Dans la situation présente du pays, nous sommes convaincus que l’expression démocratique, source de légitimité et de stabilité, constitue le socle de la paix à venir et du redressement de notre pays.
Et c’est pour cela que nous indiquions en août 2018 que rendre les prochaines élections, notamment législatives libres, transparentes et équitables, est non seulement une nécessité mais un impératif pour tous ceux qui veulent effectivement un avenir de paix et de stabilité pour le Mali. Et que, les grandes réformes que le suffrage du peuple invitait dès 2013, à conduire avec diligence et légitimité ne l’ont pas été et notre système démocratique en paie le prix aujourd’hui !
Dans cette optique, par une Déclaration en date du 15 octobre 2018, le parti FARE recommandait d’éviter certains pièges dont celui de tenir les élections législatives dans un contexte d’insécurité persistante, de crispation politique, d’exacerbation du front social, de paupérisation générale des populations et de défiance des maliens à l’égard des institutions étatiques, comme les reporter unilatéralement en dehors de tout processus consensuel de sortie de crise durable, serait une fuite en avant désastreuse pour notre pays.
Les FARE invitaient le gouvernement et les forces politiques et sociales à avoir la lucidité de poser les jalons d’une véritable sortie de crise structurelle de notre pays. Ils devraient, en Conférence des forces politiques et sociales :
– convenir de la tenue d’un Dialogue National Refondateur, devant arrêter les orientations majeures dont les Maliens conviendront quant à l’avenir du pays, l’infrastructure institutionnelle de notre Etat, nos réponses aux exigences de l’intérêt général et aux frustrations dont souffrent les populations au quotidien.
– décider du report des élections législatives pour une durée en cohérence avec la conduite des réformes institutionnelles et structurelles dont le pays a besoin.
En dépit de nos mises en garde et de celles de bien d’autres acteurs, le Gouvernement et l’Assemblée nationale avaient unilatéralement prorogé le mandat des députés de six mois, donc au 30 juin 2019 en se donnant des objectifs et tâches qu’ils n’ont pas tenus. Une telle violation de la constitution et sans gain pour l’intérêt général et la stabilité du pays, est une faute politique grave.
Et pourtant, le gouvernement suite à un conseil de ministre extraordinaire tenu le vendredi 07 juin 2019, a adopté un projet de loi organique portant prorogation une seconde fois du mandat des députés à l’Assemblée Nationale jusqu’au 02 mai 2020, afin semble-t-il de réunir les conditions optimales à la bonne organisation des élections.
Cette nouvelle prorogation est donc unilatérale et illégitime en dehors de tout processus consensuel de sortie de crise durable et c’est une autre fuite en avant désastreuse pour notre pays.
Parce que cet entre soi de l’exécutif et du législatif est mortifère pour notre démocratie.
Sans agenda stratégique politique du mandat présidentiel en cours, les errements viennent de nous faire perdre dix mois, au cours desquels notre pays a davantage sombré au plan social, sécuritaire, le pays s’est enfoncé à des niveaux insoupçonnés de violences et d’atrocités, Koulongo, Ogossagou pour ne citer que ceux-là et aujourd’hui Sobane Da… de conflits intercommunautaires, l’économie criminelle qui s’étend, la détresse des déplacés de plus en plus nombreux, les menaces d’insécurité alimentaire, l’extension au sahel occidental et dans la sous- région.
Et voilà que dans une telle situation dramatique du pays, sans avoir atteint les résultats escomptés de la prorogation, le Gouvernement veut y ajouter 10 autres mois ! Non, ce chèque en blanc, le peuple malien ne le donnera pas ! Il n’est pas question de dilapider le temps, ce temps qui joue contre le Mali et le Sahel, de dilapider les ressources et donc de compromettre notre avenir.
Le parti FARE rejette fermement une telle prorogation illégale et illégitime au moment où notre peuple veut refonder sa démocratie, se doter d’institutions appropriées et solides.
Soyons clair, Il n’y a pas de Dialogue national en soi, ni de prorogation de mandat des députés en soi… ils doivent relever d’une démarche articulée en processus ouvrant une vraie perspective de redressement du Mali singulièrement au plan sécuritaire.
Sortons des tranchées pour faire prévaloir l’intérêt général, pour faire émerger et conduire un projet commun pour le redressement du Mali à partir d’une Conférence des Forces Politiques et Sociales, porteuse d’un vrai accord politique, étape importante dans la construction d’un agenda malien de sortie de crise solide et durable.
La gouvernance, la bonne, c’est aussi avoir le courage de repartir du bon pied au lieu de s’enfoncer dans l’impasse.
Bamako le 10 juin 2019.