement tout ça était bloqué et on était obligé en ce moment d’envoyer de l’agent à travers Wester Union qui coûtait trop cher. En plus, on était obligé de diminuer le montant qu’on avait l’habitude d’envoyer parce qu’il fallait économiser pour nous. Car on ne savait pas quand le confinement allait prendre fin. Transférer de l’argent à travers Wester Union, par exemple si tu avais l’habitude d’envoyer 100 euros en ce temps, tu étais obligé d’envoyer 50 euros à la famille en Guinée et garder le reste pour toi parce c’était trop dur. En ce moment, on consommait de plus du fait que nous étions tous à la maison. D’ailleurs il fut un moment on ne pouvait pas envoyer des dépenses en Guinée parce qu’on avait plus des sous. Chaque personne avait son problème à gérer. Pour ma part, j’appelais mes connaissances qui travaillent en Guinée qui me prêtaient de l’argent pour que la famille puisse avoir la dépense c’est comme ça que moi j’ai géré la situation. Mais ceux qui n’avaient pas un travail permanent et qui n’avaient pas de connaissances où prendre de l’argent, eux ils avaient carrément arrêté d’envoyer de l’argent à leurs familles parce qu’ils n’avaient plus rien. Le coronavirus a surpris tout le monde et nous on avait deux sérieux problèmes : comment avoir à manger ici et comment trouver à manger pour nos familles en Guinée », a expliqué Aïssatou Diallo.
Interrogé sur sujet, le Président du conseil des guinéens de l’Angola a expliqué que la COVID-19 a eu plus d’impact au niveau des guinéens vivant en Angola qu’ailleurs. Daouda Baldé s’est justifié en expliquant que les ressortissants guinéens qui sont en Angola sont tous dans le secteur informel.
« Personne n’a été épargné pendant le confinement parce qu’ici, ce n’est pas comme l’Europe où Wester Union marche, où il y a des sociétés agrées pour transférer l’argent vers les autres pays. En plus ici en Angola tout le monde se trouve dans le secteur informel, les gens ne travaillaient pas. Donc si on ne travaille pas, c’est déjà un problème. Mais le problème fondamental pour nous ici, c’est qu’on n’a eu aucune subvention de la part de l’Etat et presque tout le monde ici dépend de l’importation. Imaginez maintenant un détaillant qui dépend des gros importateurs ? Quand on n’importe pas, lui il reste non seulement il est confiné chez lui à la maison, mais aussi il n’a rien comme business pour nourrir sa famille ici à plus forte sa famille restée en Guinée. La pandémie a impacté tout le monde mais par-là, l’impact a été plus dévastateur parce qu’ici nous dépendons de nous-mêmes », confie Daouda Baldé
Oumar Bady Diallo
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