Les faits : il y a de cela quelques semaines, le président mauritanien recevait à Nouakchott, un haut responsable du Nord-Mali. Celui-ci, ancien ministre dela République, est aujourd’hui un des commanditaires du Mouvement national pour la libération de l’Azawad (Mnla).
Selon des informations, cet homme aurait été hébergé et entièrement pris en charge par le président Mohamed Ould Abdel Aziz. Le responsable de la rébellion serait toujours sous la bienveillante attention de son protecteur de Nouakchott.
A sa suite, c’est une dame, Nina Walet, conseillère nationale de Kidal, qui quitte Bamako pourla France, où elle parle actuellement au nom du Mnla. Avantla France, la dame est accueillie à Nouakchott. Là également, il ne s’agissait guère d’une simple visite touristique. Loin de là. Nina est accueillie et mise aux soins par les services mauritaniens.
Au-delà de ces deux personnes, Nouakchott est devenue depuis quelques semaines un lieu de rencontres (sécrètes) pour de nombreux responsables civiles et militaires de la nouvelle rébellion. De là à penser que la révolte en cours a été planifiée à partir de ce pays, il n’y a qu’un pas que certains observateurs n’hésitent plus à franchir.
En effet, d’autres faits graves viennent s’ajouter à ces voyages que certains peuvent assimiler à de simples déplacements. Des faits qui confirment l’implication directe des services mauritaniens dans les évènements en cours. En effet, ces services apportent aujourd’hui leur appui (financier et matériel) à certains groupes rebelles qui s’agitent au nord.
C’est ainsi que des milliers de drapeaux de la soi disant République de l’Azawad ont été confectionnés en Mauritanie, puis envoyés dans certaines localités du nord. Le président Abdel Aziz et ses services ont apporté un coup de main précieux à cette action qui n’était qu’un premier pas dans une vaste entreprise visant à déstabiliser le Mali.
Aveux des prisonniers
Autre fait, indicateur du jeu de Abdel Aziz : ce sont les liens qu’il aurait rétablis avec le groupe de soldats libyens dirigés par un certain colonel Mohamed Nazim. Ce groupe, auteur de récentes attaques contre Tessalit, a pris position vers la frontière mauritanienne. De là, il reçoit des appuis des services mauritaniens. Et certains rebelles capturés seraient déjà passé aux aveux et auraient faits des révélations.
Mais, dans cette entreprise de déstabilisation, le dirigeant mauritanien n’est qu’une marionnette à la solde d’un pays occidental. Ce rôle, Abdel Aziz l’a joué et continue de le jouer dans d’autres domaines au niveau du Sahel. L’on a encore en mémoire, la saute d’humeur du dirigeant mauritanien, lorsque le Mali a libéré des prisonniers d’Aqmi en échange à la libération de l’otage français Pierre Camatte.
Le chef de l’Etat mauritanien avait rappelé, à l’époque, son ambassadeur accrédité au Mali.
Ensuite, il est l’un de ceux qui accusent le Mali pour son « manque d’engagement » dans la lutte contre Aqmi.
Et aujourd’hui, Abdel Aziz, tout comme ses maîtres, croient pouvoir tirer profit d’une tension au nord-Mali dont la finalité serait la partition du pays. Et elle (cette tension) intervient dans un contexte où le voisin mauritanien semble réceptif des faux discours distillés par certains dirigeants du Mnla sur leur combat à la fois contre l’Etat malien et Aqmi.
Cette campagne d’intoxication semble passer au niveau du dirigeant mauritanien et ses maîtres. Dès lors, pourquoi ne pas faire le jeu des rebelles et leur procurer des moyens contre le Mali ?
C.H. Sylla
L’Aube 24/01/2012