De belles empoignades en perspective dans l’affaire des personnes mises sous mandat de dépôt pour projet de déstabilisation de la Transition. Si Dr. Boubou Cissé, l’ancien Premier ministre, ne peut désormais s’exprimer que dans une cachette, ses avocats prendront, ce vendredi, la parole en son nom pour tenter de démonter ce qu’ils présentent comme un montage politique.
Me Marcel Ceccaldi, célèbre avocat français qui s’est fait connaître aux Maliens en 2017 dans l’affaire de la tentative de révision constitutionnelle, est arrivé, hier jeudi, pour la cause. Il rejoint à Bamako d’autres confrères, dont Me Kassoum Tapo, ancien Bâtonnier, pour battre en brèche les arguments avancés par le procureur Mamoudou Kassogué contre ceux-là appelés depuis peu la bande à Boubou Cissé. Une conférence de presse animée par eux est prévue ce matin même à la Maison de la presse à 10 heures.
Le lieu n’est pas fortuit. Il s’agit de réunir le maximum de journalistes, eux-mêmes mis en cause dans le communiqué du procureur, voire menacés dans l’exercice de leur profession, pour démolir toute l’argumentation juridique du magistrat malien, afin que les messages en faveur de Boubou Cissé soient le mieux portés à l’opinion publique nationale. Un combat de titans, un corps à corps juridique sur un fond politique très agité. L’année 2021 ne pouvait mieux commencer pour les Maliens qui auront certainement l’occasion d’entendre des arguments et contre arguments dans une affaire qui tient le pays en haleine depuis les arrestations opérées sur dénonciation de la Sécurité d’État.
On sent déjà que la conférence de presse des avocats de l’ancien chef du gouvernement risquent de tourner au pugilat politique, en ayant l’oeil fixé sur le pouvoir de la Transition. La République, entend-on dire, est en danger; toutes les forces vives doivent se mobiliser pour couper les voies à la dictature rampante. Message fort opportun au moment où l’AMDH, la CNDH et des voix libres s’expriment quasi simultanément contre les méthodes d’action de la SE et ne manquent d’ailleurs pas de mettre en garde contre bien de dérives. En plus, les partisans de Ras Bath seraient attendus dans la Maison de la presse, après une vibrante marche qu’ils organisent le même jour pour réclamer la libération de leur Guide.
Signalons que d’autres avocats, comme Me Cheick Oumar Konaré et Me Badian Agge, Me Bobo Diallo, Me Lalla Gakou et Me Bassalifou Sylla, entre autres, tous défenseurs des mis en cause, seront de la partie. L’effet boomerang pourrait bien être l’ouverture d’un nouveau front politique.
Fabrice Abdoul