Après la demande de renfort, lancée par le général ougandais, Fred Mugisha, commandant de la force de l’Union africaine en Somalie (Amisom), le président somalien Cheikh Charif Ahmed est arrivé à Bujumbura ce 15 août pour demander un effort supplémentaire de la part du Burundi, un pays qui contribue déjà pour près de la moitié des 9 000 soldats engagés jusqu’ici au sein de l’Amisom.
La réponse de Bujumbura n’a pas tardé : « Nous lui avons promis des troupes supplémentaires », a lancé le président burundais Pierre Nkurunziza après un entretien avec son homologue somalien. En réalité, un bataillon de quelque 800 hommes entraînés par des instructeurs américains est prêt à être déployé à tout moment, selon un haut responsable de l’armée burundaise. Reste seulement à trouver de quoi l’équiper.
L’envoi de ces troupes supplémentaires ne pourrait-il pas causer de malaise au sein d’une armée burundaise qui a déjà subi de nombreuses pertes en Somalie ? « Loin de là », selon des sources militaires qui assurent que « l’attrait de la solde, plutôt confortable, a suscité jusqu’ici beaucoup de vocations au sein de la troupe où l’on ne compte plus le nombre de volontaires pour cette mission ».
L’Amisom a subi plusieurs attaques violentes des shebabs depuis le début de l’année 2011. Lors d’affrontements fin février-début mars, la mission a perdu 53 soldats, dont 43 Burundais. Depuis le début de sa mission, les pertes de l’Amisom se monteraient à plus de 150 hommes. Lors des opérations de l’Onu en Somalie (UNOSOM I et II) au début des années 90, 157 casques bleus avaient été tués.
Le déploiement de la force de maintien de la paix de l’Union africaine en Somalie (Amisom) fait suite à la guerre entre le gouvernement de transition somalien, aidé par l’Éthiopie, et les forces des tribunaux islamiques en décembre 2006.
Le mandat de l’Amisom, créée le 19 janvier 2007, est d’appuyer le dialogue, assurer la protection des institutions de transition somaliennes et leurs infrastructures. Les premières troupes ougandaises sont arrivées sur le terrain en mars. La présence de l’Amisom était originellement prévue pour six mois avant le déploiement d’une force de l’ONU, qui jusque là considèrait que les conditions politiques et sécuritaires à l’envoi d’une mission ne sont pas réunies.
Le général ougandais Fredrick Mugisha a pris le commandement de l’Amisom le 15 juin 2007.
SOMALIE, SOUDAN : « Venir en aide aux frères et sœurs »
Le Haut représentant de l’Union africaine pour la Somalie, l’ancien chef d’État ghanéen, Jerry Rawlings, a estimé ce 12 août que l’Afrique devait se mobiliser réellement face en Somalie afin de ne pas répéter la même erreur qu’avec le Darfour. Selon lui, « tout en demandant un engagement international, il faut indiquer que les responsables africains mobilisent leurs ressources afin de venir en aide à leurs frères et sœurs ».
Le Haut responsable estime que la réaction des dirigeants africains face au Darfour a été « embarrassante » et leur avait enlevé leur mandat moral.
RFI 16/08/2011