C’est en principe ce mardi 19 février que le Premier ministre Diango Cissoko, est attendu dans la capitale française pour une visite de travail. L’annonce a été faite ce week-end au moment où les opérations, par l’armée malienne, se poursuivent au nord avec l’appui des forces françaises.
Le chef du gouvernement malien, qui s’est d’abord rendu à Bruxelles où il s’est entretenu avec le secrétaire général exécutif du Service européen d’action extérieure, Pierre Vimont, est accompagné d’une forte délégation, dont deux députés du Nord, Assarid Ag Imbarcawane et Aïssata Cissé, respectivement élus nationaux à Gao et à Bourem.
La visite du Premier ministre à Paris intervient dans un contexte plutôt particulier au moment où plusieurs villes du Nord sont revenues sous le contrôle des forces armées maliennes appuyées par les « pays amis », dont la France. Mais à Kidal, une équation reste encore sans réponse. Car depuis deux semaines que les forces françaises ont investi les lieux avec les Tchadiens, l’armée malienne est absente.
Et les éléments du mouvement rebelle touareg MNLA, qui prétendent aider la France à traquer les terroristes, continuent de circuler librement à travers la ville. Le Mouvement national de libération de l’Azawad s’oppose en effet à toute présence de l’armée malienne en attendant l’ouverture « des négociations avec Bamako ».
D’ores et déjà, la position du peuple malien est, on ne peut plus clair : il réfute toute idée de négociation avec ceux qui ont pactisé avec les terroristes dans les massacres au nord, comme celui d’Aguelhok le 24 janvier 2012, de Gao pendant les neuf mois d’occupation où des femmes ont été violées et des dizaines de personnes ont eu des pieds ou des mains coupés.
Réitérer la volonté du peuple
A Paris, Diango Cissoko a rendez-vous aujourd’hui avec le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian. Et dans l’après-midi, il sera reçu par le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius. Officiellement, le programme de visite annoncé par nos sources ne prévoit pas de rencontre avec son homologue français Jean-Marc Ayrault.
Mais sans doute, dans les entretiens avec les ministres de la Défense et des Affaires étrangères, la question du Nord sera au menu. La France, qui est engagée depuis un mois aux côtés du Mali dans la reconquête, suit de très près l’évolution des opérations sur le terrain. En témoigne la visite le 2 février dernier du président français François Hollande au Mali.
Mais Paris et Bamako ne sont pas forcément sur la même longueur d’onde sur la question touareg. Et la visite du Premier ministre malien en France intervient au moment où Paris a encore une position floue autour d’éventuel soutien au MNLA. Paris continue en effet de préconiser des « négociations avec les rebelles ». Or, aux yeux des populations maliennes, ceci reviendra à accorder une prime à l’impunité.
Le discours attendu ce mardi à Paris de Diango Cissoko doit donc refléter cette volonté du peuple malien de refuser l’impunité en faveur des rebelles, et de faire comprendre à la France et à ses partenaires européens que les Touaregs sont loin d’être « une ethnie marginalisée ». Sans doute, cela explique la présence dans la délégation du Premier ministre des députés du Nord Assarid Ag Imbarcawane et Aïchata Cissé.
Les récentes sorties médiatiques de ces deux élus de l’Assemblée nationale ont clairement botté en touche aux yeux des observateurs l’idée que les Touaregs sont représentatifs des populations du Nord du Mali. En réitérant cette position, de manière claire et responsable, en respectant la volonté du peuple malien, la délégation malienne réussirait en crédibilité et réaffirmerait la souveraineté du Mali face à une question essentielle de son existence.
Issa Fakaba Sissoko
L’ Indicateur Du Renouveau 2013-02-19 02:18:59