Aujourd’hui à Bamako, la vidéo de cette scène macabre se trouve dans certains téléphones portables. Du moins, des extraits de la violence et de la vengeance d’un homme qui se croyait dans la jungle, Amadou Haya Sanogo.
Le juge Yaya Karembé et son équipe ont réussi des exploits dans la recherche de la vérité dans l’affaire dite des bérets rouges. Après, les tests ADN effectués par les Américains révèlent que les corps retrouvés par les enquêteurs sont ceux de militaires (bérets rouges) portés disparus à la suite de la mutinerie du 30 septembre 2013 à Kati. Le cas le plus frappant est celui du colonel Youssouf Traoré, dont le corps a été retrouvé à Kati-Malibougou. Sa dépouille se trouvait dans le puits d’une villa acquise par un des putschistes du 22 mars 2012.
En effet, après les charniers de Diago, Kati-Dral, Kambila, entre autres, les indices découverts sur place laissaient croire qu’il s’agit de celui du colonel Youssouf Traoré porté disparu à la suite de la mutinerie du 30 septembre, qui a été suivie de plusieurs cas de sanglantes représailles. Son corps a été retrouvé dans un puits qui était littéralement bouché à l’aide de plusieurs tonnes de pierres par les auteurs du crime dans le but de dissimuler ses restes. Ce puits se trouvait dans la villa du caporal Seyba Lamine Sangaré, chauffeur du général Amadou Haya Sanogo.
Ce caporal savait très bien ce qui se trouvait dans son puits, parce que c’est lui qui a filmé, selon nos sources, toutes les images de l’arrestation du colonel Youssouf Traoré, jusqu’à ses derniers souffles. C’est lui qui se serait porté volontaire, d’après nos sources, pour cacher le corps dépecé du colonel Traoré. C’est après ce sale boulot, pour ne pas dire l’acte ignoble de son chef, que le caporal Seyba Lamine Sangaré a planifié avec d’autres hommes comment cacher les différentes parties du colonel Youssouf Traoré.
Le jour le plus triste pour la famille du colonel
Lundi 30 septembre 2013, à Kati, tout allait normalement. Soudain, un coup de feu retentit : les gens commencent à se chercher. C’est le début de la mutinerie. Dans l’après-midi, des hommes de main du capitaine bombardé général, Amadou Haya Sanogo, lui font savoir que ce sont le colonel Youssouf Traoré et le capitaine Amadou Konaré qui sont les cerveaux de cette révolte contre lui. Deux équipes sont alors été formées pour ramener les deux officiers Traoré et Konaré.
Selon nos sources, ce sont des éléments de Kati qui sont partis chercher le colonel Youssouf Traoré chez lui à domicile. Celui-ci les a suivis, ne sachant pas ce qui l’attendait. Une fois que le véhicule a franchi le seuil de la maison du capitaine-général Sanogo, ses hommes se sont mis à crier. Au lieu d’être conduit chez lui directement, ils l’ont jeté dans une maison à céréales, peut-être un grenier, avant l’arrivée d’autres hommes.
«Je le cherche depuis qu’il a quitté la maison, la nuit du 30 septembre, je n’ai plus de nouvelles de mon mari. Je sais qu’à ce moment-là, ce sont des éléments de Kati qui sont venus le chercher», avait déclaré Traoré Saaba Sissoko, son épouse, sur les antennes de Rfi. Après la mutinerie de Kati, au moins quatre militaires maliens ont été retrouvés morts, certains par balles.
Selon nos sources, le colonel aurait demandé de le laisser passer un coup de fil à sa femme. Mais, peine perdue. Il sera proprement tabassé par des hommes armés jusqu’aux dents, avant d’être présenté à Sanogo. Sur les images que nous avons pu visionner, Sanogo est assis dans un fauteuil, les yeux rouges comme un tigre affamé et entouré d’hommes armés jusqu’aux dents. Il qualifie alors le colonel d’apatride, d’égoïste, d’homme qui n’est pas reconnaissant. Pour lui, le colonel a été radié de l’armée par ATT et c’est lui, Sanogo, qui l’a fait revenir. Il l’accuse d’avoir payé 50 millions de Fcfa aux soldats pour le tuer.
Dans la foulée, un soldat qui est présenté, passe aux aveux. Le reste des images est insoutenable, parce que le colonel demande la parole en vain. Il est pris par des hommes et jeté contre le mur. Après, ce sont des couteaux qui sortent, et on le conduit aux pieds de Sanogo, comme ce fut le cas de Samuel Doe devant Prince Johnson. Le sang, les cris des militaires mélangés à la voix du général Sanogo. Le reste est inexplicable, très noir. Le général se retire. Christophe et un adjudant gèrent le reste. C’est en ce moment qu’ils sont informés que le capitaine Konaré est introuvable. Une équipe se lance à sa recherche, toute la nuit, sans succès.
Le sale boulot du caporal Seyba Lamine Sangaré
Selon nos sources, c’est le caporal Seyba Lamine Sangaré qui a filmé toute la scène. Et avec d’autres militaires, ils devraient cacher le corps du colonel, sans que personne ne soit au courant. L’un des éléments de cette mission a aussi été tué, parce qu’il a expliqué ce qui s’est passé dans un grin à Kati. C’est à l’aube du mercredi, à 5 heures, qu’une partie du corps dépecé du Colonel a été envoyée à Kati-Dral.
Selon nos sources, il a été demandé de trouver un lieu sûr pour cacher les morceaux de corps. C’est ainsi que Seyba Lamine proposa sa villa pour cacher les restes du colonel, dans une sorte de structure macabre. En fait, ses restes ressemblaient plutôt à des os, donc sans chair, enveloppés dans une bâche. Ce sont ces ossements que les hommes de Karembé ont trouvés. Après avoir mis le corps du colonel Youssouf Traoré dans le puits, il ne s’est pas limité à cela : il a mis des graviers dessus pour effacer toutes les traces. Avant de faire le point à son chef que la mission a été bien accomplie.
Auparavant, il faisait croire aux gens que la villa qu’il habitait, était sa propriété privée, alors que selon nos sources, il ne l’a même achetée, mais le propriétaire ne pouvait rien contre lui. Et c’est dans sa maison qu’il ne quittait jamais, et où il a caché le corps du colonel Youssouf Traoré, qu’il a été interpellé par le juge Yaya Karembé.
Békaye DEMBELE
Le Reporter Mag 2014-08-02 17:17:08