A la mauvaise gestion des engrais, sont venus se greffer le déficit pluviométrique, l’apparition de sautériauts et l’absence de contrôle de l’Etat sur certaines zones de production, occupées par les djihadistes. Si le déficit pluviométrique et les sautériauts, constaté aujourd’hui dans certaines zones agricoles, dépendent de facteurs naturels, la mauvaise gestion des engrais, constatée en début de campagne avec l’octroi des cautions fictives aux fournisseurs, est quant à elle, imputable au ministère de l’Agriculture et à la gouvernance de façon générale. Ces phénomènes conjugués risquent de provoquer une baisse drastique de la productivité dans de nombreuses zones agricoles du pays, parmi lesquelles la zone cotonnière des secteurs de Yorosso et Boura, les zones de Bougouni, Sanso et une partie de Sikasso éventuellement. La quasi-totalité de la région de Mopti, tant la zone sèche que celle de la riziculture est concernée, ainsi que le sahel occidental avec les régions de Kayes et de Koulikoro.
En zone cotonnière, depuis le 1er septembre, des secteurs de Yorosso, Boura, les zones de Bougouni, Sanso, une partie de Kadiolo et le nord de Koutiala, connaissent un déficit pluviométrique préjudiciable au développement des plans de cotonniers, selon nos sources proches de ces zones de production. L’arrêt des pluies pendant une décade pour les plans de cotonniers en phase de capsulaison-floraison, peut causer des dégâts énormes à la production du coton. Sur le plan agronomique, cela va se traduire inévitablement par une mauvaise formation des capsules et la chute précoce (coulure) des fleurs, et par conséquent une baisse des rendements de production du coton, nous indiquent des spécialistes.
Mais, comme d’habitude, le régime d’IBK nous servira certainement des résultats de bonne récolte, pour une embellie économique de ce quinquennat. Des spécialistes trouveraient des éléments de cette embellie à travers le sacré président de l’APCAM, Bakary Togola, l’hirondelle de tous les printemps (après avoir tressé des colliers en or pour ATT, il tressera des lauriers en fleur pour IBK). Ainsi le département de Dr Nango Dembélé aura-t-il le courage d’éviter de faire croire au président IBK et au peuple malien, qu’il y aura une bonne production cette année. En tout cas, les prémices d’une campagne insidieuse s’annoncent déjà à travers la sortie des premières balles de coton de l’usine de Koutiala, sur fond de propagande, sans pour autant que l’on puisse annoncer la production totale de coton graine attendue au cours de cette année.
Région de Mopti, menace multiforme
Au niveau de la région de Mopti, tant sur le plan de la riziculture (riz de submersion et PPIV -petits périmètre irrigués villageois) que des cultures sèches (mil, sorgho), l’insécurité empêche les producteurs de se rendre au champ. Sur les PPIV les djihadistes ont brûlé cette semaine, 13 motopompes qui devraient servir à irriguer 190 hectares, au niveau desquels, le riz est en pleine épiaison. « Il s’agit des parcelles situées sur l’île de Konio, où les djihadistes ont élu domicile. Ajouté au déficit pluviométrique, il n’y aura pas de récolte sur ces parcelles, faute d’eau d’irrigation », indiquent nos sources proches de la zone. A côté de ce drame, dans les zones de cultures sèches (Mopti, Bankass, Koro) on constate depuis plus de dix jours, un arrêt précoce de la pluviométrie, indiquent nos sources. Les céréales (mil-sorgho) étant au stade épiaison, vont être véritablement affectées par le déficit pluviométrique conduisant à une baisse drastique des rendements de production.
Zones d’insécurité alimentaire chronique
Dans les régions de Kayes et Koulikoro, les pluies se sont installées très tardivement et les producteurs ont continué avec les semis de céréales à semer les (mil-sorgho, maïs et autres cultures) jusqu’en fin août. Cette zone connait aujourd’hui un arrêt précoce de la pluviométrie, à peine que ces cultures ont entamé leur croissance et leur développement. A ce déficit pluviométrique et retard de semis, s’ajoute une apparition des sautériauts et d’autres ravageurs des cultures. Heureusement, que le service de l’office de protection des végétaux, semble-t-il, a fait acheminer 2000 litres de produit de traitement pour faire face, timidement, à cette invasion. « Ce qui est sûr, ces zones doivent être déclarées zones d’insécurité alimentaire chronique, car il est certain que les récoltes seront insuffisantes voire nulles », s’inquiète un ressortissant de la région.
Si l’an dernier notre pays a fait une production record en coton graine et en céréales, un résultat de campagne reconnu et salué par des institutions internationales agricoles comme le CILSS et la FAO, la présente campagne (2017-2018) par contre recouvre des indices d’une campagne de tous les risques, loin d’être une année de bonne récolte.
Le ministère de l’Agriculture doit veiller à donner la bonne information au président de la République et aux Maliens, pour que soient vite envisagées des solutions alternatives. Il ne servira à rien de se voiler la face, de faire l’autruche et l’auto satisfécit, cherchant à se faire plaire au président. On sait que l’actuel locataire du département de l’Agriculture n’est ni un agronome ni un phytopathologue, mais un illustre néophyte, un politicien livré à se contenter des informations fournies par des cadres de terrain, lui-même n’en étant pas un. Les Maliens et particulièrement les acteurs du secteur agricole doivent être vigilants et veiller à ce que la bonne information sur l’évolution de la campagne agricole céréalière et cotonnière, soit livrée au public, afin d’éviter la manipulation et le saupoudrage. A suivre …
B. Daou