Côté rebelle, les trois grands mouvements MNLA – MAA et HCUA ont uni leurs forces pour former une seule délégation de 30 représentants. Etaient également présents : des dissidents de ces trois groupes, le médiateur algérien, et des représentants de la communauté internationale. L’objectif est de tenter d’obtenir la paix dans le Nord du Mali. Mais rien n’est moins simple.
Ces négociations se sont ouvertes dans un contexte assez particulier. Pour comprendre, il faut remonter à la fin mai. Moussa Marra, le Premier ministre malien, s’est rendu à Kidal, dans le nord du Mali, fief des rebelles touaregs et ville toujours contrôlée par eux. A l’occasion de ce déplacement, des combats avaient éclaté entre armée et rebelles. Plusieurs dizaines de soldats avaient été faits prisonniers.
Un cessez-le-feu a ensuite été signé grâce notamment à une méditation du président mauritanien Ould Abdelaziz. Puis l’Algérie a invité tous les belligérants à se réunir dans sa capitale pour dialoguer. Mais avant cela, il fallait rétablir un minimum de confiance entre les deux camps. Signe encourageant hier : un échange de prisonniers à eu lieu avec notamment la libération d’une quarantaine de soldats maliens détenus depuis mai.
Dialogue tendu
Mercredi matin, toutes les parties ont eu une première réunion de prise de contact. Mais rapidement, la principale délégation rebelle, celle des mouvements MAA, MNLA et HCUA, a fait part de sa colère. Les trois groupes étaient mécontents, car dans ces négociations, certains de leurs propres dissidents étaient aussi invités. « Il ne peut pas y avoir de 3e partie dans ce dialogue. C’est nous, Bamako, et personne d’autre », a déclaré à RFI, Mahamadou Djeri Maïga, vice-président du MNLA.
Leur agacement a concerné aussi l’objectif global de ces négociations. Selon plusieurs sources, le Mali et l’Algérie poussent pour qu’elles aboutissent à un accord. Or pour Mahamadou Djeri Maïga, il est beaucoup trop tôt pour signer quoi que ce soit. Selon cette même source, les groupes armés ont l’impression que le Mali et l’Algérie veulent leur imposer un agenda.
Lors d’une nouvelle réunion dans l’après-midi, le vice-président du MNLA a déclaré d’un ton très ferme que personne ne pouvait leur forcer la main, et il a quitté la salle avec toute sa délégation. Pour eux, Alger n’est qu’une étape, une sorte de pré-négociation durant laquelle les participants décideraient du lieu, des thèmes, des participants du véritable dialogue à venir.
Pression vers un accord
L’Algérie est une puissance régionale. Selon une source bien informée, le pays a toujours voulu s’approprier le dossier malien. Il a été médiateur à de multiples reprises. Et il veut reprendre la main notamment face à un autre médiateur dans ce conflit, la Communauté ouest-africaine, la Cédéao. Cette même source indique que le Mali a plusieurs fois été accusé de traîner des pieds dans ce dialogue, et qu’il est sous pression, entre autres de la communauté internationale.
Long processus
Donc il reste encore beaucoup de méfiance. D’autant que dans ces négociations d’Alger, les questions de fond n’ont pas été abordées. Notamment celle du statut du Nord du Mali. Mercredi matin, le chef de la diplomatie malienne a déclaré qu’il y avait des lignes rouges à ne pas dépasser : il n’y aura pas de fédéralisme, pas d’indépendance, pas d’autonomie. Abdoulaye Diop faisait bien sûr référence à l’Azawad, ce grand territoire du Nord-Mali où sont les Touaregs. Or même si les groupes armés ne cherchent plus l’indépendance de cette région, ils visent toujours un statut spécifique.
Et puis il y a d’autres questions très sensibles : le retour de l’autorité de l’Etat dans le Nord, le développement de cette zone ou encore le désarmement et la réinsertion des combattants, des points qui n’ont jamais été réglés.