Le clan URD proche du parrain du parti, Soumaïla Cissé, n’a pas désarmé et fera tout pour sortir Oumar Ibrahim Touré du gouvernement. Une obsession née vers la fin du premier mandat du président Amadou Toumani Touré. Soupçonné de vouloir saper les ambitions présidentielles de Soumaïla Cissé, Oumar Ibrahima Touré, 2ème vice-président de l’URD et ministre de la Santé aurait tenté d’accéder à la présidence du parti lors de son 2ème congrès ordinaire tenu les 26 et 27 avril 2008. Comme pour confirmer les accusations contre son ancien bras droit, Soumaïla Cissé, devant les congressistes le 26 avril 2008, tient un discours sur l’unité au sein de son parti en promettant de « combattre la discorde comme un mal commun qui viendrait déchirer la maison commune ».
Mais, ce discours trahissait la réalité et le motif de vite circonscrire le mal. Le bureau exécutif national du parti, lors de sa réunion du 27 septembre 2008, a suspendu le 2ème vice-président de toutes les activités pendant six mois pour ses actions fractionnelles dans les structures de base du parti. Cette sanction n’est pas allée à son terme des six mois initialement annoncés. La direction du parti accepta de se rendre à l’évidence de la violation flagrante des textes du parti, qui confèrent ce rôle plutôt aux structures du parti que sont le comité, la sous-section et la section. En la matière, on va du blâme à l’avertissement et de ce dernier à la suspension, qui incombe à la section. Donc, dans la logique c’est la section de Goundam qui était habilitée à prendre de telles mesures contre son militant.
On ne sait pas pourquoi au mépris de tous ces détails des textes, la direction du parti s’était permis de prendre des sanctions. Certainement parce que certains barons du parti étaient agacés par l’effet de réussite du ministre, avec son charisme politique qui avait commencé à submerger certains. Ainsi, on reprochait à Oumar Ibrahim Touré une certaine arrogance qui l’amenait à vouloir s’arroger certains privilèges réservés à ses supérieurs hiérarchiques. Ainsi, des sources indiquent que le ministre Touré n’a pas tenu sa langue à certaines rencontres avec des militants, auxquels il aurait fait savoir qu’il est le véritable président du parti, ou le premier vice-président. Les responsables concernés n’auraient pas apprécié cette façon de les sous-estimer, voire de les défier et attendaient donc la moindre occasion pour sévir. A quoi il faut ajouter les soucis de Soumaïla Cissé par rapport à 2012.
Celui-là, obsédé par le rêve d’accéder à la magistrature suprême de ce pays, accuse le ministre Oumar Ibrahim Touré de rouler pour ATT. Des raisons suffisantes pour que la hiérarchie d’Oumar I. Touré ne rate pas cette occasion de le punir, de le mettre dans ses petits souliers à la face du monde. On finit par stimuler une paix de bras des braves entre Oumar I Touré et Soumaïla Cissé, mais la guerre feutrée continuait de plus bel entre les deux hommes.
En octobre dernier, soupçonné de vouloir croiser le fer avec Soumaïla Cissé, le mentor et le » vrai propriétaire » de l’Urd, dans la course à l’investiture du parti pour la présidentielle de 2012, le deuxième vice-président du bureau exécutif national du parti de la poignée de main, Oumar Ibrahima Touré, s’est vu remettre une » feuille de route « , dont l’application paraissait quasi impossible. Cette » feuille de route » devait le contraindre à mettre ses ambitions sous le boisseau ou, au contraire, susciter la colère de l’intéressé et l’amener à circuler, dorénavant, sans permis de conduire, c’est-à-dire sans même sa carte de militant Urd. Toutes choses qui attestaient, s’il en était encore besoin, de la persistance de la tension au sein de ce parti. Et l’affaire de détournements découverts par l’inspection générale du Fonds mondial de lutte contre le sida, portant sur plusieurs milliards, selon des sources judiciaires, a apporté de l’eau au moulin des partisans de Soumaïla Cissé parmi l’opérateur économique Diaby Gassama, PDG de Bèe Sago, a organisé en novembre dernier une campagne médiatique autour en annonçant une plainte contre ledit département pour » magouilles et corruption » dans l’attribution des marchés de moustiquaires imprégnées d’insecticide.
L’homme d’affaire proche du président de la commission de l’UEMOA a fustigé la gestion des MII que les partenaires offrent à notre pays ; de même qu’il dénonce la vente, dans les marchés et souvent à des étrangers venus de pays voisins, des MII du département de la Santé. Il soutiendra même que « les milliards de F CFA que le Budget national et le Fonds PPTE mettent à la disposition du ministère de la Santé ne servent qu’à enrichir des cadres véreux qui se les partagent avec des opérateurs économiques dont le souci est loin d’être la lutte contre le paludisme ».
Avec la démission d’Oumar Ibrahim Touré, lui comme tous les autres ouailles de Soumaïla Cissé qui fêtent certainement la mort d’un adversaire politique, rient aujourd’hui sous cape, pensant désormais le boulevard grandement ouvert pour une accession au fauteuil présidentiel en 2012. Un sentiment d’autosatisfaction qui risque de coûter cher car les partisans du ministre de la Santé préviennent que le départ de leur champion du gouvernement ne sonne pas le glas de ses ambitions politiques que l’épilogue de sa mise en mort politique n’est pas encore obtenu. Donc, la guerre des clans est loin d’être fini au parti de la poignée de main.
Abdoul Karim Maïga
L’ Indicateur Renouveau 07/12/2010