Les défis de l’industrialisation du Mali sont énormes et variés. Le secteur souffre entre autres du déficit d’infrastructures de base telles que la vétusté des installations, le manque des routes et d’énergie, l’insuffisance des ressources humaines qualifiées, le manque de financement, la contrebande, la concurrence déloyale, la fraude et le poids fiscal. Ainsi, pour sortir le secteur de la léthargie, l’OPI, sous la houlette de son président M. Cyril Achcar, a depuis juin 2013 proposé un document intitulé «livre blanc de l’Industrie». Le constat est clairement établi que notre pays dispose d’atouts naturels suffisants pour se doter d’une industrie diversifiée et performante.
Le Mali importe encore en grande quantité des biens de consommation qui pourraient être produits localement. Et la réalité est aussi là que dans plusieurs cas, la production, la transformation et la valorisation ne peuvent être faites, faute d’infrastructures industrielles adaptées. Ce document devenu désormais une référence pour le secteur propose à la fois des solutions conjoncturelles et structurelles.
Pour rappel, M. Cyril Achcar, président de l’Organisation patronale des Industriels du Mali, a lors de la dernière célébration de la journée de l’industrialisation de l’Afrique, demandé aux hautes autorités du pays la consécration d’un département autonome en charge de l’Industrie. Et, avec la nomination de M. Mohamed Aly Ag Ibrahim au poste de ministre du Développement Industriel, nous pouvons dire que cette doléance de l’OPI est satisfaite. Dans ce secteur qui reste jusque-là le parent pauvre de l’Administration, le nouveau ministre a du pain sur la planche. Comme pour dire que les défis qui l’attendent sont énormes. Ces défis sont, entre autres, la vétusté des installations industrielles, le manque d’infrastructures comme les routes et l’énergie, l’insuffisance des ressources humaines qualifiées, le manque de financement, la contrebande, la concurrence déloyale, la fraude et le poids fiscal.
Pour résoudre le gap industriel malien devant ses voisins comme la Côte-d’Ivoire ou le Sénégal, le bureau de l’OPI dirigé M. Cyril Achcar avait depuis juin 2013 proposé le livre blanc de l’Industrie. Il a toujours rappelé que «le simple fait de faire travailler les usines du Mali permettra d’atteindre l’objectif de 30 000 emplois supplémentaires en 5 ans si les industries travaillent en deux équipes. Et si elles fonctionnent en 3 équipes, il y aura le double soit 60 000 emplois supplémentaires ».
Toute chose qui traduit la volonté des responsables de l’OPI de mettre le secteur industriel malien à la hauteur des enjeux sous régionaux, notamment approcher la taille du secteur industriel ivoirien, sénégalais, ghanéen. Il s’agit de porter la part de l’industrie dans le PIB à environ 10 à 20%. Comme quoi notre pays n’a pas d’autre choix que de promouvoir l’industrialisation qui est en recul avec seulement quelques 500 unités de transformation industrielle dont seulement une centaine dans le secteur formel, comparativement à la Côte d’Ivoire et au Sénégal qui comptent respectivement plus de 6000 et 3000 unités de transformation.
Les solutions de relance de l’industrie malienne
Face à ce constat, l’OPI avec son vaste programme de relance de l’industrie préconise des solutions à la fois conjoncturelles et structurelles. Comme solutions conjoncturelles, regroupées en 11 points, l’OPI recommande, entre autres, la réduction du taux de TVA à 5% sur les produits manufacturés et non importés, la suppression de la taxe sur les activités financières, la relecture du décret 299 P-RM du 03 juin 2002 portant sur la répartition des produits des amendes (confiscation, pénalité, les frais de poursuites et de primes sur les recettes budgétaires). Elle recommande également la redynamisation des structures techniques chargées de la fraude et de la concurrence déloyale et l’application rigoureuse des valeurs de référence aux produits non originaires.
L’OPI prône aussi son implication dans le processus d’attribution de parcelles à usage industriel, la création d’une fédération des industries de l’hinterland avec le Burkina-Faso et le Niger pour faire valoir l’industrialisation des pays enclavés. Il faut aussi la création d’un Observatoire malien de l’Industrie en 4P, c’est-à-dire Partenariat-Public-Privé et PTF. A ceux-ci, il faut ajouter l’application du Tarif extérieur commun aux produits frauduleusement originaires de l’UEMOA et de la CEDEAO, dont l’agrément TPC est contestable. Le gouvernement doit davantage orienter la commande publique qui est de plus de 300 milliards de FCFA vers les industries nationales.
Au plan des solutions structurelles, synthétisées en 10 points, l’OPI milite entre autres pour l’accélération de la mise en place d’un fonds de garantie et celui d’investissement national et la création d’un tarif de l’électricité pour les entreprises industrielles. Le gouvernement est aussi appelé à la limitation de l’entreposage privé, l’abaissement des impôts sur les sociétés à 25% au lieu de 30%.
A retenir enfin que pour le livre Blanc de l’OPI, les filières porteuses du développement sont entre autres, le bétail viande, le lait, les cuirs et peaux, le mil-sorgho, le maïs-blé, le riz, l’échalote, la mangue, la tomate, le haricot vert, le pois sucré, la pomme de terre, l’hibiscus, le karité, le sésame, le soja, le coton, le poisson, la gomme arabique, l’avicole, l’arachide, le thé et les matériaux de construction.
Alors, pour un Mali industrialisé, vivement la mise en œuvre effective du livre blanc de l’OPI et aussi de la Politique nationale de développement industriel adoptée en 2010 et qui s’est dotée en juin 2015 d’un nouveau plan d’action 2015-2017. Ce plan est basé sur la restructuration et le renforcement de l’efficacité des services d’appui à l’industrie avec la création, en plus de la direction nationale de l’Industrie, de l’Agence malienne de normalisation et de promotion de la qualité (AMANORM), du Bureau de restructuration et de mise à niveau des entreprises industrielles (BRMN), du Centre malien de promotion de la propriété industrielle (CEMAPI) et du Centre pour le développement de l’agroalimentaire (CDA).
Dieudonné Tembely
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