Mesdames, Messieurs,
Nous nous félicitons de votre visite au Mali et vous remercions de l’intérêt que le Conseil de Sécurité accorde à notre pays. La communauté internationale a beaucoup œuvré au retour de notre pays dans une vie constitutionnelle normale. Inutile de revenir sur les conséquences d’un non engagement à nos côtés des forces de la Cdeao, du Tchad et de la France. Je leur rends ici un hommage bien mérité.
Aujourd’hui, le plus important, c’est l’évaluation de la situation qui prévaut sur l’ensemble du territoire national et définir une feuille de route pour une résolution rapide et définitive de la crise.
Pour ce faire nous devons faire le point de la résolution 2100(2013) et des accords d’Ouagadougou. La résolution a consacré le déploiement de la Minusma, les effectifs autorisés sont de 11200 éléments et seulement 5539 sont déployés soit un taux de 50% à ce jour, un an après, sans compter le retrait des troupes du Nigeria.
Il est dès lors évident que vue l’étendue du territoire et la faiblesse des forces armées maliennes, de larges portions du territoire national sont sans contrôle.
Les attaques continuent de plus belle et le dernier rapport du Secrétaire Général vous a déjà édifié sur le nombre de victimes civiles et militaires.
Je sais que vous êtes conscients de cette situation d’insécurité sinon vous seriez allés au-delà de Mopti: à Tombouctou, GAO ou même Kidal.
Hier au petit soir à moins de 100 km de Konna (entre Boré et Gouma), un car de voyageurs a été attaqué et les passagers dépouillés de leurs biens. Ces faits sont malheureusement quotidiens et les rumeurs arrivent très atténués à Bamako et pas du tout à New York.
Les élections ont eu lieu dans ces régions dans des conditions d’insécurité et certains candidats ont eu recours à des escortes militaires.
On a voté à la place de certains réfugiés et l’administration au jour d’aujourd’hui est toujours très discrète voire absente.
Comment convaincre les fonctionnaires de reprendre le travail si les conditions sécuritaires sont toujours aussi mauvaises.
Sur le plan humanitaire environ 500 000 personnes sont déplacées et 1.400.000 en état de détresse alimentaire et sanitaire, sans une administration présente et efficace, comment remédier à leur sort?
Le retour effectif et sécurisé de l’administration est le meilleur garant du retour des populations, pour une reconstruction sociale, politique et économique des régions concernées.
Ansardine, le Mujao et Aqmi ont clairement été identifiés par la résolution comme des groupes terroristes à combattre. Certains de leurs chefs circulent librement dans la zone et sont même sollicités lors des négociations au cours des prises d´otages.
Si la justice est sélective, nous ne réussirons pas la paix.
La Minusma devait aider (paragraphe16) à imposer aux groupes armés de déposer les armes, d’accepter d’être cantonnés et désarmés.
A ce jour malgré les mesures de » confiance » prises par les autorités maliennes (libération des prisonniers, levée des mandats d’arrêt), le cantonnement n’est pas effectif, le désarmement aléatoire et Kidal inaccessible aux autorités maliennes.
Du reste quel est le nombre de combattants à cantonner? Plus de 9000 pour la seule région de Kidal!! Chiffre fantaisiste!
Prenons garde de ne pas ramener les djihadistes à la faveur du cantonnement, comme ce fut le cas des responsables des mouvements armés compromis avec les terroristes, revenus tranquillement à l’assemblée nationale sous les couleurs du parti au pouvoir.
Les accords d’Ouagadougou qui ont permis les élections, l’acceptation de la laïcité et l’intégrité du territoire sont en panne. On parle d’Alger, de Rabat, d’Ouagadougou et de Bamako.
Pour nous, il faut chercher la paix où elle se trouve, les populations sont meurtries, l’économie s’effondre et la confiance des investisseurs s’étiole.
L’opération Serval a permis de chasser les terroristes de leur sanctuaire de l’Adrar des Ifogas et de la vallée de Timetrin Il est donc urgent que l’armée malienne soit déployée dans ces zones avec les moyens matériels et humains nécessaires pour éviter un retour des terroristes dans ce sanctuaire.
Nous nous permettons d’attirer votre attention sur l’identification des auteurs et sur la répression du trafic de drogue, qui est l’activité principale de toutes les bandes armées de GAO à Kidal et leur source de revenus ainsi que la prise d’otages.
Cette importante problématique est insuffisamment prise en compte par la résolution 2100(2013). Le Conseil de Sécurité doit à notre avis y porter une attention toute particulière.
Il ne saurait y avoir de paix sans justice, ni de dialogue sans justice.
Les résolutions 2085 et 2100 du conseil de sécurité prônent clairement des poursuites judiciaires contre les auteurs de crimes de guerre et des crimes contre l’humanité commis au nord comme au sud du Mali. Les différents accords ne doivent ni masquer ni diluer cette exigence.
Il y va de la crédibilité de l’ONU d’appliquer et faire appliquer ses résolutions.
Le dialogue inclusif est accepté par tous et la communauté internationale se doit d’aider le Mali à réussir cette si importante étape pour obtenir la paix définitivement et la consolider.
Il est important de souligner que toutes les communautés du Nord doivent être partie prenante de ce dialogue surtout, les plus nombreuses les Sonrais, les Peulhs.
Les communautés Touareg et arabes représentent à peine 10% des populations du Nord et les groupes armés sont quant à eux loin de représenter les populations Touaregs dans leur ensemble.
Il faut signaler par ailleurs que contrairement à ce que véhicule une certaine presse, le Mali n’est pas divisé en populations noires au sud et blanches au nord. Le Mali est multiethnique, multiracial et multiculturel.
Les noirs si on veut parler en couleur de peau sont les plus nombreux au Sud comme au Nord. Les populations blanches représentent moins de 3% de la population totale.
Le Dialogue Inclusif ne doit pas occulter à notre avis le Dialogue avec les Groupes Armés.
Mesdames, messieurs
Une solution durable à la crise passe aussi par une solution régionale et il me paraît nécessaire que le conseil de sécurité se penche plus globalement sur la sécurité au Sahel et en Afrique de l’Ouest.
La conjonction à terme des forces des pays de la région, pourra garantir une paix durable et définitive, cela nécessitera des moyens financiers importants mais surtout une volonté politique sans faille et une solidarité à toute épreuve au sein des organisations régionales telle que la CDEAO.
Nous voulons bâtir au Mali, une démocratie républicaine dans un pays en paix.
C’est pourquoi, je veux attirer votre attention sur la nécessité de la bonne GOUVERNANCE pour avoir des institutions républicaines fortes au rang desquelles l’ASSEMBLEE NATIONALE.
L ‘Assemblée Nationale devra donner l’exemple en devenant un vrai pôle de contrepouvoir à l’exécutif, un lieu de débats et d’échanges.
C’est pourquoi doit éclore en son sein une opposition républicaine bénéficiant de tous ses droits et consciente de tous ses devoirs.
Je vous remercie.
Une altercation devant les diplomates onusiens
» A ce jour malgré les mesures de » confiance » prises par les autorités maliennes ( libération des prisonniers, levée des mandats d’arrêt), le cantonnement n’est pas effectif, le désarmement aléatoire et Kidal inaccessible aux autorités maliennes.
Du reste quel est le nombre de combattants à cantonner? Plus de 9000 pour la seule région de Kidal!! Chiffre fantaisiste!
Prenons garde de ne pas ramener les djihadistes à la faveur du cantonnement, comme ce fut le cas des responsables des mouvements armés compromis avec les terroristes, revenus tranquillement à l’assemblée nationale sous les couleurs du parti au pouvoir. »
M. Hamada ag Bibi deputé élu à Kidal a provoqué une altercation devant les diplomates onusiens parce qu’il n’était pas content que Soumaîla utilise le terme » terroriste » pour les désigner. L’honneur de notre Assemblée nationale et par extension de notre pays a été sauvé parce que Soumaïla Cissé n’a pas trouvé important de répondre à la provocation.
Diallo Moussa Sey
Cellule com URD
L’Indicateur 2014-02-05