Ainsi, des centaines, voire un millier de Maliens se sont rassemblés pour battre le pavé en scandant toutes sortes de slogans hostiles aux autorités de la transition et aussi condamner le déploiement d’une quelconque force étrangère au Mali dans le cadre de la libération des zones sous contrôle des terroristes et autres djihadistes. C’est de bonne guerre et tout à fait normal dans une démocratie. Mais la question que nombre de citoyens se posent est de savoir si ces actions étaient vraiment opportunes en raison de la grave dégradation de la situation sur la ligne de front.
Ces gesticulations politiciennes et autres mouvements d’humeur sont perçus par le commun des Maliens comme de vaines et inutiles gesticulations qui ne divertiront jamais le peuple dans son aspiration qui demeure aujourd’hui la reconquête des régions du nord du pays.
Aussi, certains sont confus et ne comprennent pas comment ce grand homme politique, ancien ministre, ancien président de partis majoritaires (Adema puis RPM), ancien Premier ministre, ancien président de l’Assemblée nationale durant 5 ans et député au parlement (haut lieu de l’expression démocratique) qu’est l’honorable Ibrahim Boubacar Keita (IBK) a-t-il pu se laisser convaincre par des nains politiques en donnant, ne serait-ce que la caution morale de son parti à « des actes de diversion » destinés à détourner l’attention et la concentration du peuple au moment même où l’armée de la République faisait face à une agression des plus violentes de la part de terroristes et qu’elle avait plutôt besoin de la communion des cœurs et des esprits de tous les citoyens.
Ça parait si déconcertant comme attitude de la part d’un homme aussi expérimenté que respecté de bon nombre de ses compatriotes, que l’acte suscite des questionnements dans l’esprit de certains Maliens. Que s’est réellement passé au juste pour qu’on en arrive là. Ou bien c’est cela « la politique » ?
De la part d’autres politiques et membres de la société civile dont il est inutile de citer ici, ceci ne saurait surprendre outre mesure. Puis que chacun est connu bien avant aujourd’hui.
Mais, pour le citoyen lambda, un homme de la carrure du président du Rassemblement pour le Mali (RPM), El hadj Ibrahim Boubacar Keita, qui n’est pas n’importe qui dans ce pays, ça ne peut s’expliquer et se comprendre que difficilement. Mais puisqu’on ne sait jamais les vraies motivations qui peuvent sous-tendre certaines actions politiques, les gens se contentent d’exprimer leur surprise et étonnement sans pour autant aller dans des condamnations stériles.
Pour beaucoup d’autres compatriotes, IBK, en ses qualités d’éminent homme d’Etat et considéré comme l’un des sages de la classe politique malienne, aurait dû se limiter à la conférence de presse qu’il avait organisé la veille surtout que les événements s’étaient accélérés les jours suivants.
Tous espèrent cependant que les derniers appels lancés par les chefs religieux et l’adresse du président de la République à la nation ajoutés à la mobilisation de la communauté internationale aux côtés du Mali dans ces durs moments, seront de nature à adoucir les ardeurs guerrières de l’ensemble des acteurs au sud du pays. Les forces de défense et de sécurité nationales engagées dans des combats fratricides pour reconquérir les régions sous contrôle des djihadistes et leurs complices terroristes, ont grandement besoin de l’union sacrée du peuple entier pour mener à bien leur délicate mission.
Notre avenir commun, en tant que Nation libre et démocratique, dépend largement du sens élevé de responsabilité et de patriotisme de tous et de chacun en ce moment précis plus que jamais !
Bréhima Sidibé