DELAI DE LA TRANSITION : Vers une radicalisation des positions

Alors que la classe politique, à l’unanimité souhaite que le délai de 18 mois exigé pour la  fin de la transition, soit respecté, les autorités ne semblent guère se précipiter, donnant même l’impression d’avoir un plan B.

Cette probable option  des autorités risquerait de provoquer l’ire de la classe politique et même de la société civile.

En effet, après plus de cinq mois consommés dans le délai, le Gouvernement n’a pas posé jusque-là d’actes qui rassurent l’opinion nationale et internationale quant au respect du délai imparti pour la fin de la  transition.

Il y a  alors un  énorme risque  de radicalisation des positions  pouvant engendrer une crise politique gravissime.

Que faudrait-il faire pour minimiser  les menaces liées à un éventuel glissement ? Pourquoi ne formerait-on pas un gouvernement d’union nationale ?

Des voix commencent à s’élever de plus en plus pour exiger le respect du délai de 18 mois prévus pour mettre fin à la transition, par l’organisation d’élections inclusives, transparentes afin de doter le Mali d’institutions démocratiques.

Les partis sont les premiers à donner le ton. Ils l’ont fait clairement savoir  lors de leur rencontre avec le Premier ministre.

En effet,  qu’ils soient de l’ancienne majorité ou de l’Opposition d’alors, il y a une convergence de vue entre toutes les formations politiques  pour exiger la tenue des élections à date pour sortir le pays de l’ornière.

Les leaders politiques ont  demandé sans ambages et  solennellement aux autorités de la transition de respecter leurs engagements.

Pour l’ADEMA, le RPM, l’UDD, l’APR pour ne citer que ces quelques têtes de proue de l’ancienne Majorité, il ne serait pas acceptable d’aller au-delà des 18 mois, et les autorités de la transition ne doivent s’atteler qu’à l’essentiel.

Alors pour ne pas éparpiller les efforts, le gouvernement  de la transition pourrait s’attaquer à trois grandes priorités, à savoir ramener la paix et la sécurité sur toute l’étendue du territoire, ou à défaut pacifier le centre pour permettre aux candidats de pouvoir battre campagne partout.

La deuxième priorité serait la mise en place d’un organe unique de gestion des élections.

Cet organe doit être le plus consensuel, le plus inclusif et le plus compétent possible, doté des moyens adéquats tant humains que financiers afin de mener à bien la mission qui lui sera confiée.

La troisième priorité serait la création des conditions idoines pour des élections libres, inclusives, transparentes et crédibles.

Ces propositions ont été faites aux autorités, mais elles semblent tomber dans les oreilles des sourds.

Bah N’Daw, Assimi Goita, Moctar Ouane et Malick Diaw, les quatre têtes de proue de la transition ne veulent pas accélérer la cadence, comme s’ils ont un autre agenda.

Ils doivent comprendre qu’un agenda autre que celui que la communauté internationale et la classe politique ont convenu, serait suicidaire.

Donc, avant la radicalisation des positions, le gouvernement Moctar Ouane doit prendre le taureau par les cornes en s’attaquant aux trois priorités afin de sortir le Mali de l’impasse.

Pour rappel, les partis politiques ne sont les seuls à tirer la sonnette d’alarme, les organisations de la  société comme la COCEM, abordent dans le même sens que les formations politiques et pensent à juste titre que la paix et la stabilité passent par l’organisation d’élections transparentes afin de doter le pays d’institutions fortes et crédibles.

Les autorités de la transition ont désormais la solution à la bonne conduite de la transition, c’est celle proposée par les acteurs sociopolitiques.

Il leur reste d’avoir une petite dose de volonté politique en sachant bien que le seul palliatif pour empêcher toute contestation post-électorale et pour maintenir le calme en cas de dépassement du délai, reste un grand rassemblement de toutes les forces vives sans exclusive.

En somme, pour faire de la transition un véritable cadre de réformes pour la promotion de la démocratie et de la bonne gouvernance, il demeure impérieux  d’associer toutes les forces sociopolitiques. Si les autorités veulent sortir par la grande porte de l’histoire, elles doivent faire leur les vertus cardinales  du dialogue et de la concertation.

 

Youssouf Sissoko