Dans un contexte de changement climatique, la disponibilité des ressources en eau souterraine au plan quantitatif et qualitatif pour faire face aux défis du développement durable devient une priorité pour tous les pays, notamment ceux de l’Afrique de l’Ouest. Pour induire leur prise en compte dans les politiques nationales et régionales de gestion de l’eau, en portant une attention particulière aux aquifères transfrontaliers, le Partenariat Ouest africain de l’eau (GWP/AO) a décidé d’initier un dialogue sur la gestion concertée des eaux souterraines en Afrique de l’Ouest. Dans le cadre de cette initiative, la salle de conférence de l’hôtel Palm Beach de Ouagadougou a abrité, du 26 au 27 octobre 2011, un atelier qui a regroupé une soixantaine d’experts venus de tous les pays de la CEDEAO.
Dr Yaya Tounkara, représentant du GWP/AO, a indiqué que dans les pays du Sahel, les ressources en eau de surface sont tellement limitées qu’il faut aller la chercher dans le sous sol. Selon lui, notre sous région dispose de dix aquifères transfrontaliers qui renferment pour plusieurs pays les seules ressources en eau alternative qui doivent être gérées de manière efficiente avec l’intervention de tous les acteurs du développement. « Dans le contexte de changement climatique et aussi dans la mesure où ces aquifères sont partagés, il est absolument nécessaire, d’engager sans délai un dialogue en vue de prévenir une surexploitation ou une mauvaise gouvernance de ces ressources », a-t-il déclaré.
Avant d’encourager une prise en main de cette problématique qui engage l’avenir immédiat des Etats de la sous région ouest africaine et en faire un élément non seulement de coopération, mais d’intégration et surtout de développement régional. Pour conclure, il a estimé que le dialogue envisagé aura besoin de l’accompagnement des partenaires stratégiques et prioritairement des Etats, sous l’égide de la CEDEAO.
Pour sa part, Innoncent Ouedraogo, Directeur par intérim du Centre de coordination de ressources en eau de la CEDEAO (CCRE/CEDEAO), a estimé qu’une concertation sur les eaux souterraines semble aujourd’hui indispensable, compte tenu du potentiel considérable des aquifères de la région pour l’économie et le bien être des habitants de la région. « Les effets des changements climatiques nous obligent à reconsidérer notre façon de mobiliser les eaux et à ce titre les eaux souterraines constituent un réservoir de choix pour l’avenir », a-t-il déclaré. Cependant, compte tenu des incertitudes sur le sujet, il a estimé qu’il est pertinent de voir s’engager un tel dialogue. Il a rappelé que la CEDEAO avec l’appui de l’UICN a lancé il y a quelques années un dialogue similaire sur les grandes infrastructures hydrauliques de la région. « Grâce à cette initiative, nous avons beaucoup appris sur le sujet, sur les acteurs concernés, sur les positions et sur les idées de la société civile ou pressionnels », a-t-indiqué. Florent GASC, représentant du Centre africain de politique de changement climatique de la Commission économique africaine (CEA/ACPC), a rassuré les différents experts de l’engagement de la Commission économique africaine d’accompagner toutes les politiques de développement qui prennent en compte la préservation du climat. Selon lui, l’important, c’est d’aboutir à un système de gestion concertée des aquifères transfrontalières.
En sa qualité de représentant du Ministre Burkinabé de l’Agriculture et de l’hydraulique, Dr Florent Ki, secrétaire permanent du Plan d’action pour la gestion intégrée des ressources en eau du Burkina Faso, a estimé que les eaux souterraines sont très importantes pour les pays du Sahel quand on sait que les populations de cette région passent les 2/3 de l’année à vivre de ces ressources souterraines. Il a salué l’initiative de l’atelier régional de concertation qui tend à rechercher les synergies nécessaires pour engager un dialogue régional sur la gestion concertée des eaux souterraines de l’Afrique de l’Ouest. Selon lui, si un tel dialogue était engagé, il devrait induire une prise en compte effective des eaux souterraines dans les politiques nationales et régionales de gestion de l’eau, en portant une attention particulière aux aquifères transfrontaliers.
Assane Koné
Le Républicain 27/10/2011