DESTABILISATION DU MALI: Les preuves qui accablent Abdel Aziz.

S’il n’est pas l’instigateur en chef de la reprise des hostilités au nord du Mali,  le président de la Mauritanie, Mohamed Ould Abdel Aziz, est aujourd’hui mouillé jusqu’à la gorge avec les acteurs de cette guerre. Il les entretient, les dorlotent, les instrumentalise et leur ouvrent les frontières de son territoire.

Depuis son arrivée au pouvoir, lui et son régime sont dans le viseur d’Al Qaïda au Maghreb islamique. Le printemps arabe et le retour massif (avec des armes) de soldats libyens d’origine malienne et de Touaregs maliens de la Libye ont donné une idée à Abdel Aziz : récupérer les revenants, rallumer la rébellion latente en espérant cela soit, enfin, la panacée à son conflit avec Aqmi.

Dès l’entrée des hommes armés sur le territoire malien, le général-président mûri son plan machiavélique qu’il entreprit d’exécuter aussitôt en 4 actes.

Dans un premier temps, le président mauritanien noua secrètement des contacts avec les revenants afin de les convaincre de la nécessité d’engager la lutte pour l’indépendance, selon des sources concordantes au Mali et en Mauritanie.

Deuxième acte : Pour Mohamed Ould Abdel Aziz, une rébellion dans le Nord du Mali conduirait inéluctablement à la dislocation de ce pays. Il n’hésita pas un seul instant à faire appel à un Malien, Hama Ag Mohamoud. Ce vieux briscard, ancien ministre de la fonction publique sous Moussa Traoré, et, pendant 9 ans, secrétaire général dela Chambre de commerce et d’industrie du Mali s’est vu confier le rôle de fil conducteur de cette ignoble besogne, avec la faramineuse promesse d’être le président d’un futur Etat indépendant de l’Azaouad. Hama Ag Mohamed accueillit ce caviar avec tous les honneurs, lui qui cherchait une occasion de se réconcilier avec les siens qu’il avait combattu dans les années 1990, justement sous le général Moussa Traoré.

Troisième acte : Pour mener à bien ce projet de création d’un Etat islamique, Abdel Aziz et ses généraux nomme auprès « du futur président », un autre Malien, Ahmed Ould Sidi Mohamed en qualité de porte parole. Ce professeur, qui réside depuis longtemps à Nouakchott, a une histoire. Après l’attaque de Kidal le 23 mai 2006, Ahmed Ould Sidi Mohamed, a, au nom de la communauté arabe malienne, apporté le soutien de celle-ci à cette insurrection. La communauté arabe avait aussitôt réagi pour démentir et rejeter ce soutien.

Dans sa fonction actuelle de porte parole de Hama Ag Mohamoud, Ould Sidi Mohamed est également téléguidé dans ses actes par le général Hadi, directeur général de la sûreté nationale de la Mauritanie. La principale mission du professeur : donner la caution arabe à la rébellion touarègue. Et depuis sa nomination, Ould Sidi Mohamed est à pied d’œuvre dans l’exécution de cette mission à lui confiée. Depuis l’annonce du retour des ex soldats libyens d’origine malienne, il est envoyé les contacter à la frontière libyo-algérienne. Pendant une semaine durant, il est resté avec les revenants. Durant cette période, Ahmed Ould Sidi Mohamed a été aperçu dans la région de Tombouctou, plus précisément à Al Khalil, près de Tessalit, selon les mêmes sources.

En impliquant Hama Ag Mohamoud et Ould Sidi Mohamed, le président-général Abdel Aziz savait que les deux Maliens sont des promotionnaires du lycée de Diré (région de Tombouctou) et qu’ils se connaissent bien par conséquent. Un rapprochement et une complicité entre ces deux hommes pourrait s’’avérer efficace, selon les calculs du chef de l’Etat mauritanien. C’est pourquoi, il a vite accordé l’asile politique à Ahmed Ould Sidi Mohamed et lui couvre de tous les conforts, avec son porte parole.

Un autre malien utilisé par le pouvoir de Ould Abdel Aziz pour combattre ses compatriotes, c’est un certain Magdy, un Touareg basé à Bassiknou et  très proche du général Hadi. Le nom de ce grand activiste été cité dans l’attaque de Nampala. Avec la complicité de son mentor, le général Hadi, Magdy avait fourni les rebelles en carburant et munitions. Il ne serait pas étonnant qu’il fasse de même dans la crise actuelle. Car, d’octobre 2011 à nos jours, Magdy aurait reçu invariablement, en territoire mauritanien, des émissaires du Mnla. Qu’est-ce qu’ils mijotent ensemble ? Sans doute des coups fourrés.

Quatrième et dernier acte du président Abel Aziz: il force l’adhésion de Iyad Ag Ghali à leur (lui et ses généraux) projet de création de l’Etat de l’Azaouad. Il fait promettre au chef rebelle malien par Hama Ag Mohamed, l’instauration de la charia. Iyad adhère au projet et s’engage dans la guerre, avec ses hommes.

Donc, toutes ces manœuvres de déstabilisation du Mali du président Mohamed Ould Abdel Aziz mise en route, particulièrement, par les généraux Hadi et Meguette (il est le directeur du renseignement extérieur) visent, ni plus, ni moins, à parvenir à la création d’un Etat touareg, qui ferait plus efficacement face à Aqmi. La Mauritanie pourrait alors respirer. Un faux calcul ?

Une certitude : le Mali fait désormais face à une déstabilisation ourdie par le dirigeant mauritanien. Mais, au-delà de ses calculs sordides, Mohamed Ould Abdel Aziz serait également l’objet d’une manipulation de ses « maîtres » qui auraient tenu des promesses au contingent de soldats libyens (Touaregs) pour les pousser à lâcher Kadhafi peu avant la chute de Tripoli. Parmi ces promesses, il y a un éventuel soutien à la création d’un Etat au nord.

Sékou Tamboura

L’Aube 31/01/2012