Depuis la signature de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali (APR), les leaders des mouvements de Kidal ont toujours reproché au pouvoir en place de ne rien faire pour l’appliquer. C’est la même litanie chaque fois qu’ils veulent mettre la pression sur le régime afin d’obtenir des avantages particuliers. Déjà, accepter de signer cet accord dans sa forme actuelle est un immense sacrifice consenti par la République dans l’espoir que cela lui apportera définitivement la paix dans le septentrion.
Et le Mali n’a cessé de consentir des sacrifices pour la mise en œuvre de l’APR. La preuve est que, le 18 octobre 2022, le conseil des ministres a confié un mandat de six mois à la commission ad hoc afin de résoudre les questions en souffrance liées à la chaîne de commandement des forces de défense et de sécurité nationales et à l’intégration des hauts fonctionnaires civils des différents mouvements dans les institutions publiques, notamment les Forces de défense et de sécurité nationales. La CMA et la Plateforme des mouvements du 14 juin 2014 d’Alger y ont six représentants chacune, tandis que la Coordination des mouvements de l’inclusivité (CMI) a trois délégués.
Le 21 novembre dernier, le Colonel-major Ismaël Wagué (Ministre de la Réconciliation) s’est rendu à Kidal pour des consultations avec les parties prenantes de la CMA. Il a d’ailleurs profité de l’occasion, pour inaugurer la station régionale de l’Office de radiodiffusion télévision nationale du Mali (ORTM). Les terroristes de Kidal (déguisés en rebelles) ne cessent de reprocher à l’Etat de ne rien faire pour une mise en œuvre intégrale de l’APR.
Le gouvernement a pourtant récemment concédé l’intégration (en deux phases) au sein des structures de l’État malien, y compris les Forces de défense et de sécurité (FDS), de 26 000 ex-combattants ; la mise en place d’une Commission ad hoc pour formuler des propositions concrètes et réalistes sur la gestion au cas par cas de la situation des cadres des Mouvements signataires, y compris en relation avec la question relative à la chaîne de commandement. Et il est question de leur accorder un quota de 15 % à l’Ecole nationale d’administration (ENA), une intégration directe.
Les autorités du pays ne veulent pas de cet accord, mais elles ont aussi cautionné 16 projets de développement déjà validés et dont la Convention de financement a été signée entre le ministère de l’Économie et des Finances et les représentants des collectivités territoriales en novembre 2021. Le gouvernement est opposé à la mise en œuvre de l’APR, mais le ministre de la Réconciliation a reçu, le 18 août dernier, les représentants de la CMA, de la Plateforme et des Mouvements de l’Inclusivité avec la Commission de rédaction de la nouvelle Constitution. Leurs représentants figuraient d’ailleurs sur la liste de la commission de finalisation du projet de constitution que la CMA a finalement décidé de bouder.
La liste des concessions faites aux ex-combattants ces derniers temps n’est pas exhaustive. Mais, leurs leaders sont insatiables et profitent de chaque événement important pour procéder à l’intimidation, au chantage afin de mettre tous les atouts de leurs côtés. Cela avait déjà commencé avec la signature de l’APR. A la dernière minute, les leaders de la CMA avaient sorti des griefs fantaisistes. Ainsi, si l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali a été signé le 15 mai 2015 par le gouvernement, la Plateforme et la médiation internationale, il n’a été paraphé que plus d’un mois plus tard (20 juin 2015) par les ex-groupes armés de la CMA.
Il est temps de mettre fin à cette situation. On ne saurait souhaiter la guerre entre les fils d’un même pays. Mais, on ne doit pas non plus éternellement tolérer que ceux d’une région instrumentalisent des populations par les armes afin de mettre la pression sur la République pour satisfaire des ambitions personnelles !
Naby