Le second coup d’envoi du long métrage sur la révision constitutionnelle a été donné le premier avril 2019 avec la remise du projet de Constitution par le comité d’experts au Président de la République. IBK, dans sa volonté d’appliquer l’Accord pour la paix et la réconciliation, a instruit au gouvernement de tout mettre en œuvre pour que la Constitution, qui doit être soumise à referendum, puisse être consensuelle et adoptée rapidement. A-t-il circonscrit les écueils qui ont bloqué la première tentative de révision ? Les mêmes causes ne vont-elles pas produire les mêmes effets ?
Makan Moussa Sissoko, conformément au délai a, lors d’une audience solennelle au Palais de Koulouba, remis un document qui est le fruit des travaux du comité d’experts commis par le gouvernement pour proposer l’avant-projet de Constitution. Depuis lors, le Président de la République multiplie les rencontres avec la classe politique et la Société civile afin de dégager un large consensus autour de ce projet. Mais, comme en 2017, les obstacles sont nombreux et le consensus n’est pas pour demain.
A qui la faute ? Au Président de la République qui n’arrive toujours pas à cerner les difficultés qui ont empêché le projet de prospérer. La crise sécuritaire va crescendo et elle touche les ¾ du territoire, la crise sociale est alarmante, avec son lot de misère. La crise politique est loin d’être résolue, elle s’est même amplifiée avec une nouvelle fronde au sein de la Majorité. La nouvelle revendication, qui est celle de démettre le Premier ministre vient compliquer une situation déjà délétère, surtout quand on sait que le PM, en tant que chef du gouvernement est celui qui aura en charge de mener le projet de révision. L’inquiétude pour IBK est que cette revendication vient de la puissante organisation musulmane dirigée par deux guides religieux, Mahmoud Dicko et le Chérif M’Bouyé de Nioro.
La classe politique, toutes tendances confondues, qui étaient sur le point d’aller à des pourparlers inclusifs, s’est elle aussi invitée sur le terrain de Dicko en demandant le départ du Premier ministre, un préalable non négociable avant tout dialogue. En s’entêtant de garder son Chef du gouvernement, IBK fabriquera contre lui une opposition plus grande que le Mouvement AN TE A BANA et la révision constitutionnelle sera, de nouveau, renvoyée aux calendes grecques.
En définitive, le Président de la République semble être son propre bourreau. Son jusqu’auboutisme et son arrogance sont les armes qu’il a lui-même fabriquées pour détruire tout ce qu’il a construit.
Youssouf Sissoko