Depuis plus d’une dizaine d’années, l’Etat du Mali fait face à un incivisme criard et profond du fait de certains élus municipaux, d’agents de l’Etat et de certains citoyens.
En effet, le domaine public de l’Etat est morcelé allègrement par des maires, des préfets et des sous-préfets, souvent même des gouverneurs, en violation des dispositions réglementaires.
Les bénéficiaires de ces parcelles sont des occupants illicites.
Le domaine aéroportuaire classé suivant le Décret n°99-252/P-RM du 15 septembre 1999 portant classement d’une parcelle de terrain à usage d’emprise aéroportuaire d’une superficie de 7194 hectares fait l’objet de lotissement et d’occupations illicites.
Ces occupations illicites ont atteint une telle ampleur que l’Aéroport est menacé de retrait de sa licence par les autorités de l’aviation civile internationale.
Le Président de la Transition a réagi, par une lettre confidentielle n°073/PRM du 12 octobre 2020 en instruisant de procéder à la démolition des occupations illicites.
Une consultation a été organisée par l’ANAC à la suite de laquelle l’entreprise Africa Construction Corporation a été sélectionnée (ACC), pour la démolition effective des constructions illicites dans le secteur dite zone prioritaire pour un montant total de 320.888.628 FCFA.
Cette opération a commencé hier par la zone très proche de la piste de l’Aéroport, qui a une superficie de 1660 hectares.
Selon le ministre des Affaires foncières, de l’Urbanisme et de l’Habitat, Dionkè Diarra, « c’est une opération de salut public parce que toute la zone aéroportuaire est agressée. Ce qui représente un danger pour la circulation aérienne.
Si on ne fait rien l’aéroport de Bamako risque de perdre sa licence à cause des occupations illicites.
Nous serons obligés en ce moment d’aller à Dakar ou à Conakry pour prendre l’avion.
Il ne nous faudra pas moins de 1000 milliards de FCFA pour construire un nouvel aéroport.
Pourquoi courir le risque de perdre cet aéroport pour des gens qui sont dans l’illégalité.
Depuis 1995, l’Etat a fait une démolition dans la zone aéroportuaire.
Les occupants d’alors ont été indemnisés.
Toutes les constructions édifiées en violation de la loi doivent être démolies ».
Le ministre Transports et des Infrastructures, Makan Fily Dabo, a affirmé que cette opération entre dans le cadre de l’application des textes de notre pays.
« Les textes ont faits pour être appliqués à nous tous.
Les opérations de démolition vont se poursuivre pour l’intérêt des Maliens et pour sauvegarder notre aéroport », ajoute-t-il.
Quant au ministre de la Sécurité et de la Protection civile, Colonel Modibo Koné, il dira que « Nous avons déployé le dispositif qu’il faut pour sécuriser cette opération de démolition.
Des instructions fermes ont été données aux différents corps concernés ».
Seydou Koné