Des confidences, il ressort que l’imam Mahmoud Dicko, « l’autorité morale » de la chute d’IBK est aujourd’hui très déçu. Quid des Konimba Sidibé, Me Mohamed Aly Bathily, Pr Clément Dembélé?
Un petit tour chez des acteurs sociopolitiques majeurs ayant mobilisé les foules en 2020 pour faire tomber le régime IBK permet de sentir le regret, voire l’amertume. Ils n’arrivent plus à cacher leur déception. Certains d’entre eux regrettent avoir contribué aussi bruyamment à faire tomber ce régime démocratique. Le Mali-kura sur lequel il fondait de l’espoir pour réclamer le départ d’IBK du pouvoir leur apparait aujourd’hui comme une vue de l’esprit. Ne sont-ils aussi déçus parce que la plupart d’entre eux n’ont pu tirer aucun strapontin de leur lutte ? Rien ne peut de le nier.
Mais, ce qui est sût, c’est que le grand Imam, Mahmoud Dicko a confie à des proches avoir si activement poussé son « ami » IBK à quitter le pouvoir, alors même que le Premier ministre d’alors, Dr Boubou Cissé était son « fils ». Même situation de déception pour des noms comme Modibo Sidibé des FARE Anka Wuli, Konimba Sidibé du parti MODEC, Me Mohamed Aly Bathily, Pr Clément Dembélé, Mme Sy Kadiatou Sow, Paul Ismaël Boro, Mohamed Slia Touré. Tous ruminent silencieusement leurs appréhensions…
Pour Pr Clément Dembélé, le Président de la Plateforme contre la corruption et le chômage au Mali (PCC), le Mali-kura promis apparaît aujourd’hui comme un rêve. «C’est un mythe, un slogan, un mensonge. Il n’y a pas de Mali-kura. Il faut que les gens acceptent que notre grand défaut, c’est parfois de nous mentir à nous-mêmes. Nous sommes souvent ce qui me fait penser un peu au jeu d’Hollywood. On fait du film. On fait du cinéma. On se prend au sérieux pour penser que la vie, c’est du cinéma. Mais, il n’y a pas de Mali-kura. Le Mali-kura dans un pays où il y a encore la corruption aggravée. On parle du Mali-kura dans un pays où il n’y a même pas de route… …. On parle du Mali-kura quand le Malien n’a pas une véritable orientation idéologique. On parle du Mali-kura dans les discours, oui, mais dans les faits, c’est le Malikôrô…. », déclarait-il récemment sur un plateau de télévision. Avant d’asséner ses regrets.
« Moi, je préfère l’ancien Mali. Pourquoi ? C’est le Mali des valeurs, de la dignité. Le Mali n’était pas riche mais le Mali se retrouvait…Le Mali où on ne peut pas s’exprimer aujourd’hui au risque d’être taxé de mauvais malien, d’être apatride, de se faire lyncher sur la scène publique, de se faire lyncher aussi sur les réseaux sociaux. Ce Mali-kura, il ne faut pas l’aimer parce que c’est le Mali-kura de la pensée unique qui est contraire à tout esprit démocratique. Et c’est le Mali-kura de la clochardisation de la gestion du pays», se lâche-t-il.
Pour d’autres acteurs parmi ceux précités, même l’avancée du pays aujourd’hui au plan sécuritaire doit être relativisée. Et ce leader ayant requis l’anonymat de défier les autorités actuelles de publier la liste des villages et localités qui étaient sous l’emprise des jihadistes (sous IBK) et qui sont, aujourd’hui reconquis, avec la présence effective de l’Etat. « C’est triste de constater que l’on a plutôt reculé ! », se désole ce chef de parti politique, pour exprimer son regret.
Il faut souligner toutefois que parmi les tombeurs d’IBK, nombreux sont ceux qui demeurent convaincus que le pays est dans la bonne voie et que la situation actuelle du Mali est mieux celle d’avant les événements du 18 août 2020. Ou, du moins, une bonne frange de jeunes leaders et de la population espère que la crise sous IBK a été tellement profonde que le pays doit prendre du temps pour concrétiser le Mali-kura. Sauf que cela n’empêche pas qu’un nombre important de fossoyeurs du régime IBK et même sont dans le regret.
Bruno D SEGBEDJI